Corrihons: "Trois à quatre garçons qui sont vraiment au niveau"

  • Franck Corrihons, ancien entraîneur de Grenoble et spécialiste du rugby à VII
    Franck Corrihons, ancien entraîneur de Grenoble et spécialiste du rugby à VII
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25 tournois disputés dont deux Coupes du monde, Franck Corrihons a joué à VII de 1995 à 2001. Consultant pour Canal+ sur les deux derniers tournois de Dubaï et de Port Elizabeth, où la France a déçu, l’ancien entraîneur des trois-quarts de Grenoble estime qu’elle souffre avant tout d’un manque de régularité.

Dixième à Gold Coast en octobre, dixième à Dubaï et onzième à Port Elizabeth lors de ce mois de décembre, comment expliquez-vous que l’équipe de France à VII n’y arrive pas ?

Franck CORRIHONS: Pour moi, c’est compliqué à expliquer parce que je ne suis pas au cœur du projet et au quotidien avec eux à Marcoussis. Maintenant, quand on regarde les résultats sèchement, on peut être un peu déçus dans le sens où ce qui est paradoxal avec cette équipe, c’est qu’elle oscille entre le très bon et le très moyen. Elle est capable de faire des supers matches, de belles séquences, de battre le Portugal facilement (42-7), de faire une mi-temps contre les Fidji où elle tient le score, de revenir contre le Canada (de 0-21 pour l’emporter 24-21) et l’Argentine (de 0-19 à 21-26 à Dubaï). Mais par moments, on a l’impression que les Bleus sortent des matches. C’est un problème technique, stratégique ou physique parfois. Par exemple contre les Fidji en Afrique du Sud, ils tournent à 5-7 à la mi-temps, et ensuite ils s’effondrent et en prennent 40 (défaite 45-5). Les Bleus jouent de façon cyclique, ce qui fait qu’ils ont du mal à avoir des résultats réguliers. Aujourd’hui, malheureusement, ils sont à leur place, onzièmes.

Existe-t-il malgré tout des satisfactions individuelles sur les deux derniers tournois ?

F.C: Pour moi, il y a Candelon, qui est un puncheur, qui débloque les situations. Il y a Vakatawa, capable de casser les défenses et surtout de faire jouer après lui. Il y a l’activité de Dall’Igna, qui est intéressante en talonneur, et puis il y a Terry Bouhraoua, qui a vraiment le sens du jeu. Il y a trois-quatre garçons qui sont vraiment au niveau IRB. Et puis il y en a d’autres qui sont typiquement capables de faire des choses intéressantes, les Jané, Gobelet, Inigo, mais qui parfois passent un peu à côté de certains matches.

L'espoir de qualification pour les JO réside par le Tournoi européen en mai et juin

L’absence de Bouhraoua, blessé contre les Fidji au premier match à Port Elisabeth, a semblé peser sur le reste de la compétition pour les Tricolores…

F.C: Contre les Fidjiens, il a pris une manchette terrible qui l’assomme. On l’a vu faire la fin du match lors de la victoire contre le Canada (24-21) lors du dernier match de poules. Sur la dernière journée, le J2, il n’a pas malheureusement pas joué. Évidemment que ce garçon a manqué. Il peut jouer 9 ou 10, c’est un peu le régulateur de l’équipe, qui oriente et fait les choix.

Est-ce qu’il reste un petit espoir de qualification directe pour les Jeux Olympiques ?

F.C: Une qualification directe, il ne faut pas se mentir, cela va très être compliqué quand on voit le niveau aujourd’hui des Sud-Africains, des Néo-Zélandais ou des Australiens. Je ne vois pas comment on va pouvoir déloger ces équipes-là. Il y a effectivement cette quatrième place encore vacante mais il y a l’Argentine et l’Angleterre qui n’est pas loin. Aujourd’hui, déjà, il faudrait que les Français arrivent à se qualifier régulièrement pour la Cup, qui réunit les huit meilleures équipes de la compétition. Il leur manque ce petit quelque chose pour se qualifier: ils n’ont pas réussi à remporter le match crucial lors des deux tournois, que ce soit l’Argentine (21-26) à Dubaï ou l’Ecosse (12-19) en Afrique du Sud. L’espoir de qualification réside dans le tournoi européen. Il y a quatre dates aux mois de mai et juin, où la meilleure équipe sera qualifiée pour les JO, en espérant que l’Angleterre n’en fasse pas partie. La route est encore longue mais les échéances qui arrivent sont encore porteuses d’espoir pour l’équipe de France.

Il y a encore beaucoup de travail à faire pour l’équipe de France mais je suis convaincu ce qui est fait à Marcoussis est de qualité. Frédéric Pomarel est un entraîneur expérimenté

Les prochains tournois auront lieu à Wellington et à Las Vegas en février. Sur quels axes devrait travailler prioritairement la France pour s’améliorer ?

F.C: La régularité. Il faut peut-être aussi cibler un peu plus les matches. Quand on joue les Fidji, au premier match à Port Elisabeth, ou l’Afrique du Sud la prochaine fois à Wellington, ce sont des matches compliqués. Je pense qu’il faudrait faire un coaching assez rapide contre les Sud-Africains et surtout se focaliser sur les deux derniers matches, contre les Etats-Unis et le Japon, qu’il faut absolument remporter pour se qualifier en Cup. Après, il faudra voir ce que les Bleus vont mettre en place en termes de stratégie, pour être performants sur les rucks et leur capacité offensivement à tenir un peu plus le ballon. Ce que j’aime chez l’Afrique du Sud qui domine clairement le niveau mondial, c’est la palette stratégique que cette équipe possède. Les Sud-Africains sont capables de jouer au pied dans l’axe profond, dans le petit périmètre, dans les petits espaces. Ils sont extraordinaires sur les rucks, avec des soutiens au porteur ultra-efficaces. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour l’équipe de France mais je suis convaincu ce qui est fait à Marcoussis est de qualité. Frédéric Pomarel est un entraîneur expérimenté. Je pense surtout que ce qu’il faudrait que les Bleus fassent aujourd’hui, c’est qu’ils prennent du plaisir. Qu’ils se mettent peut-être un petit peu moins de pression au niveau des résultats et qu’ils pensent au contenu et à la capacité de jouer collectivement pendant deux fois sept minutes et sur la durée d’un tournoi.

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