La chronique d'Henry Broncan

Par Rugbyrama
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Dans sa chronique, le manager agenais Henry Broncan revient sur le week-end dernier, marqué par la tempête et le succès contre Pau.

Mercredi 21 janvier

Il y a 220 ans, Louis XVI perdait sa tête alors que ce soir, le SUA renforce la sienne. Projet Renaissance sans François Ier mais avec Alain Tingaud. Les "Mousquetaires" sont bien là, une trentaine environ, tous chefs d'entreprise, le président me taquinant sur l'appellation : "C'est vrai que nous ne sommes pas tout à fait Gascons, mais nous en sommes si proches". Sous la tribune Ferrasse, sur le grand écran, le projet défile "Entreprendre pour Gagner". Le SUA veut devenir la pierre angulaire d'un "écosystème citoyen" en relation étroite avec la Ville d'Agen, la Communauté d'Agglomération de l'Agenais et le Département de Lot et Garonne. Il me semble qu'enfin nous sortons de la Tour d'ivoire d'Armandie pour nous ouvrir sur notre environnement. "Le Club de Tous" avec pour l'équipe 1 l'ambition d'obtenir certes des résultats mais sans renier des valeurs construites sur le "jeu à l'agenaise" et d'autre part, une politique de formation de plus en plus rigoureuse. Mains tendues vers les abonnés, les supporters et bien sûr, les partenaires. Un pas aussi en direction des anciens joueurs. De mon côté, je me réjouis de voir Eric Gleyze à la direction de l'école de rugby, Henri Cazaubon auprès du Centre de Formation et de nos demis de mêlée, Philippe Sella silencieux mais présent à de nombreux entraînementsdes Cadets, Philippe Mothes éducateur des scolaires des L.P Foulayronnes où évoluent nombre de nos juniors de qualité : Ounzari, Verguin, Hilarion, Guénin, Martinez, Hanou, etc..., Jean-Jacques Crenca auprès de notre mêlée et de nos cadets. Ils participent ainsi à l'effort que fait l'ensemble du club pour retrouver les lustres passés. En tout cas, on ressent une sérénité nouvelle même si chacun connaît l'âpreté de la côte à gravir : l'amitié entre le Président de la SASP et celui de l'Asso, Vivi Salesses, un autre "sang bleu", la connivence entre Christian et Christophe sont des atouts essentiels pour être là demain.

Jeudi 22 janvier

Mes amis de la capitale de la Gascogne m'apprennent le sauvetage. Les "coeurs rouges" ont gagné un combat que, 48 heures auparavant, chacun d'entre nous croyait perdu. Eric, avec l'appui du Président du Conseil Général et du Maire, prend donc la tête d'un club qu'il a découvert il y a peine deux ans. Ce chef d'entreprise, jusque là étranger au monde de l'ovale, a vite compris notre milieu et il sait déjà qu'il faut fouiller profond pour y rencontrer des pierres solides. C'est pourquoi il va conserver à ses côtés Bernard, celui qui a tant fait pour le FCAG et sur lequel la foule a craché sans savoir, et en oubliant l'ensemble de son oeuvre. Bernard, un temps ébranlé, va se reprendre. Je l'ai tellement vu se faire secouer par des séries de défaites, par des ennuis professonnels, par des confrontations injustes et, malgré tout, relever la tête et repartir de plus belle. Maintenant, il reste à gagner des matchs parce qu'il ne s'agit pas d'éviter les ennuis financiers et de sombrer sportivement. Paillaugue, ce petit ouvreur de poche mais si talentueux a filé sur Montpellier et Caisso, ce solide et si généreux seconde ligne est blessé jusqu'à la fin de la saison. Heureusement les "petits" sont là, merveilleux de courage, d'abnégation... si gersois ! Les Vincent, Pierre, Nathan, Alexandre... mais que devient mon petit Bissuel ?

