Darricarrère: "Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve mais je suis totalement investi"

  • David Darricarrère, entraîneur de Castres - novembre 2014
    David Darricarrère, entraîneur de Castres - novembre 2014
  • Serge Milhas et David Darricarrère, les deux entraîneurs de Castres
    Serge Milhas et David Darricarrère, les deux entraîneurs de Castres
  • Darricarrère et Milhas lors de la finale d'accession La Rochelle-Lyon (mai 2010)
    Darricarrère et Milhas lors de la finale d'accession La Rochelle-Lyon (mai 2010)
Publié le Mis à jour
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Du contexte délicat du CO en Top 14 à l’annonce de l’arrivée de Christophe Urios l’année prochaine, David Darricarrère, l’entraîneur des lignes arrières de Castres a répondu à toutes nos questions sans rien éluder. Extraits…

Dans quel état d’esprit avez-vous récupéré les joueurs en début de semaine après la défaite à Pierre-Antoine contre le Racing ?

David DARRICARRÈRE: Forcément, on a pris un coup sur la tête. Après la séance vidéo, on a bien vu qu’on avait fait un très mauvais match. Les joueurs en sont conscients. On s’est mis dans une situation délicate pour la fin de saison. On leur a bien expliqué qu’aujourd’hui, il n’y avait plus d’autres objectifs que celui de sauver le club. C’est un état d’esprit particulier. Il faudra vite avoir cet état d’esprit si on veut continuer à essayer de gagner des matches.

Avez-vous senti des joueurs touchés mentalement et psychologiquement ?

D.C: Bien sûr parce que les joueurs n’ont eu que le dimanche pour digérer la défaite contre le Racing. La situation leur fait mal autant qu’à nous. Les joueurs ne sont pas abattus mais ils ont pris un coup derrière la tête.

Est-ce la défaite qui fait le plus de mal pour l’instant cette saison ?

D.C: Oui, c’est certain. La défaite à Bordeaux a été très difficile à digérer également mais c’est vrai que celle-là fait très mal. D’une part, elle est à Pierre-Antoine et d’autre part, elle fait très mal par rapport au contenu rendu. C’est un des plus mauvais contenus de la saison.

Aujourd’hui, il ne reste plus qu’un objectif

Quels leviers pouvez-vous encore activer pour faire réagir le groupe ?

D.C: Il nous reste le levier de l’objectif. Aujourd’hui, il ne reste plus qu’un objectif et il faut tous ensemble se mettre derrière cet objectif d’équipe et de club. Le danger en ce moment serait que les objectifs personnels dépassent les objectifs d’équipe. Il y a beaucoup de joueurs qui ont des objectifs personnels. Du fait de notre situation, il faut absolument les mettre de côté et se ranger derrière cet unique objectif qui est très important. Il peut aussi être générateur de plaisir. Une équipe qui bataille pour se sauver peut aussi créer des liens, se resserrer et vivre une belle aventure humaine. C’est dans cet état d’esprit que nous devons être.

Pensez-vous que les joueurs l’ont tous compris ?

D.C: Je l’espère. L’avenir nous le dira mais on sera très vigilant par rapport à cela. Aujourd’hui, les objectifs personnels de chacun, qu’ils soient internationaux pour la Coupe du monde ou simplement de reconduction de contrat, passent par la réussite collective. C’est important pour les joueurs mais aujourd’hui, on a vraiment besoin de se resserrer et de se recentrer sur l’objectif qui est la survie du club en Top 14.

Vous allez désormais disputer deux matches de Champions Cup contre les London Wasps. Quel est l’intérêt de cette compétition lorsqu’on est dernier du Top 14 ?

D.C: Cela reste quand même une compétition très importante avec un niveau très élevé. Cela ne peut que faire grandir les garçons d’un point de vue technique et tactique. On s’est aussi gagné le droit de jouer cette compétition. On ne doit pas non plus la mettre par-dessus l’épaule même s’il est vrai que l’objectif du club reste avant tout le maintien en Top 14. Cette période doit nous permettre de trouver un état d’esprit de conquérant, de batailleur et de gagneur pour nous sauver.

Ne craignez-vous pas de nouvelles blessures ?

D.C: À nous de faire en sorte de bien gérer l’effectif pour avoir toutes nos forces vives dans le championnat. Ce sera également important. Mais les joueurs peuvent également se blesser lors des entraînements sans jouer les matches. On sera évidemment vigilant pour ce point.

Serge Milhas et David Darricarrère, les deux entraîneurs de Castres
Serge Milhas et David Darricarrère, les deux entraîneurs de Castres

Selon vous, l’annonce de l’arrivée de Christophe Urios l’année prochaine a-t-elle perturbé le groupe avant ce match contre le Racing?

D.C: Avec du recul, sans doute mais pas au autant pour produire un contenu aussi mauvais que samedi dernier. Beaucoup d’éléments ont dû être perturbés mais de là à rendre une copie comme cela, je ne pense pas. Mais oui, c’est forcément une situation un peu délicate dans l’indécision.

