La chronique de Villepreux

Par Rugbyrama
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Notre expert Pierre Villepreux revient sur la nécessité de réfléchir à un projet pour une équipe nationale après une Coupe du monde.

Comme c'est le cas après chaque Coupe du monde, il est logique que le rugby mondial se remette en mouvement. Il n'est pas encore question de jeu (l'analyse suivra) mais bien de structuration au sein de chaque fédération pour faire face à tous les enjeux que ne manqueront pas de proposer la prochaine Coupe du monde en Nouvelle-Zélande.

Ceci implique entre autres forcément la mise en oeuvre d'un changement qui touche les hommes.

Combien d'entraineurs vont-ils être reconduits? Très peu puisque ceux qui ont gagnés ou ont été performants vont s'éclipser car ils savent que le défi sur une deuxième période de quatre ans est difficile. Les autres sont forcément logiquement remplacés. De toute façon la transition est selon les contextes plus ou moins difficile. Cela demande de faire une évaluation sans concession de la gestion précédente, seule à même de créer les conditions utiles pour développer en termes de vision, un projet qui soit à la mesure des ambitions et des moyens de chacun.

Cette réflexion demande du temps. La France n'a pas choisi cette option. Il me semblait logique que tout le rugby français soit impliqué. Il s'agissait alors, dans ce cas de figure, de mettre en place et en oeuvre un énorme travail de coordination à même de dynamiser et de fédérer l'ensemble des acteurs du rugby. En choisissant de déplacer le thème central du débat en le centrant sur la nomination du nouveau staff technique, on a occulté le fond du problème et du même coup enterré le travail de terrain qu'aurait pu faire une équipe composée de compétences à même d'expliquer d'abord le pourquoi d'un projet née d'une influence intellectuelle et culturelle et ensuite le pourquoi du choix du staff technique.

Il était "urgent de prendre son temps", cela aurait permis tout en même temps d'intégrer les nécessitées politiques et sportives, aurait légitimer le choix des entraineurs et leur aurait donné le temps pour présenter un projet de jeu qui dépasse forcement le cadre d'une définition simpliste "bien jouer et gagner" auquel tout le monde est à même d'adhérer, mais qui demande un substantiel approfondissement qui prenne en compte à la fois les facteurs de la performance rugbystique et les étapes de la formation du joueur dans le cadre de la démarche et de l'identité française.

Le choix par les entraineurs d'un style et de la démarche pour y accéder se serait alors inscrit dans la logique du projet global, ce qui les plaçait en situation confortable pour argumenter voire justifier leur idées, mais aussi leur aurait permis de se créer autour d'eux un "réseau ressources" incontournable sur lequel s'appuyer en termes d'enrichissement et de réduction des incertitudes. Ceci n'a pas été permis en allant vite.

L'avenir du jeu repose aussi sur l'évolution des mentalités. La réussite pour demain doit être celle de tous si l'on ne veut pas que s'installe une synergie perverse qui influencera toutes les composantes du jeu, joueurs, entraineurs et environnement. Seule façon de donner à tous l'envie pour demain de consommer du beau rugby qui doit redevenir le rugby gagnant. C'est Confucius qui le dit: "la réussite c'est aussi la convergence de tout ce qui est beau".

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