La chronique de H. Broncan

Par Rugbyrama
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Retrouvez la chronique d'Henry Broncan, le manager du SUALG, depuis les terrains des Crabos aux réceptions parisiennes.

Samedi 20 septembre

Enfin les Espoirs en lever de rideau de l'équipe professionnelle ! Déception avec la maigreur de l'assistance sans doute à cause du souvenir du Bourrec plein jusqu'au fossé et jusqu'au champ de tir ! C'est pourtant le grand B.O que les enfants de Guillaume Bouic et de Pat Diniz accueillent, un B.O certes malingre au sein du pack moins bien nanti sur les arrières avec Willensé champion du monde 2007 avec les Bocks, Fabien Cibray l'ancien capitaine de l'Equipe de France, championne du monde 2006 avec les moins de 21 ans, les colosses trois-quarts Tramier et Palamo... Beaucoup de mouvement, un arbitrage en adéquation avec la volonté des participants, de l'envie, de la réussite pour Sofiane, une course chaloupée de Mathieu, de l'audace pour Brice, de la force chez Anton, de la solidité chez Michel, le bonheur de rester dans le collectif, des essais... La prochaine fois, les amateurs seront plus nombreux dans les tribunes !

Bien sûr que je l'ai reconnu immédiatement. Certaines anciennes gloires s'éloignent si longuement du Rugby que vous ne savez plus les reconnaître : plus de cheveux, trop de kilos, démarche lourde et dos cassé ; c'est difficile de ne pas faire de vilains vieux dans notre sport ! Lui, on ne peut pas le manquer car il accompagne régulièrement les jeunes de Biarritz, oh ! très discrètement, sans ostentation, sans dire : "c'est moi, le..."

Lui, il a pourtant été le premier capitaine français à gagner l'Arm's Park en 1958 et donc à faire taire les ch&oeligurs gallois. Il a gagné aussi à Twickenham, 50 sélections - capes n'étaient pas encore monnaie courante - et il était le capitaine de la fameuse tournée 1958 chez les Bocks où un genou récalcitrant le fit remplacer par Lucien Mias, Lucien Mias qui entra ainsi dans la légende chantée par Denis Lalanne : "Le grand Combat du XV de France".

Michel Celaya, je l'ai connu par TSF interposée d'abord grâce à l'instituteur de Miramont d'Astarac, ensuite grâce au professeur de Français du Lycée de Mirande. Nous étions alors scolarisés le samedi après-midi et par un accord presque officiel, grâce à des négociations ovalement menées, nous pouvions écouter les retransmissions des matches du Tournoi des 5 Nations. A cette époque où l'image était rare - seulement celles des actualités qui précédaient le film du samedi soir dans la salle du village - nous écoutions - Lys Van Lee pour le rugby, Georges Briquet pour le cyclisme - les exploits de nos coqs. Nos imaginations les idéalisaient.

Son grand combat, il l'a poursuivi dans son club bien aimé, pudique...Basque ! Un petit détour par Bordeaux et le SBUC, son Grand Nord à lui, mais comme beaucoup d'autres basques, un long voyage jusqu'en Australie... pour entraîner ! Le seul entraîneur français dans tout l'hémisphère Sud ?

Septembre 2008, 78 ans, une épaisse toison blanche - elle était si brune - les yeux toujours vifs même cerclés de rides, taille impeccablement droite malgré les mêlées combattues, ni cravate, ni costume, encore moins le coq sur la poitrine ; polo blanc liseré rouge - B.O. - pantalon gris et surtout les espadrilles ; je vous l'ai dit : ce type est basque jusqu'au bout des pieds !

Regard lucide sur le rugby du XXIème siècle. Que les pisse-vinaigre n'attendent pas de lui des critiques acerbes sur le jeu d'aujourd'hui, des : "Ah, de mon temps... !" des longues litanies dans lesquelles se complaisent plusieurs de nos glorieux anciens ; à peine ose t-il avancer qu'hier au soir, à Maurice-Boyaud, les siens n'ont pas été assez vaillants, peut-être trop pénalisés mais "les fautes y étaient"  , il continue : "des copains veulent m'inviter le dimanche après-midi pour un repas, une promenade, un derby... non pour moi, le dimanche, c'est sacré, j'accompagne les petits car je suis bien au milieu d'eux. C'est si difficile pour eux d'être aux portes de l'Equipe 1 sans qu'elles s'entrouvrent, d'être à deux doigts du contrat Pro sans y parvenir... Chaque dimanche, avec eux, j'ai 20 ans !"

Avec davantage d'audace, je l'aurais embrassé ! Mais dans cette génération-là, on ne s'embrassait pas !

A 18h30, Oyonnax est conforme à sa réputation : des débuts difficiles, le poids du déplacement, la crainte d'Armandie et le SUA de penser trop vite au bonus offensif ; au terme de la première période, Bouillot joue habilement au pied au-dessus du premier rideau dans une zone fragilisée par le ping-pong, récupère et lance Brignoni : deux "paumelles" plus loin, le flanker est dans l'en-but de la tribune Ouest. Avec la transformation voilà l'USO sur les talons du SUA et dans l'espérance de l'exploit. Seconde mi-temps difficile mais formidable "requinquinage" des bleus et blancs sur un maul victorieux de plus de 22 mètres : prise de Chavet en ultracourte, politique des petits pas comme en mêlée, du calme et de la discipline, un effort final de Narjissi et la délivrance ! Dire qu'on croyait que les ELV allaient signer la fin du maul ! Oyonnax ramène le bonus défensif dans l'Ain et c'est bien mérité.

