Northampton: Hartley, coeur à vif

La nouvelle suspension de trois semaines fin décembre de Dylan Hartley, le capitaine de Northampton au casier déjà bien rempli avant d'affronter le Racing-Métro samedi en Coupe d'Europe, commence à inquiéter toute l'Angleterre avant "sa" Coupe du monde 2015. Agé de 28 ans, l'écorché vif de Rotorua, qui a grandi dans une ferme en Nouvelle-Zélande et joué pieds nus jusqu'à 11 ans avant de découvrir à 17 ans un style anglais plus arrondi, cumule désormais 50 semaines de suspension depuis ses débuts professionnels en 2004. Hartley a été énormément soutenu par Stuart Lancaster (le sélectionneur) mais il a désormais brûlé tous ses jokers, résumait ainsi récemment John Taylor, l'ex-international gallois devenu consultant. L'idée qu'il puisse dégoupiller pendant le Mondial et coûter à l'Angleterre une chance de le remporter doit obséder (Lancaster).

Le "palmarès" du talonneur, boule de muscles de 110 kg pour 1,85 m et incontestable capitaine des "Saints" depuis 2009, est en effet éloquent: 26 semaines en 2007 pour une double fourchette, 8 semaines en 2012 pour une morsure, encore deux en décembre de la même année pour un coup de poing, puis 11 en mai 2013 pour une exclusion suivie d'insultes au corps arbitral. Cette sanction lui avait même coûté ensuite sa place pour la tournée les Lions britanniques et irlandais en Australie. Autant de raisons qui lui ont valu de "collaborer" avec le psychologue du sport Steve Peters, célèbre pour ses résultats avec les cyclistes britanniques lors des Jeux Olympiques 2012.

Un danger public incontrôlable

Steve m'a dit que toutes les semaines je devais me préparer de la même façon, décryptait Hartley en 2013. Il y a beaucoup de choses à faire avant un match, et pour moi tout particulièrement une préparation mentale. Le bouillant avant, qui a snobé Montpellier cet hiver pour prolonger trois ans en lorgnant une carrière à vie aux Saints, sait pourtant se renouveler. Un coup de coude lui a ainsi valu sa cinquième et dernière suspension, qui vient de s'achever. Pour tuer le temps, il a repeint le vestiaire de son équipe... mais il a fallu repasser derrière lui.

Malgré toute la patience de son psychologue pour canaliser son énergie et sa colère, Hartley (61 sélections), capitaine occasionnel du XV de la Rose, est de nouveau sur le fil du rasoir avec la pression qui commence à monter en Angleterre, qui rêve d'un deuxième sacre planétaire. Repéré en 2002 par Worcester lors de vacances familiales dans le Sussex, il reconnaissait lui-même en 2011 avoir été un danger public incontrôlable mais jurait que cela appartenait au passé.

Devenu l'ennemi n°1

Certains me détestent, disait-il alors. J'irrite les gens, ça fait partie de mon jeu mais j'ai aussi l'impression que c'est un effet de mode, je suis devenu l'ennemi n°1. En novembre 2014, son carton jaune pour une énième violence contre l'Afrique du Sud a coûté la victoire à l'Angleterre, finalement battue 31-28, et provoqué la colère de Lancaster. Si vous concédez stupidement des pénalités, cela peut compromettre vos chances de victoire, surtout avec un métronome comme (Leigh) Halfpenny en face, a donc rappelé le technicien avant le match d'ouverture du Tournoi contre les Gallois, le 6 février. En face-à-face, je vais faire en sorte que Dylan comprenne très clairement, mais aussi toute l'équipe, que la discipline est vitale.

Tous mes entraîneurs m'en parlent et à un moment ils ne me soutiendront plus. Je comprendrais qu'ils ne soient plus derrière moi si je brise leur confiance, avouait encore en 2013 Hartley, qui essaye de redorer son blason en s'engageant dans une fondation levant des fonds pour des associations caritatives. Dans les gros matches, il y a beaucoup de nervosité et on fait tous des erreurs. C'est un jeu rude et Hartley joue à la limite. On ne le changera pas, est pourtant convaincu son entraîneur à Northampton Jim Mallinder, qui le connaît mieux que personne.