Au bonheur de Trinh-Duc

Par Rugbyrama
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Difficile de ressortir un homme après la victoire historique des Bleus en Nouvelle-Zélande (27-22) mais la performance de François Trinh-Duc est en tous points symbolique. Tombé en disgrâce à l'entame du dernier Tournoi, l'ouvreur montpelliérain, auteur du premier essai des siens, a pris sa chance.

Match atypique que celui de François Trinh-Duc, à l'image de sa trajectoire en équipe de France depuis un an et demi. Lancé à seulement 21 ans par Marc Lièvremont à sa prise de fonction, il est toujours apparu comme le pari du sélectionneur. Cela ne l'a pas empêché de lui enlever les clés de l'attaque française au début du dernier Tournoi des 6 Nations. Lionel Beauxis semblait installé dans le fauteuil d'ouvreur pour dix ans selon les mots de Lièvremont… C'était sans compter sur le Montpelliérain dont la rencontre en Nouvelle-Zélande marque le retour aux commandes.

Soulagé au pied par Traille

Toute la ligne d'arrières française s'est adaptée aux caractéristiques de son ouvreur. Aussi bien à ses qualités qu'à ses défauts. Si François Trinh-Duc était bien le chef d'orchestre des Bleus en phase offensive, il s'éclipsait au large quand son équipe était sous pression. La raison : Il fallait le soulager au pied. En effet, si sa virtuosité n'a que peu d'égal à son poste en France balle en main, le joueur n'est pas reconnu pour la longueur et la précision de son jeu au pied, comme en attestent ses trois drops ratés ou son dégagement plein axe, à la 55e, qui offrait une opportunité de relance dont raffolent les hommes de Graham Henry. C'est une des raisons pour lesquelles Damien Traille avait été titularisé au centre. Et le Biarrot se chargeait donc de prendre le relais de Trinh-Duc quand les Bleus avaient besoin de souffler. Du coup, sur les relances néo-zélandaises, ce dernier était repositionné à l'extérieur de la ligne défensive du XV de France, voire en deuxième rideau comme lorsqu'il était à la réception d'un coup de pied à suivre néo-zélandais à la 52e. Une subtilité tactique qui a porté ses fruits.

Quand son équipe partait à l'assaut de l'en-but adverse, c'était pourtant bien lui qui menait le jeu des siens. Et attaquait la ligne sans cesse, gagnant physiquement ses duels et déstabilisant le bloc défensif all black. François Trinh-Duc avait quand même mis plusieurs minutes à entrer dans son match. Les jambes trépignaient mais les mains étaient encore un peu glissantes. Après deux mauvais choix d'entrée, sur une des premières actions au large dans le camp local, Louis Picamoles lui adressait une passe lobée, légèrement dans son dos, que l'ouvreur héraultais ne parvenait pas à maîtriser… L'intention était là. Et la partie seulement remise.

L'éclair de génie

A la 18e, Trinh-Duc faisait parler la poudre. A la sortie d'une mêlée française, le troisième ligne centre des Bleus fixait le demi de mêlée all black et le jeune ouvreur profitait du replacement sur l'extérieur des deux défenseurs adverses pour prendre l'intervalle. Le reste n'était que pur brio. Il sortait des griffes de deux joueurs avant de repiquer à l'intérieur. Encore 15 mètres à parcourir. Il se montrait assez costaud pour cartonner deux autres Néo-Zélandais avant de résister au retour de Thomson. Du grand art pour le premier essai français qui mettait toute son équipe sur de bons rails et lui ouvrait la voie du succès.

Le match de l'ouvreur, comme celui du XV de France, était définitivement lancé. Et la confiance retrouvée. Sur l'engagement suivant son coup de génie, il sauvait une touche dans ses 22 mètres avant de dégager les siens. Quelques minutes plus tard, il trouvait encore un intervalle improbable avant de passer les bras pour Traille. Un léger en-avant endiguait cette occasion mais Trinh-Duc n'hésitait pas à prendre ses responsabilités et de nombreuses initiatives. A l'image de ses coéquipiers, le jeune ouvreur était moins en vue en deuxième mi-temps et se contentait de défendre et de s'adonner aux tâches plus obscures. Avec cette victoire historique, la France "version Lièvremont" tient son match référence. François Trinh-Duc aussi…

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