La chronique d'Henry Broncan

. Vendredi 17 août

L'ovalie s'éveille avec en point d'orgue le choc de le veille entre Bayonne et l'Irlande : l'image d'O'Driscoll mouchoir blanc, oeill noir et sinus enfoncé, quittant Jean Dauger, colère au coeur, tourne en boucle sur les chaînes TV. Mikaera Tewhata, l'auteur de l'agression, est, aussitôt, livré à la vindicte internationale.

Mika est arrivé depuis le "pays au long nuage blanc" dans le Gers à l'été 2001. Après la désastreuse saison 2000-2001, le FCAG se débattait dans de multiples difficultés financières. Dans une équipe réduite aux expédients, le maori imposa, immédiatement, ses qualités techniques - l'excellence en touches - et humaines - gentillesse et courtoisie.

En juin 2002, l'Amicale des Supporters - bien réduite à l'époque - le désigna "Mousquetaire d'Honneur", récompense décernée au meilleur joueur du club : l'épée de D'Artagnan, du moins sa copie ! C'est vrai que je l'ai beaucoup apprécié et je suis surpris qu'il ait pu être l'auteur d'un tel acte : en 6 ans de rugby français, je crois qu'il n'a reçu que deux cartons jaunes pour fautes techniques et jamais sur brutalité même s'il ne n'est pas, comme tout bon seconde ligne, quelqu'un à se laisser marcher sur les pieds.

Sans doute doit-on se replacer dans le contexte d'un match tendu, les locaux voulant démontrer à leur formidable public des ambitions nouvelles et les Irlandais n'ayant pas l'habitude d'être dominés sur le territoire favori du "fighting spirit". Ensuite, ne prenons pas la vedette verte pour une oie blanche : souvenons-nous de son agression sur Benoît Baby dans le tournoi ! Allez, O'Driscoll sera bien à la tête des siens contre la France et même contre... la Géorgie, pour le plus grand bonheur de ses multiples adorateurs. Quant à Tewhata, il ne pourra plus bouger l'auriculaire en TOP 14 !

. Samedi 18 août

Invitation au tournoi de rugby de Buzet sur Baïse. Buzet est connu par son vignoble mais son équipe est en sommeil. Pourtant, une poignée de bénévoles se battent pour maintenir, depuis 12 ans, un tournoi de rugby à 7. Ces organisateurs, cette année, sont un peu déçus par le peu de formations présentes : 3 féminines, 8 amateurs, 4 "professionnelles" dont 3 du SUA (mi-reichels, mi-espoirs).

Des Agenais par ailleurs décevants : à croire que, quand il faut joueur à 7, on joue comme à 15 et réciproquement - voir la 1ère mi-temps de Sainte-Livrade.

Dans le rang des plaisirs, la formidable prestation de la demi d'ouverture du club féminin de La Valette, championne de France de deuxième division : un régal de voir évoluer cette petite princesse à qui j'ai eu l'honneur de remettre un ballon du SUA, lors de la distribution des prix. En fin de soirée, visite du port de plaisance de Buzet, très agréable.

A 21 heures, la France bat l'Angleterre ; Jacques Brunel, comme prévu, a rectifié le tir : la mêlée et la touche sont impeccables ; l'idole de Garazi nous fait une toile mais lui aussi se reprendra.

Cette nuit le ciel se dégage autour de Vega.

. Dimanche 19 août

Départ pour Millau, à 7h30, arrêt pour un réveil musculaire à Canton d'Alban, encore un club méritant qui défend, âprement, sa place en fédérale 3.

A 18 heures, match amical contre le Castres Olympique, dans le cadre du Challenge Vaquerin.

Un ami me téléphone : "tes joueurs savent-ils qui est Vaquerin ?" Je lui promets de leur raconter la carrière d'Armand.

Courte victoire 16-10, match de début de saison, implication des anciens : LL le capitaine, JN, MB, JM et FG. Les jeunes se hissent au diapason, les étrangers se rapprochent.

Douce nuit sur l'Aveyron : accueil chaleureux de nos hôtes organisateurs. Hébergement sympathique à l'Hericlea de Millau, très bonnes conditions de travail : salle de musculation, piscine, sauna, terrain d'entrainement en excellent état&hellip

. Lundi 20 août

La pluie est de retour et la température baisse ; jamais facile de traverser un stage sous l'eau : les jeunes dépriment d'autant que les anciens ont bizuté leurs chevelures et quelques "gastros" s'invitent au séjour&hellip

Marconnet est forfait mais le petit Mas n'est pas issu de la dernière pluie !

. Mardi 21 août

La pluie redouble et le froid l'accompagne.

A Saint Affrique, sous un déluge, je reprends les Géorgiens.

Ce matin, les 30 sélectionnés s'affrontent sans ménagement, pleins d'enthousiasme malgré les éléments contraires et les défaites successives. Ils bénéficient de l'assistance d'une jeune kiné française venue d'Arras. Elle me confie : "Ils ne se plaignent jamais".

A midi, je reviens sur Millau. Là, c'est le mur des lamentations ; la gastro se déchaine, l'entrainement est trop dur ; contusions, claquages, maux de tête et maux de coeur; encore une fois, je sais que je vais perdre à Oyonnax !

. Mercredi 22 août

A Sainte Affrique, match contre Provale, GA, mon ancien arrière – il était déjà exceptionnel syndicaliste - a regroupé 13 joueurs dont certains - MS, FN'G, GH (ancien auscitain) - se sont proposés à l'intersaison au SUA. En compagnie des remplaçants géorgiens, toujours aussi généreux, ils vont, vite, me faire regretter certains de mes choix.

Victoire laborieuse et surtout imméritée des Agenais 10-7 : aucune envie, aucun enthousiasme, aucun engagement-JPE, l'ami des bons et des mauvais jours me rejoint derrière les poteaux : " Henry, tu ne peux pas t'en sortir avec ces bourgeois ; c'est pas ton monde...".

Devant nous le FCAG, conduit par un énorme Tapasu, concasse le pack fidjien. Qu'il va être long le chemin ! Proverbe arabe : l'os dit au chien "je suis dur"; le chien répond "j'ai le temps". Du temps ? Deux ans pour faire une équipe. Les Agenais me laisseront-ils le temps ?

Ils vont apprendre que je suis, à la fois, l'os et le chien.