"À quand l’égalité sur les questions de santé ?"

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FEMININES - Face à l’intensité des chocs, les commotions cérébrales menacent de plus en plus l’intégrité physique des joueurs de rugby. Des joueurs ET des joueuses ! Mais à ce jour, le protocole commotion n’est toujours pas appliqué dans le championnat féminin (Top 8). Une situation inquiétante.

Les images du KO du Toulousain Alexis Palisson, pulvérisé par la charge du Rochelais Levani Botia, ont fait le tour des réseaux sociaux ce week-end. Un buzz compréhensible compte-tenu de la violence du choc et de la stupeur de tous les observateurs en voyant l’ancien Briviste revenir sur la pelouse d’Ernest-Wallon quelques minutes plus tard. Un dossier scandaleux pour le vice-président la FFR, Serge Simon. Mais qu’en est-il dans le championnat féminin ? Demi d’ouverture du club de Lille (LMRCV), Alexandra Pertus milite pour que le protocole commotion s’applique enfin au Top 8.

Alexandra, quelle est à ce jour la situation du rugby féminin par rapport au protocole commotion ?

Alexandra PERTUS : C’est très simple, cette saison, avec mon club de Lille, nous avons été confrontés à trois reprises, en plein match, à un problème de commotion présumée. Mais à chaque fois, l’arbitre nous a bien rappelé qu’il n’y avait pas de protocole possible. Et ce, pour une bonne raison, nous n’avons pas de médecins de clubs ou de la FFR sur le bord du terrain. On s’inquiète pour les garçons et c’est bien normal. Je ne souhaite surtout pas polémiquer sur ce point mais à quand l’égalité sur les questions de santé ?

Il faut repenser tout le schéma médical sur la protection de la joueuse

Mais concrètement, que se passe-t-il quand une joueuse se retrouve KO sur le terrain ?

A.P : Quand la fille est un peu folle parce que le rugby, c’est sa vie, elle décide de continuer le match. On est comme les professionnels. On ne veut jamais sortir du terrain. Les kinés ne voient pas tout ce qui se passe. La joueuse prend alors le risque de mettre sa santé en danger. Il n’y a aucune protection de la joueuse. Même si nous ne sommes pas professionnelles, il faut voir les heures d’entraînement qu’on s’enquille tous les jours. Certes, on ne gagne pas d’argent mais on s’entraîne aussi dur qu’un homme. La fatigue est très présente et les risques que l’on prend sont plus grands. Il faut absolument que des médecins suivent les équipes du Top 8.

Merci @DrSergeSIMON, complétement d'accord ac vous.Mais est ce qu'il n'est pas plus inacceptable que le #ProCom n'existe pas ds le RugbyFem? pic.twitter.com/nT35j6L0qd

— Pertus Alexandra (@AlexPertus) March 7, 2017

La santé des joueuses est à ce point délaissée ?

A.P : Il faut savoir que les joueuses de rugby féminin, en dehors de l’équipe de France, n’ont pas de tests obligatoires avant de commencer la saison. Elles ont juste une licence à remplir mais il n’y a pas de tests cardio, neurologique, rien. On peut commencer le rugby sans avoir fait le moindre test. Il faut repenser tout le système sur la protection de la joueuse. C’est un sujet qui doit être pris en compte assez vite et sérieusement.

Chez les garçons, les épaules permettent d’absorber les chocs. Les filles, elles prennent tout en pleine tronche

Les chocs sont-ils de plus en plus fréquents sur les rencontres de Top 8 ?

A.P : Contrairement à ce qu’on peut penser, les impacts sont violents chez les filles. Il y a peut-être moins de vitesse que chez les hommes, les filles sont moins musclées mais le choc reste vraiment intense. Et elles sont même moins protégées dans la mesure où elles font moins de musculation. Chez les garçons, les épaules permettent d’absorber les chocs. Les filles, elles prennent tout en pleine tronche. Les clubs doivent permettre aux joueuses de mieux se préparer physiquement mais la priorité est de mettre en place un schéma médical.

Les joueuses ou les Présidents de clubs du Top 8 essayent-il de sensibiliser la FFR à ce sujet ?

A.P : On n’a pas engagé de discussions. Il y a cinq, six ans, il y avait moins de commotions. Et une fille qui prenait un coup, ce n’était pas grave. Mais il y en a de plus en plus. On aimerait échanger avec les dirigeants français pour donner plus de moyens au rugby féminin. Depuis la Coupe du monde féminine en 2014, beaucoup de choses ont évolué pour la joueuse de rugby sur le plan de la promotion, des matches télévisés mais il faut encore que ça bouge. Il ne faut pas attendre que le rugby féminin soit frappé par une grave blessure.

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