Vendredi 23 janvier

Après-midi mirandaise comme une chape de nostalgie qui vous étouffe. Le stade de l'ex USAM est impeccable malgré les pluies de la semaine : un terrain sur lequel on ne joue pas est toujours parfait ! Les cabanons de la Country envahissent les lignes de touche. Je retrouve les souvenirs de dirigeants : Dauriac et sa cigarette, Oliveira et ses chaussures, Menu sur le toit des tribunes, Lestrade dans sa boucherie, Cathala et son Eychell, entraîneurs, Secrestan "Cassez leur les dents", Claverie Sanchez "Je suis de Mauléon", Fournet, si gentil, Barbé, si pro déjà..... de joueurs, Les Lacoste, Wolczack, Theyret, Combina, Claverie, Cavalière, Lantin, Toesca, Marino, De Fierkowski... Les loupiotes qui éclairaient nos entraînements ont survécu. Fonctionnent-elles encore ? Un éducateur donne à quelques enfants des cours de tennis. Le tennis, l'autre grande discipline sportive de la ville à l'époque, avant le basket : Le FCM n'existait pas : les Fossat, Brouqueyre, Lagarosse puis les Esquirol, Rançon, Espéron... Un des plus grands tournois de la région. Longtemps, ce sport était demeuré l'apanage de la bourgeoisie locale, culotte, chemise et chaussettes blanches. Dans les années 70, des mécréants de mon espèce, pour la plupart venus du rugby et de Mai 68, ont osé y arborer de vieux shorts délavés et des polos rouges ou noirs ; pire, certains d'entre nous indignaient les bonnes consciences en renvoyant la petite balle blanche, torses nus ! Fronton toujours d'aplomb : Domaine de Carmelo, Minique, Loulou, Pierrot et bien sûr des Dufour, cette famille d'exilés de l'Astarac dans les embouteillages parisiens et que l'on retrouvait dès le premier jour des vacances devant le grand mur où ils excellaient !

Coïncidence :un texto d'un ami très cher : "Les souvenirs, ça fait mal : surtout les bons !" Harlan Coben.

Samedi 24 janvier

La Terre d'Ovalie a "chargé". Le vent méchant, violent, venu de l'océan, a pillé le Sud-Ouest couchant les pins des Landes mais aussi les platanes et même les chênes de chez nous. Dans ce matin privé d'électricité, d'eau, de téléphone, la solidarité s'organise comme au temps des anciennes corvées, vendanges et dépiquages. Miramont d'Astarac comme beaucoup d'autres communes a la chance de posséder un maire proche de ses administrés. Cet arrière de l'US Lisloise veille sur son village comme la bonne sentinelle qu'il était lorsqu'il défendait la ligne des couleurs sang et or. Les voisins se multiplient, qui sur le toit, qui derrière la tronçonneuse. Hommage à Sud-Radio et à Pascale Lagorce encore plus avenante que lors de ses commentaires sur un cadrage de Poitrenaud ou une percée de Kelleher ! Tentative de retour par l'Isle de Noë mais les sapinettes de l'Ancien St-Jeannet sont couchées sur la route. Direction la 21. Bloquage à Fleurance : deux policiers municipaux nous conseillent de nous garer en attendant que la Nationale soit dégagée. Plusieurs véhicules 47 m'accompagnent. Ce sont des paysans du coin qui se chargent des travaux. La ville de Mr Vall sera citée en exemple dans les jours suivants : des bénévoles sont venus aider les pompiers et l'équipement... Quand les Gersois décident d'oeuvrer ensemble, ils sont capables de formidables réalisations. Dommage qu'en période de paix, ils aient le besoin séculaire de retomber dans leurs querelles de chapelles. Entre Lectoure et St-Mère, la petite Ford a du mal à garder le cap. Au pays de Bladé, le souvenir de la devinette :

"A pas ni car ni ossis
E s'en va courre pous bosquis ?Lou vent."

Vers 16 heures, arrivée sur Armandie. On a souffert ici aussi mais beaucoup moins ; demain les Palois pourront jouer !

