La chronique de P.Villepreux

Par Rugbyrama
Publié le
Partager :

Notre consultant Pierre Villepreux revient sur la mise en place des nouvelles règles à partir de la saison prochaine. Mais il regrette qu'elles n'aient pas tout été retenues.

Le verdict concernant les nouvelles règles est tombé. Elles seront expérimentées à partir de la prochaine saison dans le monde entier et ce pendant un an. La validation définitive sera alors décrétée incluant les aménagements correspondant à l"évaluation faite pendant la saison.

Je confirme qu'il est regrettable de ne pas les avoir toutes conservées. Ce faisant, on refuse la richesse globale et la cohérence proposées par l'ensemble des nouvelles règles et de fait, les interactions tactiques et réglementaires que chaque règle génère. Il ne s'agit pas de les entendre comme une rupture avec le jeu actuel mais bien de les percevoir comme une valorisation de celui-ci. La peur de voir le jeu se diluer dans un mouvement sans fin au détriment du combat est sans doute pour certains un élément anxiogène. On ne peut le retenir puisque les statistiques faites lors des 2 années d'expérimentation montrent que la place justement réservée aux phases de combat est largement tout autant présente que dans le jeu actuel.

Je regrette donc que dans la règle Plaqueur- plaqué et les situations de ruck qu'elle procurait, n'ait pas été retenue. En ne laissant pas aux défenseurs le droit de contestation du ballon, on va encore autoriser un avantage majeur aux attaquants pour la conservation du ballon. Avantage qui s'avère être, tout à la fois, dans un deuxième temps, un désavantage puisqu' il facilite le replacement défensif en surnombre sur toute la largeur hypothéquant ainsi les enchaînements de jeu efficace des attaquants puisque ceux-ci à des fins de conservation sont obligés d'impliquer plus de joueurs.

En changeant la règle, il s'agissait dans cette phase de jeu essentielle (moyenne 140/150 situations de ruck) de permettre aux défenseurs non seulement de lutter à armes égales avec les attaquants mais aussi de les intéresser à participer en plus grand nombre à la reconquête en leur donnant aussi la possibilité de contrer les "pick and go" qui sont le "malus" croissant du rugby actuel. Cet intéressement de la défense pour contester et récupérer la balle aurait aussi mobilisé plus de défenseurs créant de meilleures conditions pour les attaquants pour l'enchaînement successif.

En refusant dans le ruck de laisser, les joueurs debout, utiliser leurs mains pour récupérer la balle, on va voir les joueurs défenseurs ,ce qui est déjà le cas, s'impliquer pour gagner la bataille de la distribution dans l'espace et délaisser complètement la contestation et la reconquête du ballon. Les joueurs ont appris aujourd'hui, et demain ils sauront encore mieux le faire, comment ne pas s'engager dans une contestation inutile pour ne pas dire impossible, qui est et sera de plus en plus gérée subjectivement par l'arbitre. C'est pour cela que la défense dominera de plus en plus puisque c'est bien cette phase de jeu qui se reproduit le plus souvent dans le jeu actuel comparé au nombre de mêlées et touches.

Le jeu aujourd'hui, se gagne ou se perd, dans cette situation particulière plaqueur- plaqué et son enchaînement successif le ruck. Cette prépondérance défensive est encore plus réelle puisque les joueurs se déplacent de plus en plus vite et plus longtemps.

Compte tenu du nombre de fautes possibles dans cette situation, il est bien d'avoir maintenu les pénalités seulement pour hors jeu et jeu déloyal. Accorder des coups francs pour toutes les autres types de fautes va je l'espère faciliter la tache des arbitres et encourager les initiatives grâce aux plus grandes options tactiques que les coups francs vont développer.

Mais encore une fois même si la tache des arbitres sera facilitée il faudra que la règle soit réellement arbitrée et que le carton jaune ne reste pas seulement une menace (notion de fautes répétées).

Changer les règles trop souvent serait un problème mais s'assurer tous les 4 ans, d'une coupe du monde à l'autre que l'évolution du jeu oblige, certains aménagements et changements me paraissent logiques. Accepter le fait que les règles soient modifiées sans que le jeu soit dénaturé est déterminant si l'on veut que le rugby reste un jeu accessible à tous et qu'il continue à être joué par tous.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?