La chronique de Villepreux

Par Rugbyrama
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Notre chroniqueur Pierre Villepreux a profité de la défaite de l'Argentine face à l'Afrique du Sud pour évoquer le sort des Pumas.

La défaite des Pumas contre l"Afrique du sud en elle-même n"est pas surprenante. En revanche, l"ampleur du score interpelle (63-9). Beaucoup d'explications peuvent et ont été évoquées. J"espère que les raisons invoquées sont les bonnes mais elles ne sont pas suffisantes:

- nouvel entraîneur
- équipe physiquement pas préparée
- Equipe disparate en reconstruction composée de cadres de la dernière coupe du monde mais aussi avec de nouveaux joueurs qui ne sont pas à la hauteur des absents.

Etc...

L'argentine n'est pas la seule équipe à sacrifier ce type de match (voir la France et autres 6 nations) contre les équipes du sud et les résultats sont rarement en faveur du nord. En effet les joueurs choisis préféreraient certainement prendre des vacances plutôt que d'aller chercher une performance utopique compte tenu de l'état mental des troupes après une saison européenne post Coupe du Monde surchargée. On peut accepter alors que les Argentins se trouvaient pour ce match dans le même état d'esprit puisque la majorité de ces joueurs sont impliqués dans le championnat de France et sont de ce fait susceptibles d'en subir les mêmes conséquences au plan mental comme physique.

Les défaites de l'Argentine contre l'Italie et l'Ecosse à domicile et maintenant celle face aux Sud-Af sont à analyser autrement que dans le cadre de contre performances passagères.

Les Pumas, ces quatre dernières années, ont obtenu d'excellents résultats. La présence des internationaux dans un championnat de haut niveau comme le Top 14 ou le championnat britannique, a placé les joueurs dans les meilleures conditions pour se perfectionner, progresser, et devenir compétitifs devant les meilleurs. La qualité des compétitions et la pression que celles-ci engendrent sont incontournables pour viser l'excellence dans le cadre d'un objectif bien ciblé comme c'était le cas pour les Argentins avec la Coupe du monde 2007. Les joueurs argentins ont pu et su bénéficier de cette dynamique et ils n'ont pas volé leur médaille de bronze. Cette génération de joueurs d'exception qui, pour une majorité, ne participeront pas à la prochaine Coupe du monde en Nouvelle Zélande, doit maintenant être remplacée. Mais par qui ? Durant ces quatre années, le championnat domestique argentin n'a pas été qualitativement à la hauteur, du fait, de l'absence des meilleurs joueurs est très préjudiciable à la qualité de jeu. Il était donc difficile de créer les conditions indispensables susceptibles d'élever les exigeantes compétences que réclament le plus haut niveau.

Même si quelques anciens sont encore susceptibles de jouer la prochaine coupe du monde, je ne suis pas sûr qu'ils s'y présenteront et s'y impliqueront avec la même passion et avec l'ardeur manifestées à la fois dans les périodes de préparation et pendant la coupe du monde 2007. Joueurs comme entraîneurs ont enfanté une respiration qui s'est toujours faite par rapport à la recherche de résultats indispensables pour obtenir enfin la reconnaissance mondiale tant attendue. La communication affective des uns et des autres durant le mondial était en ce sens suffisamment significative.

Maintenant que c'est chose faite, le problème se complique puisque la reconstruction passe par un autre challenge et devra s'appuyer sur d'autres défis, d'autres projets.

Plusieurs options s'offrent aux Argentins. L'une de ces options consiste à utiliser et travailler avec les seuls joueurs qui sont en Argentine. L'autre consiste à accepter comme précédemment de continuer à gérer les joueurs évoluant en Europe en espérant qu'ils sauront le jour J développer les mêmes valeurs.

Quel que soit cette option, le rugby argentin va vivre pendant quatre ans des moments difficiles et les résultats risquent selon moi de décevoir et donc de ne pas confirmer le niveau acquis en amont.

Le choix d'une politique sportive à long terme doit être mise en place dans ce pays qui est connu pour son conservatisme. Le changement donc l'accès au professionnalisme doit se faire en Argentine en conservant autant que faire se peut les meilleurs jeunes joueurs dans les clubs argentins. Proposer une compétition haut de gamme, et, pour l'équipe nationale participer aux Tri Nations me parait incontournable pour être en accord avec le réel potentiel rugbystique de ce pays.

On pourrait tenir le même raisonnement pour la Roumanie et la Georgie qui sont, confrontées aux mêmes problèmes (meilleurs joueurs jouant en Europe). L'émergence efficace de la Russie, entrée radicalement dans le professionnalisme (compétition avec huit clubs pro est mise en place et &oeliguvre un projet pour l'équipe nationale visant d'intégrer la coupe du monde 2011) risque de rendre la qualification pour les pays européens beaucoup plus hypothétique. Pourtant sous peine de se fragiliser, ces pays ont besoin de celle-ci pour assurer la visibilité utile au développement du rugby dans leur pays.

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