Pomarel: "Ce n’est pas avec ces résultats que l’on gagnera en reconnaissance"

  • Pomarel : "Allumer des petits feux pour implanter le rugby à VII"
    Pomarel : "Allumer des petits feux pour implanter le rugby à VII"
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Après un nouveau tournoi décevant à Hong-Kong, l’équipe de France à VII (défaite en finale de Bowl) est revenue lundi à Paris. Après avoir quitté ses joueurs pour une semaine de récupération à l’issue d’un petit décrassage à Marcoussis, l’entraîneur Frédéric Pomarel, d’un naturel optimiste, a pris le temps de répondre à nos interrogations. Sans s’échapper pour autant sur les faiblesses des siens.

Encore une fois cette saison, vous devez rentrer déçu de ce tournoi de Hong-Kong ?

Frédéric POMAREL: Oui, forcément… D’abord, on n’a pas du tout rivalisé avec les deux grosses équipes en poule (défaites 31-7 contre l’Afrique du Sud, et 26-0 contre l’Australie, NDLR). Ensuite, on a joué deux matchs ternes, contre l’Espagne (14-10) et le Portugal (19-14 en quarts de Bowl), avec de l’enthousiasme, mais il nous a fallu batailler comme des fous pour l’emporter… C’est sur le match suivant, contre les Samoa (victoire 38-5 en demie de Bowl), que je suis le plus satisfait des joueurs. Enfin, une très bonne équipe d’Ecosse nous a fait exploser en finale de Bowl (31-5), et on n’a pas à rougir tant que cela. Mais ça reste décevant en termes de résultats.

Par rapport à vos ambitions, cela ne commence-t-il pas à faire beaucoup ?

F.P.: Oui, c’est sûr… Mais les choses s’expliquent. On a énormément de blessés cette saison. Entre Tokyo et Hong-Kong, on a encore dû lâcher trois joueurs… C’est très compliqué. Et puis je n’aide pas non plus le groupe, puisque je fais beaucoup de rotations, de tests… Il ne faut pas oublier que c’est une saison de transition. Mais je ne me cache pas: je pensais avoir plus de marge.

Vous voilà à la 11e place au classement IRB, alors que vous visez plutôt la 5e. Est-ce une preuve que le niveau s’est rehaussé ?

F.P.: C’est ce que certains me disent. Mais, comme nous, le Kenya ou les Samoa sont en restructuration. Après, en ce moment, il y a deux trouble-fêtes: le Canada et les Etats-Unis qui, avec leurs dernières performances, se trouvent dans le groupe intermédiaire. On connait bien ces joueurs qui sont depuis longtemps sur le circuit, et cela me surprend beaucoup… C’est bien pour eux, moins pour nous.

On a l’impression qu’ils ont su amorcer une dynamique que vous n’arrivez pas à impulser…

F.P.: Je crois qu’ils sont dans le même état que nous en début de saison dernière. Ce sont des cycles de groupe. Maintenant, ils sont plutôt en haut, pas nous. Évidemment, le doute s’est un peu installé. Mais je crois toujours en nos chances.

Etes-vous inquiet pour la qualification aux JO de Rio ?

F.P.: Mes inquiétudes existent depuis longtemps. Mais plutôt sur les modalités. Certes, je pensais construire cette équipe plus tôt, mais j’y arriverai, avec un peu de retard. C’est le processus de sélection qui me fait peur.

Il ne faut pas se mentir, on vise plutôt la 8e ou la 9e place au classement mondial. A plus long terme, sans l’apport de deux joueurs de gros calibre, ce sera compliqué.

A Hong-Kong, quelles ont été vos plus grandes difficultés ?

F.P.: Nous avions des blessés, mais c’est aussi une question de spirale. On n’est pas très bien dans les têtes. Surtout, j’ai aperçu un plus grave problème à Hong-Kong, que je ne sais pas encore expliquer: des difficultés sur notre conquête, alors que c’est plutôt un secteur que l’on maîtrisait jusque là.

Cela explique-t-il le nombre d’essais encaissés ?

F.P.: Sur la défense, je vois du mieux. Les joueurs ont fait beaucoup d’efforts. Mais on lâche toujours tellement de ballons aux adversaires… Enfin, je reste confiant, on devrait récupérer plusieurs joueurs pour le prochain tournoi à Glasgow, où l’on se déplacera, cette fois, sans décalage horaire. Toutefois, il ne faut pas se mentir, on vise plutôt la 8e ou la 9e place au classement mondial. A plus long terme, sans l’apport de deux joueurs de gros calibre, ce sera compliqué.

Entre chaque tournoi, vous prospectez donc à la recherche de bons profils ?

F.P.: Je m’y suis déjà remis… On cherche… Virimi Vakatawa, que nous avons intégré sur cette tournée asiatique, a été très performant. Il a le VII dans la peau. Nous sommes intéressés, mais il est sous-contrat avec le Racing. Aujourd’hui, des joueurs avec ses qualités, il n’y en a pas sur le marché. La plupart des jeunes que l’on sollicite ne veulent ou ne peuvent pas. Une équipe de France ne devrait pas avoir à faire ça. Mais on essuie refus sur refus…

Est-ce une preuve du manque de reconnaissance du VII en France ?

F.P.: La reconnaissance, on la gagne… Et ce n’est pas sur des tournois comme ces derniers que l’on débloquera la situation.

A Glasgow début mai, le tirage vous apparaît un peu plus favorable. Est-ce une bonne occasion ?

F.P.: C’est sûr qu’à cette période de marché des transferts, c’est le moment de faire de bons tournois. Notre poule est un peu plus accessible, mais elle restera difficile, avec de gros outsiders. Aux côtés de l’Angleterre, le Japon va arriver mort de faim, le Canada aussi… Il faut garder en tête que les nations olympiques sont les nations du VII de demain.

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