Lomu: L'heure des quarts

Par Rugbyrama
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Jonah Lomu fait le point sur la fin des matchs de poule et se projette vers les quarts. Les compteurs sont remis à zéro. Une nouvelle compétition commence.

Pendant les trois semaines de rugby qui viennent de s'écouler, nous avons vu des grands matchs, des matchs horribles, des surprises et beaucoup d'autres choses. Comme je l'ai toujours dit, une Coupe du monde est un événement unique, vous pouvez avoir les classements, les favoris, les petits, mais vous ne savez tout simplement pas comment les choses peuvent évoluer. Cette Coupe du monde n'a pas été différente des autres et les quarts de finale ne laissent apparaître aucun leader. Ce qui m'étonne le plus à ce niveau de rugby est le nombre d'erreurs, les mauvaises passes, les en-avant et les décisions de certaines équipes qui se sont révélées très pauvres et qui ont coûté des points, voire des matchs. C'est ce qui peut arriver quand on joue avec la pression, certains gèrent bien, d'autres non.

Je suis allé à la rencontre Argentine-Irlande au Parc des Princes. C'était le match le plus attendu de la semaine et assister à cette rencontre était pour moi quelque chose de spécial parce que ce stade est l'un de mes préférés. Le Parc des Princes a toujours été un endroit rugby, l'atmosphère y est électrique et le bruit généré par la foule était assourdissant. C'est si fort qu'en tant que joueur, il faut lutter pour entendre les coéquipiers nous appeler.

La magie de cette rencontre était le soutien aux deux équipes, les supporters irlandais et argentins chantaient à tue tête et encourageaient leurs équipes, voulant que les siens gagnent. Il y avait une marée de vert avec quelques poches de bleu et blanc des maillots des Pumas. Le match et la foule était le divertissement de la journée avec autant d'animation sur le terrain que dans les tribunes. Chaque mouvement d'équipes se répercutait dans les tribunes. Pour l'Argentine, il y avait trois issues : 1. finir premier de poule ; 2. finir deuxième ; 3. voire être éliminé (ce qui n'était pas réellement une possibilité).

Le match en lui-même ne fut pas décevant et pendant les dix premières minutes l'Irlande a campé dans le camp argentin mais en est reparti les mains vides. Les deux équipes pratiquaient du beau jeu même si sur le premier acte, les Irlandais semblaient attaquer de toute part quand les Argentins semblaient cantonnés à la défense. L'Argentine a quand même déployé de bonnes attaques vers la 20e minute qui ont permis à Juan Martin Hernandez de claquer un drop goal et aux deux ailiers d'y aller de leurs essais. En commençant la deuxième période à 18-10, les Pumas n'ont jamais semblé perdre le contrôle même si cela s'est un peu compliqué. Néanmoins les Argentins ont maîtrisé la pression de ce match bien mieux que ne l'ont fait les Irlandais. Il n'y avait pas qu'un défi physique, il y avait aussi une énorme dimension mentale avec des moments de fortes tensions et des accrochages comme entre Felipe Contepomi et Brian O'Driscoll.

Les Irlandais n'ont jamais baissé les bras et ont même bien joué. En fait c'était probablement leur meilleur performance du tournoi mais ce n'était pas suffisant pour venir à bout d'Argentins qui ont tout fait pour gagner. En seconde période, les Pumas ont progressé et dominé les Irlandais, maintenant le jeu dans leur camp et ne leur permettant jamais d'évoluer ballon en main. Leur capacité à aller disputer chaque ballon était impressionnante et cela a privé les Irlandais de toute opportunité.

Les Argentins vont maintenant affronter les Ecossais en quart de finale au Stade de France et ils auront le statut de favoris pour cette rencontre. Félicitations aux Argentins non seulement pour leur qualification pour les quarts de finale, une première pour eux, mais pour avoir aussi terminé premiers de poule. Vous le méritez.

La rencontre entre la France et la Géorgie était comme attendu l'occasion pour la France de sortir une grosse performance, conclue par neuf essais et un point de bonus, mais cela fut insuffisant pour reprendre la première place de la poule et éviter le voyage à Cardiff de cette semaine pour jouer les All Blacks. Lionel Beauxis a sorti un gros match, prouvant ses grandes qualités et sa capacité et sa résistance à ce niveau passant 5 transformations et trois pénalités et ayant un rôle déterminant dans la construction d'un essai.