Dimanche 25 janvier

Un peu moins de monde dans les tribunes ; le côté ouest du Lot-et-Garonne a souffert et les eaux du Lot et de la Garonne conjuguées terrorisent Tonneins ; beaucoup de supporters dans l'urgence n'ont pu se déplacer. Caucaunibuca va donner des regrets aux absents ainsi qu'aux retardataires . 1' : pour une fois, Rups a quitté son territoire, celui des 15 mètres de large pour installer ses 115 kilos au milieu du terrain. Par deux fois, Hough, serré de près par Monribot, a renvoyé l'ovale depuis ses 10 mètres jusqu'à la ligne médiane et le SUA a répliqué par l'exercice habituel du gagne-terrain. Cette fois-ci, comme contre Albi, la relance s'organise autour d'Edmond-Samuel et Dupuy ; Huget tout heureux de retrouver son complice de l'autre aile, croise avec lui ; ce dernier se retrouve devant une épaisse barrière de 4 joueurs ; un crochet presque sur place et deux verts s'agenouillent ; premier rideau franchi, la "vedette" attaque le second et là je me souviens des jeux de quilles dans la cour des Trouettes – même le grand Guicherd s'agenouille ! - la course finale semble lourde et lente mais l'excellent Descons pourtant léger et vif stoppe la poursuite : Rups s'affale voluptueusement dans l'en-but de la nouvelle tribune. Le reste du match ne l'intéresse pas : il semble ailleurs, la tête aux Fidji, le ventre au Mac Do et les pieds dans le Pacifique. Si, deux longs coups de pied de dégagement direction la tribune Basquet comme pour faire toucher le ballon aux Ovalies 47 ! l' "albatros" semble s'ennuyer et Puyo, le redoutable "fox-terrier" de Lembeye, oublie la mission qui lui est confiée : ne pas lâcher les gros mollets de son vis-à vis. 71' : Jérôme Miquel le briscard a vu son partenaire décalé aux 25 mètres, les pieds sur la ligne de touche, bien à l'extérieur de son "chien de garde" ; longue passe sautée par-dessus la tête des deux centres. Bonne intention mais le ballon flotte et tombe aux pieds du destinataire alors que les trois Palois concernés ont compris et rappliquent à vive allure pour fermer la voie d'eau. Les 115 kilos se déplient, les bras contournent le ventre et, sur les lacets des crampons, captent l'ovale fuyant ; le trio béarnais va rebondir sur la masse lancée et le jeune Dumora, ce 4ème mousquetaire venu au soutien ne pourra que constater les dégats. Mon voisin glissera sarcastique : "Sur le premier essai, ils étaient 8, cette fois-ci ils ne sont que 4... Il aurait fallu commencer par la fin !"

Dans les bains de boue de Bath, le Stade toulousain et son coach sourcilleux défendent l'honneur de notre rugby. Merci quand même aux Castrais ! L'Entraide Nationale ! Devant des Anglais avides d'affirmer leur supériorité, les joueurs de la ville rose, bien loin de leur première mi-temps du week-end précédent, réalisent une prestation collective remarquable de courage, prouvant que le rugby Pro n'a pas "tué" les grandes valeurs de notre sport. Superbe fin de match avec la vingtaine de pick and go des Britanniques superbement contrés par des Toulousains costauds et surtout hyper disciplinés.

Lundi 26 janvier

Retour au pays pour constater les dégâts. Arrêt à Condom dans un supermarché. Le slogan "du pain et du vin" est remplacé par "de l'eau et de l'essence". Pas de coup de klaxon, pas d'énervement cependant. Circulation encore difficile. J'ai voulu rendre visite au chêne de Theux car j'ai eu peur pour lui. Il a perdu deux grosses branches tombées sur le toit de Ste-Eutrope mais il est toujours là même s'il me semble un peu fatigué. Une "mémé" qui nettoie le cimetière lâche en le montrant : "Vous savez, celui-là, il en a vu d'autres !"

A propos d'en voir d'autres, n'avez-vous pas aperçu ma voisine ? Je crains que le vent ne l'ait emportée une nouvelle fois loin de Lavoisier ! Je lui avais pourtant dit de ne pas sortir !

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