Dopage: Le pavé dans la mare de Laurent Bénézech

Par Rugbyrama
  • Laurent Benezech a été relaxé par la justice
    Laurent Benezech a été relaxé par la justice
Publié le Mis à jour
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L’ancien pilier gauche tricolore Laurent Bénézech a lancé un nouveau pavé dans la mare du dopage. Dans un entretien accordé au Monde, l’ancien international français dénonce la multiplication des Autorisations d’Usage à fins Thérapeutiques (AUT) et tire la sonnette d’alarme.

Après les déclarations de Françoise Lasne, directrice du laboratoire antidopage de Chatenay-Malabry, le 27 mars dernier, qui déclarait que le rugby était le sport donnant "le plus haut pourcentage de cas positifs" en termes de molécules interdites présentes sur la liste de l’AMA, et les aveux de Jean-Pierre Elissalde, c’est au tour de Laurent Bénézech d’apporter son témoignage, dans une interview accordée au journal Le Monde. Et celui-ci est pour le moins explicite et explosif. Évoquant le rapport de Lasnes, Bénézech déclare avoir été interpellé par les "autorisations d’usage à fins thérapeutiques" qui, selon l’ancien international, sont "une justification par le médecin de la prise médicamenteuse dont il est évident qu’elle sert à la recherche de la performance".

Inquiet, l’ancien pilier gauche du XV de France (15 sélections) tire la sonnette d’alarme: "Quand je croise des joueurs de rugby, voire des équipes entières, et que je vois, par exemple, une évolution de leur mâchoire, ce qui est la marque d’une prise d’hormone de croissance, je ne peux être qu’inquiet de l’évolution de mon sport et de la santé à long terme de ses joueurs". L’international évoque ainsi une "accélération" qui, "en quelques mois" lui "paraît dangeureuse".

Bénézech dénonce "la politique de l’autruche" du monde du rugby

Pour Bénézech, cette course à l’armement physiologique est motivée par la course effrénée au temps de jeu effectif: "On est passé de vingt minutes de jeu effectif à trente minutes à la fin des années 90, évolution normale dûe à la professionnalisation des joueurs. Mais on est en train de nous expliquer, alors que l’on est déjà à quarante minutes, que l’on peut passer à cinquante, et donc, pourquoi pas à soixante. C’est précisément ce qui se passait dans le vélo à la fin des années 90 où la logique poussait à allonger les étapes du Tour de France et à multiplier les difficultés sans que cela pose de problème physique aux coureurs". Et l’ancien pilier de faire une prophétie: "Le rugby est exactement dans la situation du cyclisme avant l’affaire Festina". Le joueur, passé par Toulouse, le Racing ou Narbonne dénonce aussi l'aveuglement des instances: "Je constate que personne n'a fait référence au récent courrier envoyé par la Ligue Nationale de Rugby aux clubs dans le but de les alerter sur certaines dérives, comme la prise trop importante de corticoïdes. Les preuves sont sous nos yeux mais apparemment, ça n'intéresse personne".

Bref, Bénézech ne se fait plus d’illusions: "Je ne cherche pas à dire que le dopage ça n’est pas bien. On n’en est plus là. Non seulement parce que personne n’a envie de voir tous les matchs des années 80 où tous les joueurs marchent, mais parce que les nouvelles générations de traitements médicaux (…) seront de plus en plus difficiles de détecter à l’avenir". En revanche, l’ex Narbonnais dénonce "la fuite en avant pas maîtrisée qui va mettre de plus en plus en danger la santé des joueurs". Pour lui, l’ensemble des acteurs du monde du rugby sont responsables, et sa réaction est "un mélange de politique de l’autruche et de réactions d’une bande de gamins pris la main dans le pot de confiture qui tentent d’expliquer que ce n’est pas de la confiture. La grande famille du rugby s’est ridiculisée en allumant des contre-feux grotesques plutôt que d’aborder le problème à sa juste mesure. Tant qu'on restera dans cet obscurantisme et ce refus de transparence, on ne pourra aboutir qu'à la mise en danger de la santé de sportifs".

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