Ma thérapie reste le terrain. Quand je suis sur le terrain, je suis vraiment hyper motivé, très concentré et vraiment déterminé avec les joueurs

Et vous ?

D.C: Bien sûr, je ne vais pas dire que tu accuses le coup dans ce genre de moment mais tu prends acte. Tu prends acte des décisions et il y a forcément une remise en question qui s’installe. Cette remise en question est permanente mais ma thérapie reste le terrain. Quand je suis sur le terrain, je suis vraiment hyper motivé, très concentré et vraiment déterminé avec les joueurs et avec mon boulot. Le terrain est très important pour moi. Le terrain efface tout.

Vous attendiez-vous à cette annonce ?

D.C: Non, je ne m’y attendais pas. On l’a appris soudainement. Mais il faut l’accepter. Quand on est entraîneur, tu es aussi respectueux de la hiérarchie et quand ton président juge que c’est le bon moment pour faire venir quelqu’un au-dessus de toi, il faut l’accepter même si cela peut aussi être déstabilisant. Cela mets aussi un coup de pied aux fesses. Cela te donne encore plus de détermination. En tout cas pour ma part, cela me donne encore plus de détermination et de motivation pour prouver ma compétence.

Selon vous, est-ce une forme de désaveu ?

D.C: On peut le prendre comme cela mais le président aurait aussi pu nous débarquer après cette annonce mais il n’en est rien. Au contraire, il nous a confortés pour mener à bien la mission qui est de sauver le club. C’est certainement le timing qui a voulu que Christophe Urios et le président se mettent d’accord sur leur avenir commun. L’annonce a certes été brutale pour nous mais je l’assimile très bien. Je comprends les positions de chacun même si le fait qu’il ait signé un long bail montre peut-être également qu’il pense que c’est l’homme de la situation.

L’aventure avec les joueurs est tellement forte que je me dois de continuer à la vivre tant qu’on m’autorise à le faire

Comment faites-vous pour rester concentré alors que votre avenir reste flou ?

D.C: Ce n’est pas mon boulot, c’est avant tout ma passion. Je suis passionné par ce que je fais. J’y mets tout mon cœur. J’estime avoir beaucoup de chance de vivre ma passion. Je suis à fond. L’aventure avec les joueurs est tellement forte que je me dois de continuer à la vivre tant qu’on m’autorise à le faire. Je m’entends très bien avec tous les joueurs. On a une aventure à vivre. Elle est ce qu’elle est. Quoiqu’il en soit, je m’investis à 200% pour que l’aventure se termine du mieux possible.

Est-ce un des moments les plus difficiles à gérer de votre carrière d’entraîneur ?

D.C: Quand on a de bons résultats, c’est également compliqué parce qu’il faut aussi gérer tout ce qu’il y a autour de la réussite. Cela fait partie du job de vivre ces moments. Beaucoup d’entraîneurs l’ont déjà vécu et d’autres le vivront aussi. Il faut l’appréhender de manière professionnelle même si cela reste difficile. On est forcément un peu touché psychologiquement. C’est un moment difficile mais je reste quelqu’un d’optimiste. Derrière ce moment compliqué, il y a toujours un moment de bonheur et de plaisir donc je vais tout faire pour aller le chercher.

Pensez-vous à votre avenir ?

D.C: Pas vraiment, c’est difficile. Quand je suis chez moi, Il faut arriver dans des moments de calme à essayer de se projeter parce qu’on a une famille. On est amené à bouger dans ce métier et je savais très bien que cela pouvait arriver. Il n’y a pas de souci. Pour l’instant et jusqu’à la fin, je penserai uniquement à mon club et à mon équipe.

Je n’ai pas eu de contact avec Christophe Urios

Cela signifie que vous n’avez pas été contacté ?

D.C: Non, pas du tout. Pas pour l’instant. Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve mais je suis totalement investi avec le club et l’équipe jusqu’à la fin

Pourriez-vous continuer à entraîner sans Serge Milhas ?

D.C: On l’a déjà fait. Cela fait partie du boulot. Lui comme moi, s’il est sollicité tout seul, il étudiera la chose et si on est sollicité ensemble, on étudiera la chose aussi. C’est vrai qu’on a l’habitude de fonctionner ensemble. On a un fonctionnement qui nous va assez bien mais il faut aussi appréhender le fait que c’est un métier où l’on peut être chacun de son côté.

Pourriez-vous travailler avec Christophe Urios ?

D.C: Pour le moment, cette question ne se pose pas. Je n’ai pas eu de contact avec Christophe Urios. Même si je connais l’homme, je ne connais pas l’entraîneur donc pour l’instant, la question ne se pose pas.

Darricarrère et Milhas lors de la finale d'accession La Rochelle-Lyon (mai 2010)
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