Carter n'a plus ses jambes de 20 ans mais reste un incroyable stratège
COUPE DU MONDE - Durant des années, la force des All Blacks, c’était Carter et puis les autres. Mais depuis quelques mois, une question se posait. Pouvait-il encore être après avoir été? En deux matchs éliminatoires, l'ouvreur néo-zélandais a levé les doutes. En champion.
De deux points. Dan Carter a battu de deux unités le record de points inscrits par un All Black en Coupe du monde. Avec 172 points, il laisse derrière lui Grant Fox et Andrew Mehrtens. Mais plus que les lignes statistiques, on appréciera la prestation dans sa globalité. Si la semaine dernière, dans une défense française atone, il n’avait pas eu à forcer son immense talent, il avait malgré tout laissé entrevoir de belles dispositions. Des choix et des gestes justes qui laissaient penser qu’il restait encore de l’essence dans le réservoir. Carter est aujourd’hui moins coureur mais toujours plus stratège.
Il a aussi appris à déléguer et partage les responsabilités au pied. Face aux Boks, Milner-Skudder (par des petits rasants) ou Aaron Smith (par-dessus les rucks) ont offert d’autres alternatives. Si la réussite ne fut pas toujours au rendez-vous, cette stratégie a au moins eu le mérite de faire peser toujours plus d’incertitudes sur une défense adverse qui ne peut rien prévoir. Pour Emile Ntamack, entraîneur des trois-quarts de l’UBB, Carter sait aussi se ménager des temps plus calmes pour éviter d’être sous pression. Il prend moins d’intervalles et se positionne en chef d’orchestre de la stratégie des Blacks qu’il connait par coeur. Il est aussi plus mature et donne confiance à ses partenaires. Les Blacks n’ont pas semblé paniquer même à 14 lorsqu’ils étaient menés.
Le drop pour plomber l’adversaire
46e minute. Les Blacks tiennent le ballon mais sont menés 12 à 7 et sont réduits à 14 suite au carton jaune infligé à Kaino. Touche sur les 22 mètres des Springboks. Coles, le lanceur All Black, lobe Read. McCaw échappe le ballon qui atterrit dans les mains de Aaron Smith. Ce qui devait être une attaque placée grand côté vire à la séance d’impro! Pas pour Carter. A 30 mètres face aux perches sans même jeter un œil sur des soutiens éventuels, il frappe et expédie le ballon entre les poteaux. Ce match était aussi un combat psychologique disait Dan Carter après la rencontre.
Le genre de match où tous les points coutent très cher. Tenter ce drop et le réussir c’était s’assurer un peu plus de contrôle. Ça nous a permis d’avoir un peu moins de pression sur les épaules. Ce drop peut surprendre car je n’en tente pas beaucoup mais celui-ci est probablement le plus important. En l’occurrence, il a permis au All Blacks de revenir à deux points et de marquer moralement l’adversaire.
Ian Foster, entraîneur adjoint néo-zélandais, disait après le match: Dan est probablement dans la meilleure forme de sa vie. Ou peut-être même dans les formes de sa vie, physiquement et stratégiquement. Il a pris le temps de se reconstruire physiquement poursuit Emile Ntamack. Et on sent dans son attitude qu’il a envie d’être champion du monde, mais cette fois-ci en jouant. Carter est désormais à une marche du bonheur suprême.
A Londres, de notre envoyé spécial Julien Puyuelo
J'ai déjà un compte
Je me connecteSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?