Le XV de France n'a pas la culture du limogeage

  • Bernard Laporte, le manager de Toulon - Avril 2016
    Bernard Laporte, le manager de Toulon - Avril 2016
Publié le
Partager :

Depuis 25 ans, jamais un sélectionneur n'a été débarqué en cours de mandat. Auparavant Jean Prat et Jacques Fouroux étaient partis prématurément, mais volontairement.

Depuis plus de vingt-cinq ans, le rythme des mandats de quatre ans a toujours été respecté pour les entraîneurs-sélectionneurs du XV de France. Pierre Berbizier, Jean-Claude Skréla, Bernard Laporte (deux fois), Marc Lièvremont et Philippe Saint-André ont tous eu quatre ans pour montrer ce qu'ils valaient. Mais dans sa longue histoire, a déjà connu des changements d'entraîneur intempestif. Rappelons que cette fonction de "patron" du XV de France, longtemps, n'a tout simplement pas existé. Le XV de France fonctionnait dans une sorte d'autogestion sous l'influence de son capitaine et d'un ou deux élus fédéraux qui accompagnaient l'équipe sans compétence technique très définie. Le choix des joueurs était assuré par un Comité de Sélection.

Jean Prat pionnier

Jean Prat fut le premier, en 1963, à occuper des fonctions de sélectionneur-entraîneur. Il fut aussi le premier à se faire virer, en 1967. Son départ fut la conséquence directe de l'élection de l'équipe Ferrasse-Batigne-Basquet à la tête de la FFR. Jean Prat était l'ennemi juré de Guy Basquet, depuis qu'ils avaient cohabité en équipe de France au début des années 50. L'expérience Prat ne pouvait pas durer, le boss du XV de France vécut et gagna pourtant le Tournoi 1967 mais s'éclipsa à la veille de la tournée de 1967 qui suivit en Afrique du Sud. Il n'était pas l'homme de la fédé tout simplement. On peut le classer dans la catégorie "poussé vers la sortie". Quand on relit la presse de l'époque, on est frappé du fait que l'événement passa presque inaperçu, et Jean Prat lui-même expliqua qu'il avait promis de longue date d'entraîner les… Barbarians britanniques pendant quelques jours et qu'ils ne pouvait se démettre de cet engagement. L'argument nous semble inconcevable aujourd'hui, mais à l'époque, il passa comme une lettre à la poste. Cette fonction était peu médiatisée, on s'intéressait plus aux joueurs qu'aux techniciens.

La crise de 1990

A noter que la fonction fut mise en sommeil jusqu'en 1981 et l'arrivée aux manettes de Jacques Fouroux. Le XV de France revint entre temps à l'autogestion puis à la formule bancale des "hommes de terrain" qui entraînaient les joueurs sans les choisir. Jacques Fouroux fut le patron des Bleus pendant neuf ans, jusqu'en 1990. Il survécut à une série de cinq revers en 1981-82. Il quitta ses fonctions juste après une tournée en Australie dans un contexte très particulier. Une crise terrible secouait la FFR et Fouroux voulait absolument succéder à Albert Ferrasse. Il était son fils spirituel mais il était tellement impatient qu'il voulut remplacer son mentor avant la prochaine échéance électorale. Elu fédéral lui-même, il le mit même en minorité au sein du Comité Directeur avant de monter sa propre liste.

Dubroca - Trillo cas particulier

Dans ces conditions, il partit de lui-même à un an de la Coupe du Monde et proposa même le nom de ses successeurs Jean Trillo et Daniel Dubroca pour mener les Bleus au Mondial. Ceux-ci n'ont duré qu'un an dans des conditions très difficiles et sont partis après un tournoi planétaire raté (élimination en quart de finale). Ce départ ne faisait aucun doute car leur mission était définie dès le départ. Daniel Dubroca rendit la fin du duo inéluctable après s'en être pris trop vertement à l'arbitre du quart de finale perdu. Un nouveau président de la FFR émergea, Bernard Lapasset. Celui-ci nomma Pierre Berbizier dès son élection en décembre 1991. Depuis, le rythme des quatre ans n'a jamais été brisé. Mais jamais un sélectionneur n'avait vécu la série noire que vit actuellement Guy Novès.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?