La chronique d'Henry Broncan

Par Rugbyrama
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Dans sa chronique, le manager du SU Agen, Henry Broncan, revient sur les difficultés du club lors de sa descente en Pro D2 il y a deux ans à travers le film, "Le SUA, une saison, un siècle". Retour aussi sur la défaite à Béziers et la victoire contre La R

Mercredi 5 novembre

Le plus grand cinéma d'Agen affiche, ce soir, le film de Christophe Vindis : "Le SUA, une saison, un siècle". C'est une première et un spectacle sur invitation. La salle est presque pleine et les amoureux du Sporting largement majoritaires. Il y a pas mal d'émotion dans l'oeuvre de ce jeune réalisateur élevé dans la vieille tribune d'Armandie et qui ne cache pas l'idolâtrie qu'il porte au SUA. Les images des grands moments bleus et blancs défilent d'abord en noir et blanc puis dans des couleurs qui s'avivent au fur et à mesure que le club décline : extraits merveilleux de la finale 1962 suivis des célébrations des titres 65, 66, 76, 82 et 88 tous marqués par le fameux jeu à l' Agenaise, croisées, redoublées, sautées, débordements, chevauchées fantastiques de Philippe Sella, tour de mêlée magique Labrousse- Barrau en 2002 ?

Et en face de cette débauche de boucliers, d'essais, de grands larges, d'évasions, de magie, Christophe a lâché la pellicule sur "l'enfer" vécu en D2 par une bande hétéroclite de Lot et Garonnais, Russes, Géorgiens, Fidjiens, Samoans, Sud-africains, Argentins, Marocains, Canadiens, Tonguiens avec même dans le melting-pot un autre de Pontaut-Combaut !... et à l'arrière un de… Vierzon !! Un groupe que j'ai voulu rassembler dans la communion de la mêlée, du maul et du ruck !!! Le film crie au crime de lèse-majesté.

Après le spectacle, deux de mes anciens miens, amers, ont voulu me donner leur sentiment : "...On a voulu nous faire passer pour des nuls" et je m'inscris aussitôt en faux : Christophe a beaucoup aimé, peut-être pas le jeu, mais le caractère de cette équipe qui lui a toujours ouvert ses vestiaires sans retenue, sans calcul, sans droit d'image, en toute confiance. Il a parfaitement ressenti que nous aurions réussi dans notre quête de la qualification si notre planche n'avait pas été savonnée par une partie de l'entourage, faux amis, faux culs, noyauteurs de l'ombre. Cette équipe 2007-2008 n'était pas une équipe de "nuls" : elle avait même, à l'image de son jeune capitaine de 20 ans et de son "vieil" ouvreur de 34 ans, beaucoup de passion, d'envie... d'âme et Christophe a su lui rendre hommage, parfois dans sa réalisation. J'ai aimé le petit Max quand il enfouit sa tête sous le maillot pour cacher ses larmes. J'ai aimé la rage incontrôlable de "Lucho" bottant des bouteilles d'eau, tous deux dans les vestiaires d'après LOU... Lyon ! Un jour, je raconterai les arcanes du match de Lyon !

On a beaucoup jasé sur ce groupe 2007-2008 : il ne s'entraînait pas, il s'encanaillait, il trichait, il lézardait... "Quand on veut noyer son chien,..." et beaucoup voulaient le noyer ! Dans la très grande majorité, il y avait de super gars qui ont mis du temps à se remettre en question, à comprendre la descente, à découvrir la D2, à s'ajuster à un encadrement qui lui-même ne se connaissait pas, à s'enfermer aussi dans la bulle indispensable dans le rugby Pro où parasites et spadassins prolifèrent. Sincèrement, un semestre plus tard, j'avoue que j'aurais bien aimé avoir eu, à ma disposition ce groupe, une saison supplémentaire... Après, la vie ne s'arrête heureusement pas là !

