La Coupe d’Europe, bonheur de Fofana

Titulaire seulement onze fois avant ce quart de finale, Wesley Fofana nous avait presque fait oublier ce dont il est capable quand il s’amuse sur le terrain. Ce qui ne semble pas tout à fait le cas en équipe de France, tant il y a un gouffre entre ce que l’on l’a vu faire samedi soir avec Clermont et ses tièdes performances en Bleu.

Depuis fin janvier, on n’avait plus vu Fofana jouer en Jaune et Bleu. Parti en sélection, puis blessé aux ischio-jambiers face à Galles fin février, le centre international n’a pas déçu, et c’est peu dire. Inspiré, tranchant et joyeux, le centre a vite dissipé les doutes sur son physique, et s’est régalé, avec 100 mètres parcourus ballon en mains. J’avais surtout envie de tester ma cuisse au maximum, sans me poser de questions et ça a tenu. On a pris beaucoup de plaisir, surtout en première période où on a réussi à leur faire vraiment mal. On était en confiance et on a décidé d’y aller à fond, tous ensemble.

Dès le premier essai clermontois, on l’a vu faire ce qu’il affectionne: créer des brèches dans la défense adverse. Servi par Lee, c’est lui qui s’échappe et créé le point de fixation qui amène le premier essai de Nakaitaci. Sur le second, au relais d’Abendanon, il élimine trois Anglais d’une volte et d’un raffût. Avant de signer le troisième, au service puis au soutien de l’anguille Abendanon, pour profiter du caviar servi par son coéquipier anglais. Un retour comme dans un rêve ? Peut-être pas à ce point-là, relativise le centre. On est très satisfaits, mais le mot important pour nous cette saison, c’est humilité, donc on va rester là-dessus et continuer à travailler.

Fofana: "Davies, un mec très intelligent"

Détendu en conférence de presse d’après-match, Fofana n’a pas oublié ses coéquipiers du pack, acteurs de premier plan dans la performance clermontoise. Avant d’évoquer son match, et le festival offert avec ses potes des lignes arrières. Avec les joueurs que j’ai à mes côtés, j’ai peut-être un peu plus de liberté, j’arrive à me faire un peu oublier. Jouer avec des trois-quarts comme ça, c’est un vrai bonheur.

Associé à Jonathan Davies pour la troisième fois seulement au coup d’envoi d’un match de Coupe d’Europe, plus trois fois en Top 14 aux mois d’août et septembre dernier, Fofana a souligné samedi les qualités de son coéquipier. Je le dis depuis longtemps, c’est un mec très intelligent dans sa façon de jouer. En attaque ou en défense, il arrive très bien à lire les options que va prendre l’adversaire. Il arrive à savoir s’il faut jouer, rentrer ou taper au pied. Puis, se tournant vers Brock James. Je joue sur le terrain entre deux mecs intelligents, c’est génial pour moi, sourit Fofana.

"Papa" Rougerie sur le banc

Le choix de Franck Azéma d’aligner son duo d’internationaux franco-gallois, et de mettre "papa" Rougerie sur le banc était aussi symbolique que tactique, et il a payé. Ce qui est important c’est la complémentarité que l’équipe a eue, retient l’entraîneur Franck Azéma. Il y a eu du liant derrière et devant et quand tout sourit comme ça, c’est assez facile.

Fofana a brillé. Plus que Jonathan Davies, mais le gallois a été précieux hier dans un registre moins aérien. Incontournable et performant en équipe nationale, Davies était jusqu’à présent plutôt discret avec Clermont. Sa titularisation était une belle manière d’enfin le mettre en selle. Et le gallois semble enfin disposé à montrer des qualités qu’il réservait au Pays de Galles. Enfin débarassés des pépins physiques, les deux centres peuvent évidemment faire encore mieux, et parfaire leurs repères communs. Ce serait tout bénéfice pour Clermont. La demi-finale contre les Saracens à Saint-Etienne arrive très vite, dans deux semaines. Fofana et Davies semblent trouver le tempo au bon moment.