Dimanche 21 septembre

Michel Celaya s'il n'avait pas été Basque aurait pu être Tyrossais. J'ai toujours respecté ce formidable club qui a toujours tenu tête aux plus gros et qui continue son bonhomme de chemin en Fédérale 1 - victoire, hier au soir, à Marmande - continuant à former des joueurs de grande qualité qu'ils ont maintenant du mal à conserver ne serait-ce que jusqu'en cadets ! Que ceux qui ne connaissent pas se rendent simplement dans leur salle de réception et regardent les photos de leurs internationaux ! Qu'ils aillent aussi écouter les cris des corbeaux le dimanche après-midi sur cette terre de résistance ovale !

Aujourd'hui, ils viennent avec leurs Reichel et leurs Crabos : j'ai prévenu les coachs agenais de cette dernière catégorie ; mai 2005 à Dôle, j'avais vu les minimes du collège St-Vincent de Tyrosse gagner brillamment le titre national des sections sportives UNSS. Certes, je sais que leur meilleur élément est déjà parti à l'Aviron mais il était bien encadré par des copains presque du même niveau. Nos jeunes ne se méfient pas suffisamment et en première période méprisent les pénalités à taper, "babalisent" et "bidouillent". En face, de la rigueur, du jeu au pied, du combat sur les rucks, de l'intelligence et de la détermination ; mieux, à l'heure de jeu, leur ouvreur -excellent comme un 10 de Tyrosse - s'infiltre et son voisin termine entre les poteaux. Une pénalité généreuse sur plaquage haut sauvera nos petits agenais de l'affront.

Cyriac Ponneau vient me rappeler qu'une très grosse équipe de Reichel d'Agen : Ponneau, Sore, Monribot, Carabignac, Denêtre, Vaka, etc... tous internationaux juniors avaient perdu en 2006, au milieu des pins, contre des inconnus vêtus de bleu et de rouge. Il me taquine car, toute la saison dernière, j'ai gardé, affichée sur mon tableau, la feuille de match de cette rencontre, comme un très bon souvenir des exploits du rugby des villages.

Lundi 22 septembre

Premier jour de l'automne et grand soleil sur Paris. Départ, ce matin, d'Agen, en compagnie d'Adri Badenhorst et de Djal Narjissi pour la grand-messe de la Ligue. Bonne surprise avec la découverte de l'aéroport d'Agen : vous pouvez pratiquement conduire votre voiture jusqu'aux ailes de l'avion, un avion presque confidentiel, sympathique et rassurant. Mes deux compagnons ont une journée de travail avec leur syndicat - Provale - au Parc d'Ermenonville. De mon côté, j'ai donc la journée pour (re) visiter Paris. La journée est si belle, ma guide si jolie - une seule restriction : elle est de Neuilly et amie du fils de ! - Je m'aperçois enfin que l'Arc de Triomphe, les Champs-Élysées, les Invalides, la Seine, etc... sous un grand ciel bleu, c'est presque aussi beau que l'Abbaye de Flaran, l'Escalier Monumental, le Chêne de Theux et la Baïse ! De très bons moments malgré une table trop étroite à midi et le vrombissement incessant des véhicules. J'ai même droit à un tour dans le métro à 17 heures : presque aussi bien que les cars Pascal et Martet ! En soirée, délirante grande messe du Rugby : ici, on est à mille lieux de l'en-but, de l'Oustaou et du Saous ! Dans les plats, les 9 étoiles brillent : Guy Savoy, Alain Dutournier, Jean-François Piège, Caroline et Michel Rostang ! Sur la scène, les stars scintillent : Fabien Pelous, Yannick Jauzion, Vincent Clerc, Byron Kelleher, Clément Poitrenaud, Maxime Médard et même Guy Novès. Dans la salle que du beau monde : Max Guazzini, Thierry Péres, Martinet, Alain Afflelou, Paul Goze, Mourad Boudjellal, Jacques Verdier... Mais qui ai-je oublié ? Ah oui, Eric Bayle, François Trillo, Philippe Guillard... Qui encore ? Le bouquet final avec, sur la scène, un trio magique : Serge Blanco, Président de la Ligue, Pierre Camou, Président de la Fédération et René Bouscatel, le plus grand Président du Rugby Français. Toute mon admiration virevolte comme une girouette folle autour de ces sommités de notre sport et j'avoue que je ne sais plus à quels saints me vouer : si beaux, si grands, si célèbres, si géniaux !

Sur l'écran, les exploits de la saison défilent, couleurs vives, musique US, je cherche en vain une mêlée victorieuse, un maul pénétrant, une performance collective. Un ami de la vieille époque me glisse à l'oreille que la motivation du CABrive a été faite par Patrick Sébastien et que Mourad Boudjellal était sur le banc du RCT avec le brassard des coachs !

Dans la voiture d'un auscitain qui me reconduit à l'hôtel, je pense à l'octogénaire aux cheveux blancs et aux espadrilles grises ainsi qu'au club de Mauléon où il a fini sa carrière ! Je dois devenir un vieux c... !

Mardi 23 septembre

Retour depuis Orly Sud. Avantage supplémentaire : pas de queue pour l'enregistrement et dans l'avion, nous sommes à peine une douzaine. On peut étaler ses jambes même si elles sont longues, l'hôtesse est jolie et agréable comme toutes les agenaises et le petit déjeuner consistant. Tout pour rendre le voyage agréable. Les derniers moments en sont célestes : les hublots vous montrent la Dordogne puis le Lot, Monflanquin et Villeneuve, Puymirol sur son piton, à Golfech, vous tournez sur l'Ouest et vous circulez entre la Garonne et le Canal ; sur la droite, vous reconnaissez St-Romain à cause... des poteaux de rugby... ! Heureux de redevenir Agenais : Paris ne vaut pas une grand-messe !

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