La chronique de Pierre Villepreux

Par Rugbyrama
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Notre consultant, Pierre Villepreux, revient sur la laborieuse victoire de l'Australie contre l'Afrique du Sud le week-end dernier.

On peut bien sûr interpréter de différente manière le "petit résultat" de l'Australie contre l'Afrique du Sud bis qui fait suite à une victoire surprenante contre les Blacks. La qualité de leur prestation dans ce match donne à la précédente performance une autre saveur. Elle fait ressurgir les limites du jeu collectif australien plus à même de performer face à un rapport de force supérieur (voir le 1er match contre les Sud-Africains et le 3e contre les Blacks) que dans des matchs présumés plus faciles où on attend d'eux une production plus accomplie donc qualitativement plus crédible.

Les Wallabies sortis grandis de leur dernière confrontation face aux Blacks se devaient cette fois de rassurer radicalement, en terme de qualité de jeu leurs difficiles supporters. Pour le faire, il s'agit bien dans ces cas-là de savoir mentalement affronter l'adversaire et de le combattre comme un égal et d'en faire un match à enjeu et non pas de le classer dans la rubrique des formalités... C'est sans doute ce qui s'est passé.

Etre mené 17 -0 en début de match, n'est pas la meilleure manière d'entretenir le potentiel confiance généré par le finish du match précédent contre les Blacks. Ceci pour dire que l'on aurait dû retrouver côté australien, dès le début du match, les comportements collectifs tant offensifs que défensifs qui leur avaient permis de renverser le cours d'un match que personne ne semblait pouvoir contester aux Néo-Zélandais. Cette victoire contre ce qui se fait de mieux actuellement apparaît de ce fait plus réactive et pas significative de l'évolution du jeu australien qualitativement en panne depuis son dernier titre mondial en 1999.

La valeur de leur jeu collectif est en cause et cette amélioration ne peut passer que par une évolution de leur méthode d'entraînement qui laisse trop peu de place à la compréhension du jeu dans sa globalité là justement où l'articulation entre les mouvements collectifs demande à tous de savoir se situer par rapport aux effets crées sur la défense. La formation s'accomplit trop sur la répétition de mouvement partiels, certes intéressants mais insuffisants pour répondre avec justesse et timing aux situations variables et mouvance rencontrées dans le jeu actuel.

On peut tenir peu ou prou le même discours pour les Sud-Africains de Jack White qui manquent aussi dans le jeu de mouvement des repères utiles pour y être performants et je dirais que cette carence peut s'expliquer là aussi pour les mêmes raisons concernant la formation.

La décision prise par Jack White d'aligner ses deuxièmes couteaux s'avère maintenant, au-delà de la polémique légitime d'un tel choix, plutôt intéressante pour deux raisons :

- mise en évidence du potentiel en nombre de joueurs sud-africains capables de jouer à ce niveau.

- remise en concurrence intéressante des présumés titulaires avant la sélection pour la Coupe du monde.

Pour un entraîneur, pouvoir s'appuyer sur un tel potentiel est une aubaine, surtout quand on sait que la filière de haut niveau jeunes est particulièrement riche en joueurs physiquement bien dotés. Malheureusement à ce niveau jeune leur formation privilégie aussi le secteur physique et la mise en place de mouvements concernant des secteurs du jeu précis qui sont répétés et réalisés parfaitement, mais qui nécessitent l'acquisition de capacités tactiques plus importantes si on veut former des jeunes joueurs à aller vers une puissance créative supérieure qu'ils seront à même de réinvestir dans leur jeu d'adultes.

C'est inquiétant à deux mois de la Coupe du monde. Sur un match, le potentiel physique et mental de ces équipes leur permettra peut-être de battre les meilleurs, mais être capables d'enchaîner des résultats en continuité devant les meilleurs à partir des ¼ de finale risque de s'avérer difficile.

La Nouvelle-Zélande, n'en doutons pas, va gagner les Tri-Nations 2007 aussi par cette capacité à développer sinon de manière permanente, en tout cas plus souvent que les autres, un jeu où la richesse tactique est première.

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