1987, l’apothéose

Par Rugbyrama
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Chaque jour notre site revient sur un exploit marquant du XV de France dans l'hémisphère sud à travers des anecdotes tirées, notamment, des éditions de Midi Olympique de l'époque. 4e volet avec la victoire le 13 juin 1987 à Sydney, en demi-finale de la Coupe du monde face aux Australiens (30-24).

Il est des victoires qui trôneront à jamais dans le ciel du rugby français, plus brillantes et plus étincelantes que toutes les autres. Celle là en fait partie. Les Français étaient attendus pour ces premières demi-finales mondiales de l'histoire du rugby, mais pas favoris. Restés sur un Grand chelem précédé d'une victoire de prestige face aux All Blacks à Nantes en novembre 1986 (16-3), ils faisaient néanmoins figure d'outsiders. Car l'Australie, depuis l'automne 1984, s'était placée comme une référence en terme de modernité et d'ambition dans le jeu. A sa tête, un entraîneur excentrique, Alan Jones, qui avait su tirer la quintessence du travail de son prédécesseur, Bob Dwyer. Un jeu qui rebondissait avec, véritable révolution, des trois-quarts quasiment à plat. Aucun doute, les Wallabies étaient les grands favoris chez eux, pour cette demi-finale sur le terrain champêtre du Concorde Oval de Sydney.

Nayrou : "Un extraordinaire spectacle"

Les Bleus étaient d'autant moins favoris qu'ils avaient connu toutes les peines du monde à éliminer les Fidji en quart de finale. Ils avaient dû compter sur une maladresse grossière de Koroduadua pour s'imposer 31-16 au final. Personne, ou presque, ne croyait en eux à l'aube de ce match historique. La première partie de la rencontre confirmait d'ailleurs cette impression. Rapidement menés 9-0 (29e), les Français subissaient en début de match. Un essai en solitaire de Lorieux juste avant la mi-temps leur permettait toutefois de rester dans la course.

La suite fut une merveille. On raconte que Franck Mesnel a tellement été marqué par cette rencontre qu'il a, à l'occasion d'un retour en Australie, été voir le concierge du stade pour racheter le cadenas de l'entrée principale. Modeste trophée du "plus grand match de tous les temps" comme se plaît à le qualifier la presse britannique. Une presse dithyrambique qui saluait unaniment l'exploit des Bleus après le match, à l'image d'Henri Nayrou, envoyé spécial pour Midi Olympique : "Même engagement, même agressivité, même odeur forte mais en plus un rythme fou, des adversaires jamais résignés comme ce fut le cas à l'automne déjà et surtout un extraordinaire spectacle au bout d'un fabuleux suspense. Bref, en résistant à la "néo-zélandaise" et en jouant à la française, le XV de France s'attire le plus beau compliment qu'on puisse faire à une équipe de rugby."

Et Blanco délivra la France

L'image la plus forte de cette demi-finale de légende ? L'essai de Blanco bien évidemment – même si ceux de Sella et de Lagisquet pourraient être visionnés dans les écoles de rugby -. Retour en arrière : les cardiaques frôlaient le malaise alors que les deux équipes étaient au coude à coude 24-24 pendant les arrêts de jeu. C'est la que la magie allait opérer. Une relance française aux 40 mètres donnait la balle à Lagisquet qui tapait a suivre. Lorieux ne pouvait récupérer aux 35 mètres australiens mais Champ s'en saisissait et passait à Ondarts qui, tel le pilotari relevant une balle qui va mourir, la rattrapait et donnait à droite à Garuet. Nouveau temps de jeu. Charvet renversait pour Berbizier à la sortie d'un regroupement. Relais de Lagisquet, puis de Rodriguez qui adressait l'ovale à Blanco. L'arrière, de ses courses chaloupées et insaisissables, sprintait sur quinze mètres et plongeait dans l'en-but près du drapeau de coin.

Mythique. Le XV de France venait d'écrire une des plus belles pages de son histoire et accédait à la première finale de Coupe du monde, face à la Nouvelle-Zélande. On connaît la suite…

La fiche technique :

A Sydney, France bat Australie par 30 points à 24 (mi-temps: 6 à 9), par beau temps, sur un terrain assez bon.

Pour les vainqueurs : 4 essais de Lorieux, Sella, Lagisquet et Blanco; 2 pénalités et 4 transformations de Camberabero.

Pour les vaincus : 2 essais de Campese et Codey; 3 pénalités, un drop et 2 transformations de Lynagh.

FRANCE : Blanco; Camberabero, Sella, Charvet, Lagisquet; (o) Mesnel, (m) Berbizier; Erbani, Rodriguez, Champ; Condom, Lorieux; Garuet-Lempirou, Dubroca, Ondarts.

AUSTRALIE : Campese; Grigg, Slack, Papworth, Burke; (o) Lynagh, (m) Farr-Jones; Poidevin, Coker, Miller; Cutler, Campbell; Mc Intyre, Lawton, Lillicrap.

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