La chronique de Villepreux

Par Rugbyrama
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Pierre Villepereux revient cette semaine sur la victoire des Springboks dans le Tri Nations. Pour notre expert, l'Afrique du Sud s'est imposée grace à sa supériorité physique qui a pu se vérifier tout au long de la durée de la compétition.

Les exigences au plan physique que réclament le rugby de haut niveau sont de plus en plus grandes. L"intensité, la durée et la variabilité des efforts nécessaires pour être au top de la performance augmentent chaque année et les Tri Nations 2009 en sont la meilleure illustration.

L'Afrique du sud qui a gagné la compétition a su hausser son niveau de jeu aussi grâce à sa supériorité dans la dimension physique. Elle nous paraît la plus capable individuellement et collectivement d'imposer un défi physique tout au long de la durée d'une compétition et d'un match y compris dans les moments de haute pression imposée par l'adversaire comme ce fut le cas lors de leur dernier match gagné contre les Blacks. L'intensité des efforts quels qu'ils soient se jumèlent à vitesse pratiquement toujours maximale. Course - lutte - poussée - sauts etc... se multiplient et sont le reflet d'une activité en jeu de plus en plus grande qui demande toujours plus de puissance traduction d'une force et d'une vitesse optimales.

Dans le collectif sud africain cette supériorité physique s'exprime pour tous les postes et rejaillit dans toutes les phases et séquences de jeu tant en attaque qu'en défense. La capacité à rechercher le "bien jouer" semble ne pas être leur premier souci, puisque ce collectif retourne chaque fois dans des options tactiques qui replacent et recadrent le jeu dans les phases de combat dans lesquelles ils confinent leurs adversaires. Quand ils se détournent de cette option et sortent de leur modèle tactique en choisissant un jeu plus entreprenant où il ne s'agit pas seulement d'être plus fort mais bien de prendre des initiatives, de mieux lire le jeu de mieux décider, d'agir avec pertinence, ils sont en difficulté comme ce fut le cas contre les Australiens dans le match précèdent. Les wallabies leur imposèrent des mouvements collectifs et des contres qui les prirent de court.

Quand on rencontre les Sud-Africains et que l'on perd en ayant tout fait pour ne pas subir leur recette je pense que l'on doit percevoir l'intensité collective qu'ils déploient dans les affrontements de toutes sortes. Elle ne dément jamais quel que soit le poste occupé par le joueur et les taches momentanées et changeantes dans lesquelles il est impliqué. On doit ressentir comme une impossibilité de gagner qui est d'autant plus frustrante puisque le jeu plus ambitieux que l'on souhaite leur opposer n'arrive pas à ses fins. Manifestement, cette puissance physique qui est chez eux un facteur culturel n'aurait pas de sens sans un développement concomitant avec la coordination et l'agilité qui leur assurent la gestualité suffisante dans le domaine du jeu qui est le leur et où ils excellent (les essais qu'ils ont marqués dans les matchs précédents et les deux essais du dernier match et le comment ils ont été réalisés en témoignent).

Les résultats donnant raison, le rugby de demain risque de devenir de plus en plus celui des forts. Le développement physique du joueur risque de s'intensifier, mais malheureusement pas forcément en harmonie et même au détriment des autres dimensions du jeu particulièrement la composante tactique.

J'ai plus haut parlé de frustration face à un tel jeu. C'est bien celle que les Blacks ont dû ressentir quand, menés 29 à 12, ils ont réussi à revenir au score. Pas dominateurs, sans être pour autant réellement dominés jusqu'à la 50e minute, ils se lancèrent dans un rugby tout terrain de grande qualité qui aurait pu devenir gagnant. Malheureusement, ils échouèrent in extremis comme ce fut souvent le cas pour toute les équipes qui cette saison rencontrèrent les verts -y compris les Lions quand ils se sont enhardis à produire du jeu- ils n'ont pas pour autant troublé la confiance collective des springboks. Pour les All blacks, dans ce match, ce fut pourtant possible. Mais, une fois n'est pas coutume, ils furent un peu trahis par le plus doué d'entre eux, Carter qui mit son équipe dans l'embarras. Il autorisa à De Villiers une interception qui creusa la différence au score. La qualité de lecture du jeu que l'on accorde à l'ouvreur prodige aurait du logiquement lui éviter cet accident mais dans la foulée et, tout aussi déplacé, Dan se troua curieusement sur un deux contre un d'école décisif à un moment clé du match. Il lâcha une passe approximative qui se termina en touche. Troublant quand on connait sa qualité de passeur. La fin de match aurait été peut être différente et une victoire des plus entreprenantes après celle des Australiens aurait contribué à apporter au rugby plus d'optimiste face à un rugby gagnant mais contestable.

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