Samedi 8 novembre

Victoires des Reichels et des Crabos contre Dax ; les deux matchs ayant lieu à la même heure et le toit de Ferrasse me paraissant trop éloigné de l'herbe des terrains d'Honneur et de l'annexe 2, je partage équitablement : une mi-temps avec les "petits", une autre avec les plus grands. Bagarre générale dès la 1ère mêlée chez les premiers ; je croyais ces temps révolus mais je me souviens que la dernière minute du match des cadets qui opposait les mêmes formations s'était terminée de la même manière. Comme quoi, on a de la mémoire ! Les Crabos prennent le large sur un exploit personnel d'un centre de qualité et sur la botte inexorable de leur ouvreur. Au Sud, les Reichels s'appuient sur une solide mêlée avec le petit protégé namibien en figure de proue et là aussi, la botte de l'ouvreur : de la mêlée et du pied, pourquoi pas ? Les Dacquois contournent leur insuffisance en adoptant la simulation et comme il n'y a pas de règle de carence chez les Reichels, la rencontre prend une tournure diamétralement opposée : les ¾ landais donnent le tournis aux nôtres et sont tout près d'inverser le score. Match intéressant.

A 21 heures, Omar Hassan débute fort France-Argentine. A la fin, on s'apercevra qu'il sera le meilleur acteur de la soirée. Pour le reste, on nous avait annoncé qu'avec le départ de Pichot et de Scelzo, la blessure de Corleto et l'arrivée des ELV, nos adversaires seraient plus friables, nenni, soyons heureux de les avoir battus ; d'ailleurs, j'imagine le soulagement du jeune trio d'entraîneurs d'avoir coupé le cordon des défaites et tant pis si l'enjeu a tué le jeu. Une autre victoire sur les Iles du Pacifiques : des joueurs de grand talent mais pas de véritable équipe et un grand match contre l'Australie – contre l'Australie, on joue toujours bien – et tout ira mieux.

Dimanche 9 novembre

Voyage en Biterre : Ah, les couleurs de vignes du Minervois ! Match de la peur pour l'ASBH qu'une nouvelle défaite propulserait en Fédérale 1 et pour le SUA qu'un autre échec éloignerait des cinq premiers. Malgré la vaillance des Languedociens, les Agenais mènent sobrement mais efficacement les débats jusqu'à mener 13-6 grâce à un contre de Jean Monribot ; à peine s'aperçoit-on d'un tir aux but manqué des 40 m face aux poteaux et qui aurait permis le break... Et puis le SUA se recroqueville, perd le fil du match, se fait sanctionner : plus agressifs, plus affamés, plus désireux de vaincre, les locaux reviennent peu à peu et nous coiffent logiquement. De l'accablement dans les vestiaires mais les mots de Christian sonnent juste.

Lundi 10 novembre

Le temple protestant de Mauvezin, beaucoup de sobriété. Auparavant, nous sommes passés devant le stade. Ludi a murmuré : "Monie me racontait souvent que, jeune fille, elle supportait avec ferveur la RSM". Marcel Gilard, un terrain où dans les années 60 et 70, on ne se rendait pas pour rire : les bleus des Lasmezas, Maurette, Brun, puis Labatut, Finestre, Irague etc... n'avaient aucun humour et ils avaient toujours des buteurs d'enfer : Vidal, Douard... Je crois n'y avoir gagné qu'une fois, en 1975 ou 76, et ce fut miraculeux : un but réussi par l'arrière mauvezinois refusé par notre juge de touche qui était meilleur à ce poste qu'à celui qui lui était dévolu d'ordinaire sur le terrain ; son vis-à-vis, le local, la tête ailleurs et l'arbitre trop éloigné n'y avaient vu que du feu !

Tous les copains d'Elie sont là ; les blazers du FCAG sont flores et toute la bande du dimanche matin s'est déplacée ; curieux d'ailleurs de les trouver enfin silencieux. Pour obéir au voeu de mon ami, je dois témoigner au micro : pas facile d'évoquer la petite dame hurlant sa joie dans le tribune du Hameau lors de la finale 2004 !

Putain de crabe !

