1967, le trésor est intact

Par Rugbyrama
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Chaque jour, notre site revient sur un exploit marquant du XV de France dans l'hémisphère sud, à travers des anecdotes tirées, notamment, des éditions de Midi Olympique de l'époque. Troisième épisode avec la troisième tournée victorieuse en terres sud-africaines, en 1967.

C'est un XV tricolore qui a fait peau neuve qui va se présenter en terres sud-africaines. En effet, par rapport à la précédente tournée, celle mémorable de 1964 conduite par Michel Crauste, de nombreux nouveaux visages sont apparus et vont connaître leur baptême du feu dans l'hémisphère sud. La mission de la tournée étant bien évidemment de préserver le trésor conquis successivement par le XV de Mias en 1958 et celui de Crauste en 1964 (aprés avoir été conservé en 1961 par les troupes de François Moncla, mais à domicile), qui avait chacun arraché une victoire sur ce sol si dur à prendre.

Une mission bien délicate pour cette sélection d'à peine 26 ans de moyenne d'âge, avec des jeunes joueurs comme Claude Dourthe (19 ans) ou Jacques Londios (21 ans), qui devra de surcroît se passer de la maturité de ses deux piliers titulaires Gruarin et Berejnoï. Rappelons aussi le poids que peut peser dans les bagages dix ans de succès face aux Boks et un titre dans le Tournoi des cinq nations qui placent du coup les Français en position de favori. C'est donc une nouvelle génération de rugbymen tricolores qui s'apprête à effectuer ce qui était alors la plus longue tournée de toute l'histoire du rugby français.

Le périple sud-africain

Et il faut dire que les Sud-Africains, probablement revanchards et enragés de ne plus retrouver leur ancienne hégémonie, avaient concocté un sacré road trip à leurs amis français. Un périple plus long que la moitié de la terre, de quoi épuiser et venir à bout de la volonté des plus coriaces gaillards. Jamais non plus les tricolores n'auront eu autant de combats à livrer, treize au total (trois de plus qu'en 1958) dont quatre test, trois d'entre eux étant joués en deux semaines ! Un sacré défi lancé à l'endurance des Français, qui sera de façon abusive mise à l'épreuve.

"Qu'en sera t-il du moral des Français au bout d'un mois de pérégrinations", se demandait alors Georges Pastres dans les colonnes de Midi olympique ? L'usure, la lassitude, et la pression psychologique qui naturellement s'installeraient du côté français, allaient forcément peser dans cette campagne interminable. Du côté des Boks, on s'était mis à l'abri. En effet, la séléction sud-africaine n'avait pas grand chose à perdre, mais par contre, tout son honneur à reconquérir, et d'évidence, elle aurait plus de chances d'y parvenir sur quatres confrontations. Le docteur Craven, président de la fédération sud-africaine, déclarait d'ailleurs, comme le relatait Midi Olympique : "Notre prestige rugbystique subit une épreuve de vérité."

Cambé, un homme dans la campagne

Guy Cambérabéro, l'ouvreur tricolore, jouissait d'une réputation qui avait traversé les frontières continentales, et les Sud-Africains frappés par ses exploits pendant le Tournoi des cinq nations, l'avaient amicalement baptisé "Tom pouce". Les deux premiers tests furent donc largement dominés par les Springboks. Une victoire le 15 juillet à Durban (26-3), et une seconde la semaine suivante à Bloemfontein (16-3). Autant dire que dans les rangs français, on commençait sérieusement à douter d'une éventuelle performance qui s'éloignait tristement. Mais c'était sans compter sur l'orgueil des joueurs. Un orgueil de bête blessée qui allait être la clef de l'exploit lors du troisième test et sauver la tournée d'une déroute annoncée.

Ce 29 juillet 1967, à Johannesburg, les Français allaient obtenir leur revanche, en jouant avec leurs armes, c'est-à-dire serrer le jeu autour de leurs avants en profitant de leur puissance, et en évitant que le ballon ne soit trop porté sur les extérieurs, domaine où les lignes sud-africaines, plus rapides, excellaient. La conquête en touche et le pied de "Cambé" allaient faire le reste. Au final une victoire inestimable (19-14), qui serait confirmée le 12 août lors du quatrième test par un match nul arraché au Cap (6-6).

Les bleus donnèrent ainsi de l'éclat à une tournée qui aurait pu s'achever en fiasco en évitant de renter fanny à la maison, et de dilapider l'héritage prestigieux qu'ils avaient entre les mains. Une fois encore, l'équipe de France montra toutes les ressources qu'elle est capable de trouver lorsqu'elle est au pied du mur, en capitalisant sur le courage et le talent de ses hommes, jamais meilleurs que quand ils sont condamnés à l'exploit. Une question d'honneur probablement.

Bilan: 13 matchs joués, 8 victoires, 4 défaites et 1 match nul

209 points marqués et 161 encaissés

Fiche technique:

Le 29/07/1967 à Johannesburg: Afrique du sud/ France: 14-19 (mi-temps 6-8)

Afrique du sud: 2 essais Olivier, Ellis- 1 transformation Visagie- 2pénalités Naude

France: 2 essais: Cabanier, Trillo- 2 transformations: G. Cambérabéro- 1 pénalité: Lacaze- 2 drops: Cambérabéro

COMPOSITIONS:

AF SUD: H.De Villiers- Engelbrecht, Gainsford, Olivier, Dirksen- (o) Visagie- (m) D.De Villiers(cap)- Ellis, De Waal, Greyling- Naude, Caresle- Neethling, Pitzer, Kotze

FRANCE: Lacaze Claude- Duprat Bernard, Dourthe Claude, Trillo Jean, Londios Jacques- (o) Cambérabéro- (m) Puget Marcel- Spanghero Walter, Lasserre Michel, Carrere Christian- Dauga Benoit, Plantefol Alain- Fort Jacques(cap), Cabanier Jean- Michel, Abadie(P) André

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