La chronique de H. Broncan

Par Rugbyrama
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Retrouvez la chronique du manager du SU Agen, Henry Broncan qui évoque le dernier déplacement de son club à Aurillac.

Samedi 13 décembre

Nous sommes arrivés, cet après-midi, à la Châtaigneraie, dans la commune de Maurs, la "Nice du Cantal". J'aime bien retrouver cette halte où nous avions l'habitude, avec le FCAG, de nous préparer chaque fois que nous allions affronter les Aurillacois sur leurs terres. Froid vif comme prévu : Michel Peuchlestrade a beau m'argumenter que si les records de températures les plus fraîches sont annoncés chez lui, c'est parce que la station météorologique qui les enregistre se trouve sur les hauteurs bien au-dessus de la cité, c'est bien à Paul-Alric que le nez vous pique le plus…Encore qu'à Oyonnax !

Le personnel de l'établissement a changé mais il est aussi chaleureux que le précédent. Chaque chambre a droit au M.O, vert et dans la soirée les dirigeants du stade Maursois Châtaigneraie Olympique et Culturel sont venus nous souhaiter la bienvenue. A leur tête, Pierre Fabre, ancien directeur de la Châtaigneraie et longtemps président du club de rugby. A ses côtés, Jean-Claude Berejnoï, gloire sportive, international pilier gauche auprès de Jean-Michel Cabanier et Aldo Gruarin.

Ce matin, avec Lionel, nous arpentons les rues de la Cité, les pieds gelés et le nez dans nos écharpes. Normal de trouver refuge dans un des bars d'autant que ces derniers sont nombreux sur la petite place centrale. Entrée sans discrétion puisque plusieurs supporters agenais occupent bruyamment le bar en s'attaquant au vin blanc local. Des collègues pro-aurillacois leur font face : Objet des affrontements : Caucaunibuca, encore et encore !

Entraînement à midi sur le stade municipal "Le Vert" encore blanc et qui ne dégivrera pas de la journée : un fond de touche mettant Fonua sur orbite est longuement répété.

20' et 3 à 3 ; Christophe Deylaud, les pieds nus - un pari datant du stage d'été à Brommat- , arpente son carré et frappe, au risque de se couper un métatarse, la cabane abritant les coachs : une belle offensive relancée par Rupéni et Romain, poursuivie au pied par Daniel, échoue d'un rien à cause d'un sauvetage un peu désespéré de Staniforth, l'arrière australien du Cantal. Partie remise : lancer long et impeccable de Narjissi sur Culine, Badenhorst et Chavet font cet indispensable travail de l'ombre qu'aucun journaliste ne salue mais si efficace pourtant, arrachage de Lopresti et le Tonguien arrive lancé comme un taureau de mon ami Darré de Bars ; courageux, Pottas, l'un des multiples sud-africains de Paul-Alric veut s'interposer ; il va y laisser la mâchoire, ses partenaires et la victoire.

Coup d'arrêt pour Aurillac certes mais cette équipe construit toujours autant et ce jeu ambitieux n'est pas forcément récompensé ; la trêve de Noël va lui rendre la fraîcheur indispensable pour redevenir efficace. Dans la soirée, bonheur de "discutailler" rugby bien sûr avec Michel Peuchlestrade et Victor Boffeli. Le premier vient de finir de restaurer une maison –il sera toujours meilleur que moi- et le second éduque les moins de 13 ans du club ! Dans leurs yeux, brûlent les mêmes flammes.

Dimanche 14 décembre

Les copains du matin sont fatigués de l'assemblée générale de notre association tenue le jeudi soir précédent. Nous sommes donc peu nombreux mais avec Francis et Salem, il y a de la qualité dans l'analyse et dans l'exercice.

A midi, rendez-vous salle polyvalente du Passage pour le Festival de la Bande Dessinée. Pas encore Angoulême mais c'est sympathique. L'occasion de me faire tirer la caricature par le Villeneuvois Strom et de discuter avec le Landais Marc Large qui participe à la préparation pour 2009, d'un ouvrage sur Renaud. Ensuite, intronisation dans la Confrérie du Brulhois, ce vin noir du sud de l'Agenais qui déborde sur le canton gersois de Miradoux. A propos de ce dernier, si vous avez du temps à gagner pendant les fêtes, rendez-vous sur ses communes, la visite des crèches de Noël vous ravira.