La Géorgie qui m'a impressionné dans ce tournoi comme l'une des formations capables de jouer avec beaucoup de coeur et de passion a été récompensé avec un essai. Il a été décevant de voir deux de leur joueur exclus sur carton jaune, ce qui les a considérablement affaibli face à une formidable équipe de France.

Géorgiens, qui quittaient la Coupe du monde aujourd'hui, je vous remercie pour votre contribution à ce tournoi, vous avez été une bouffée de fraîcheur dans ce monde du rugby. Vous pouvez partir tête haute pour avoir défendu la fierté de votre pays et vous nous avez montré que votre rugby progresse et que vous avez votre place dans cette Coupe du monde, félicitations.

USA-Afrique du Sud était encore une rencontre dont l'issue était connue d'avance, le score final fut de 64-15. Les Etats-Unis avaient déjà joué dans la semaine et ont dû préparer cette rencontre en 4 jours, ce qui n'est vraiment pas évident surtout face à une équipe comme l'Afrique du Sud. Avec seulement quatre professionnels, l'équipe a réalisé une bonne performance dans le tournoi et a bien résisté notamment face à l'Angleterre. Ils ont montré un très bon état d'esprit et se sont battus jusqu'au coup de sifflet final avec de très bons moments.

Rien de plus brillant que le premier essai des USA en première mi-temps. Le capitaine Hercus a envoyé la plus belle passe du match, une très grande passe sur sa droite, dans un timing parfait pour le très véloce Takudzwa Ngwenya, sur l'aile droite lui permettant d'atteindre sa pointe de vitesse et laisser le plus rapide Bryan Habana pour mort sur sa course de 52 mètres pour marquer sous les poteaux. Personnellement, en tant qu'ailier déborder un adversaire procure une grande joie, mais quand en plus c'est l'un des meilleurs au monde, c'est tout simplement inoubliable. Et cela s'est vu à la réaction de Ngwenya, cela restera un très grand moment pour lui. Des moments comme ça donnent le petit plus nécessaire aux Etat-Unis et c'était une superbe équipe à voir. A 24-10 à la mi-temps, le match n'était pas perdu, mais les Sud-Africains ont su dominer et scorer pour une autre victoire très convaincante.

En quart de finale, les Sud-Africains rencontreront les Fidji qui se sont qualifiés grâce à une superbe victoire sur les Gallois. Les Sud-Africains seront favoris de cette rencontre, mais il ne faut pas éliminer tout de suite les Fidjiens surtout après leur performance face aux Gallois. Ce sera serré pour eux surtout sans Nicky Little qui est un de leur joueur clé.

Néo-Zélandais et Français vont se retrouver dans un remake du match pour la troisième place du Mondial 2003 et non pas je l'espère pour un remake de 1999. Ce sera le premier vrai test-match des Blacks du tournoi ce qui ne sera pas une chose facile surtout face aux Français qui vont s'expatrier à Cardiff loin de la pression. Il faut aussi rappeler que les Bleus ont un meilleur taux de réussite face aux Blacks loin de Paris, ce qui ne fait qu'accentuer la difficulté !

Le troisième quart de finale oppose l'Angleterre à l'Australie et cela pourrait se finir en la plus rapide élimination des Anglais en Coupe du monde et une perte définitive de leur couronne mondiale. Ce remake de la finale de 2003 rappellera, j'en suis sûr, de nombreux souvenirs et la partie sera très intense avec peut-être quelques feus d'artifice :

Bonne chance à toutes ces équipe qui se sont qualifiés pour les quart de finale. C'est la dernier ligne droite de la compétition, des matchs couperet qui décideront de l'avenir des équipe. Atteindre les quart de finale, met un terme aux matchs de poule. Il faudra oublier les matchs joués jusqu'alors et regarder les quarts avec un &oeligil nouveau. Ce qui arrive en poule n'est pas révélateur et il faut maintenant réaliser les meilleurs performances. A cette étape de la compétition, la plus petite faute peut coûter une place en demi-finale et comme je l'ai dit ci-dessus il y a beaucoup d'erreur commises y compris par les meilleurs. J'attends ce week-end avec impatience et je serai à Cardiff pour voir les Blacks avant de revenir à Paris pour assister à Argentine-Ecosse. Ce sera un gros week-end ! Jonah

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