Mardi 11 novembre

Une large visite au Tournoi Brignoli regroupant la plupart des équipes minimes du Périgord-Agenais. Pluie abondante mais elle n'affecte pas l'enthousiasme des joueurs et de leurs éducateurs. Des progrès dans l'instruction des jeunes arbitres. On évolue à 12 sur un peu moins que la moitié du terrain. Certaines formations ont 3 éléments dominants, d'autres 2, d'autres un seul et quelques-unes aucun. Pas idiots, les gosses et leurs coachs, pour gagner, s'appuient sur les meilleurs. D'autant que le ballon glisse des mains des plus maladroits. Ainsi, j'aperçois des enfants qui ne toucheront pas l'ovale de la journée mais ils sont heureux d'applaudir les exploits de leurs leaders. Un rugby pratiqué à 7 ou 8 sur la même largeur ne permettrait-il pas davantage de progrès ? Nérac, un centre solide, l'emporte logiquement devant Villefranche du Queyran. On sait la qualité de la formation dans le club de la sous-préfecture. En face aussi, il y a du travail, davantage de collectif, beaucoup de coeur mais il manque le petit plus. J'ai bien aimé les minimes du Bugue. De l'organisation, de la créativité et de la qualité ! Les premières années du SUA sont 22 et c'est bien ; après ils souffrent face à des rivaux en général plus âgés : la saison prochaine, tout ira mieux.

Samedi 15 novembre

La Rochelle nous fait peur jusqu'au coup de sifflet final : un jeu brillant basé sur le grand large, un essai sur un lancement répété sans doute des centaines de fois par Serge Milhas et David Darricarrère, deux coachs qui se complètent parfaitement. Côté Agen, Monribot et Fonua sont énormes et la défense suit reprenant parfois in extremis les échappées des Vaquin, Devade et Ninard. Bonnes reprises de Benjamin Dambielle, l'enfant de Lasseran d'un côté et de l'autre de François Gelez, l ''icône d'Armandie". Jusqu'au bout, Benjamin Ferrou reste intenable. Pourquoi La Rochelle a-t-il perdu le match ? Peut-être parce que dans toute cette luminosité dégagée par tant de mouvement, dans toute cette ambition de "large-large", on oublie quelques réceptions d'envois et de balles aériennes. De plus, une pénalité face aux poteaux ne se manque pas, même des 40 m. Et tenter un drop n'est pas un pêché. C'est de loin la meilleure équipe qu'ait accueillie jusqu'ici Armandie et pour les spectateurs qui se plaignent parfois de s'ennuyer devant le spectacle offert en D2, qu'ils se rendent de temps en temps à Marcel Deflandre. Je leur conseille même de prendre rang dans la tribune populaire : elle est toujours chaude.

Dimanche 16 novembre

Avec deux amis passionnés et connaisseurs, déplacement en Bigorre pour rejoindre Crabos et Reichels. Excellent accueil des dirigeants du TPR en particulier du Président de l'Association Gérard Vettes, ce demi de mêlée qui s'échappait jusqu'au jour où... Deux matchs très disputés. Victoire de nos plus jeunes 16-10 mais que de négligences dans les rucks alors que leurs moyens physiques autoriseraient de superbes ballons dans ces phases-là. Victoire aussi pour les plus anciens mais là, comme contre Dax, ce sont les lignes arrières qui ne risquent pas de se faire mal aux épaules. Côté Bigourdan, j'ai bien aimé l'engagement du pack en Crabos et en Reichels, la qualité des lignes arrières en particulier le 9, le 12, le 15 et le 11. Il y a toujours de bons jeunes au pied des Pyrénées. Je me sens bien auprès de tous ces jeunes et de leurs éducateurs... Le modeste mais coquet stade de Barbazan Débat avec ses talanquères bouillantes sert de cadre idéal pour ce genre de rencontres. Peut-être devrions-nous faire de même avec un stade de banlieue plus chaud qu'Armandie trop vaste ?

Lundi 17 novembre

Mercredi, nous irons à Bon-Encontre pour les entraînements décentralisés du mois ; l'occasion de rejoindre le Président Lodetti, un vrai de vrai, le RCBB enraciné dans le coeur. Peut-être un Père Noël qui ne viendrait pas du froid risque de nous rejoindre d'abord auprès de l'école de rugby à 14 heures, puis à 16 heures pour le training. Alex Desjardins nous prépare un topo auprès des éducateurs du Périgord Agenais sur la préparation physique chez les pros mais aussi chez les amateurs qui ne courent pas deux à trois fois par semaine. J'espère que l'information sera bien passée et qu'ils seront nombreux ! Alex est un sacré intervenant.

Mardi 18 novembre

Ma voisine a disparu ; un prince charmant a dû venir nous l'enlever. Tous les mâles de la résidence font triste figure alors que les femmes retrouvent le sourire. Tous les hommes se sont donc réunis et ont envoyé dans le monde un avis de recherche. Si vous l'apercevez... !

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