A 15 heures, sur Armandie, les Espoirs d'Agen et de Bègles respectivement deuxièmes et premiers ne se ménagent guère. Quelques chicaneries d'autant plus inattendues qu'ils sont pour beaucoup d'anciens pensionnaires du Pôle Espoirs de Bordeaux-Talence. Jeudi dernier, en compagnie de Pierre Chabedech, directeur sportif du C.A Périgueux, à l'invitation de M. Manta, nous avons eu l'occasion de visiter ce Centre qui héberge sept de mes jeunes du SUA. On n'est peut-être pas à Marcoussis mais les conditions d'accueil et de travail –sportif et scolaire – sont excellentes. Nos garçons sont choyés par une dizaine d'intervenants. Trop bien ?

Largement pourvus dans l'alignement par les double-mètres Lassalle et Mondoulet, structurés en mêlée autour de mon petit protégé namibien solide à droite, le pied droit de Guénin dans sa verve habituelle, les crochets de Dulin associés au métier de Sola et de Guitoune, tout va bien pour les joueurs de Pat et de Guillaume qui s'envolent vers le succès doublé d'un bonus offensif. Comme hier nos Reichel et nos Crabos ont gagné, non sans difficulté –c'est toujours dur à St-Pée – à Oloron, on s'achemine vers la douce quiétude dégagée par un week-end tout en victoires. C'est alors que la bagarre générale éclate, violente, vilaine, affreuse, inréprimable…La tête du jeune pilier gauche Jean-Charles Pétin cogne le béton qui longe la tribune Basquet et c'est la grande peur. Par bonheur, les toubibs Pierre-Etienne Bord et Martial Lousteau, le kiné Laurent Rigal, sont présents. Que se serait-il passé en leur absence ? Eux, pourtant habitués au pire, avoueront après coup leur effroi. Plus jamais ça sur Armandie ! Soirée gâchée. La faute à nous tous.

Lundi 15 décembre

Je déteste cette date. Ce jour-là, je ferme les volets et je reste dans le noir. J'ai donc le temps de lire "100 ans de rugby à Maurs", livre écrit par Pierre Fabre et offert lors de la soirée du vendredi soir, à la Châtaigneraie. Depuis deux ans, ce genre d'ouvrage foisonne mais je vous conseille de vous attarder sur celui-ci car il est si complet que même si vous êtes étranger au club, il est tellement riche d'anecdotes et si bien écrit que chacun y trouve un ballon à sa porte. De mon côté, j'ai bien aimé l'histoire de Jean Darnet, résistant maursois, chef du maquis "Liberté", mort pour la France, le 26 août 44, en Bourgogne ; également les nombreux poèmes sur Maurs la jolie et sur le rugby. La gentille anecdote :

Le professeur demande à Albert :

- "Albert ! Viens au tableau montrer où se situe l'Amérique."

Albert pointe son doigt sur l'Amérique.

- Bien, dit le maître, et se tournant vers la classe : "Maintenant, pourriez-vous me dire qui l'a découverte ?"

Et tous en choeur :

- "C'est Bébert !"

A propos de Bébert, Albert Ferrasse est en photo p.185 et on raconte avec émotion sa visite à la Châtaigneraie et sur le stade du Vert. Auparavant, on relate le mariage en juillet 89 du coeur et de la raison célébrée entre les Tripoux de Maurs et le Vin de Buzet. Jean-Claude Skrela et Jacques Fouroux étaient de la fête, Miss Auvergne aussi. J'apprends également que Lionel Viallard, l'actuel coach du Stade Aurillacois a fait ses premières armes de coach au Stade Maursois. Après, montées et descentes se succèdent au fil des joies et des peines : l'aventure de chacun des clubs de l'hexagone.

Mardi 16 décembre

Je suis fier de la commission scolaire relancée par Serge Dupuis, un professeur de mathématiques à la retraite. Une vingtaine d'enseignants est réunie sans qu'une heure supplémentaire soit versée, même pas un verre d'eau. Ils viennent des deux grands lycées de la ville Palissy et De Baudre, du L.P Lomet et du L.P de Foulayronnes. Nous allons passer en revue tous nos joueurs élèves dans ces différents établissements. Les bulletins de note sont épluchés et nous donnons la version rugbystique. A part quelques indisciplines chroniques et deux ou trois dérives, l'ensemble est satisfaisant. Mon bonheur vient de l'enthousiasme manifesté par les professeurs. Ils sont formidables à l'image de mes anciens collègues du Collège Belleforest de Samatan et du Collège Carnot de la Réthorie. C'est vraiment le plus beau métier du monde quand on le veut bien.

Mercredi 17 décembre

Ma voisine toute pimpante m'annonce qu'elle part en vacances. Je lui demande : "Et Albi ?" Réplique immédiate : "Maintenant, vous pouvez vous passer de moi, vous avez… Caucaunibuca !"

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