Bonnaire: "On voyait dans leurs yeux qu’ils doutaient, qu’ils étaient fébriles"
COUPE DU MONDE - Titulaire au sein de la troisième ligne tricolore lors de la finale de la Coupe du Monde 2011 à l’Eden Park d’Auckland, Julien Bonnaire se remémore avec un brin de nostalgie et forcément un peu de frustration de ce match, qui aurait pu (du) voir le XV de France soulever pour la première fois le trophée Webb Ellis.
Il en a joué souvent des matches face à la Nouvelle-Zélande mais je n'en ai pas gagné beaucoup, plaisante Julien Bonnaire au moment d’évoquer ces duels à part. C’est particulier parce que ce sont les meilleurs… Forcément ! Ils sont bons techniquement, individuellement et collectivement. Ils dominent le rugby, insiste le troisième ligne.
Il fallait être prêt à faire la guerre !
Les images sont toujours fraiches dans la mémoire du néo-Lyonnais et le premier souvenir qui lui revient à l’esprit, c’est l’entrée dans le stade: C’était tout noir ! Il n’y avait que des supporters néo-zélandais et on avait la sensation d’être seuls contre tous mais je pense que c’est ce qui a fait que l’on s’est resserré entre nous et que l’on est passé à rien du tout de l’emporter.
Les Bleus s’étaient isolés dans la semaine de manière à arriver gonflés à bloc. Dans ces moments là, je pense que l’on essaye surtout de relativiser, de ne pas se mettre de pression supplémentaire. On se disait que la pression était plus sur eux que sur nous et qu’il fallait simplement se lâcher et donner le maximum. Il fallait être prêt à "faire la guerre". C’est un secteur sur lequel il faut être au point si l’on veut exister face à une équipe comme ça, insiste t-il encore aujourd’hui.
Quand on a la chance d’être en face d’un Haka, c’est motivant
Le Haka, c’est la déclaration de guerre et la réponse des Bleus – entrée dans la légende avec cette flèche pointée sur la bande à Piri Weepu – était une manière de répondre à l’enfer qu’ils pouvaient nous promettre. On était aussi déterminé à donner le maximum. Je crois que c’est ce qui a fait que l’on a su rivaliser. L’ancien Clermontois se sent comme un privilégié car c’est un moment fabuleux à vivre. Le Haka, quand on a la chance d’en voir un, d’être en face, c’est motivant. On a cette envie de faire face !
Qui plus est parce que, le 23 octobre 2011, les Bleus étaient sans pression. On sentait qu’ils avaient une énorme pression par rapport à nous qui avions fait des matchs de poules plus que moyens. Pour nous, ce n’était que du bonus mais pour eux, il y avait toute la pression du public, du pays. On voyait dans leurs yeux qu’ils doutaient, qu’ils étaient fébriles…
J’y repense parce que ce jour là, on aurait pu lever la Coupe
Le match ? C’est remuer le couteau dans une plaie encore ouverte… J'y repense parce que ce jour là, on aurait pu lever la Coupe. C’est vrai que ça aurait été la cerise sur le gâteau. Il y a toujours un peu de frustration de perdre d’1 point... Il vaut mieux en prendre 30 et se dire qu’ils étaient plus forts, sauf que ce jour là ce n’était pas le cas ! On aurait très bien pu l’emporter. C’est pour cela qu’il reste encore des regrets dans l’esprit de Julien Bonnaire et de ses coéquipiers de l’époque.
Le Berjallien de naissance en est conscient, la France n’avait jamais été si proche de soulever le trophée c’est pourquoi il s’adresse à la bande à PSA lui rappelant que l’on n’est jamais attendu face à eux. Encore aujourd’hui, tout le monde leur tape dessus parce que l’on a été bien moyens depuis deux ou trois ans mais cela reste un match de 80 minutes à quinze contre quinze !
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