Entendu à Milton Keynes: "Qui a joué à la française ?"

  • Le demi de mêlée du Canada, Gordon McRorie, tente d'échapper à Morgan Parra (France)
    Le demi de mêlée du Canada, Gordon McRorie, tente d'échapper à Morgan Parra (France)
  • L'ailier du XV de France, Brice Dulin
    L'ailier du XV de France, Brice Dulin
  • Phil Mack sort un ballon du ruck - France-Canada - 1 octobre 2015
    Phil Mack sort un ballon du ruck - France-Canada - 1 octobre 2015
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COUPE DU MONDE - Des Canadiens plutôt satisfaits de leur performance malgré la défaite, des journalistes français encore sceptiques et des anciens joueurs remontés contre la formation, voilà ce que nous avons entendu dans les couloirs de Milton Keynes jeudi soir en marge de France-Canada.

1. Les Canadiens satisfaits de leur prestation

Français né à Montréal, formé à Montpellier, le talonneur Benoît Pifferro défend depuis deux ans les couleurs du Canada. Non retenu dans le groupe des 23 pour affronter la France, celui qui portera les couleurs de Castanet (Haute-Garonne) en Fédérale 1 à l’issue de la Coupe du monde est content de la prestation de ses coéquipiers. Du fait que je n’ai pas pris part à la rencontre, l’évènement a un peu perdu de sa singularité. Mais je suis content de notre prestation qui nous permet de rester au contact jusqu’à l’heure de jeu. Les Français ont douté et ils sont revenus à des choses simples qui leur ont permis d’écrire des essais à 0 passe. On voulait tout donner devant pour pouvoir jouer avec nos trois-quarts. On les a mis en difficulté avec notre jeu de mouvement. Au final, je me demande qui a le plus joué à la française aujourd’hui ?, glisse Benoît Piffero dans un sourire.

Qui a joué "à la française" ?
L'ailier du XV de France, Brice Dulin
L'ailier du XV de France, Brice Dulin

2. La loupe Canal +

En tribune, il n’y a pas que les spectateurs qui bouillent ! Philippe Fleys, journaliste à Canal +, nous a livré son sentiment sur la copie rendue par les Bleus.

Dès que les Français ont baissé de régime, ils se sont exposés. C’est flagrant sur les deux essais canadiens inscrits en première période. Parfois ,les Bleus se croient arrivés et tombent dans la facilité. Ils sont supposés avoir travaillé toute la semaine sur les rucks mais ça n’a pas été flagrant sur ce match… Il y a globalement trop de déchets techniques et au-delà de 2 ou 3 temps de jeu, on n’y arrive pas. J’espère que contre l’Irlande, la "peur" permettra aux Français d’élever leur niveau de jeu. J’ai bien aimé la prestation de Frédéric Michalak : 6 sur 6 au pied et une première période au cours de laquelle il a semblé totalement libéré. Il a réussi à sortir du carcan et à créer l’étincelle. Quoi qu’il en soit, il faut souligner la très belle résistance des Canadiens qui se sont envoyés pendant plus d’une heure.

Ils sont supposés avoir travaillé toute la semaine sur les rucks, mais ça n'a pas été flagrant sur ce match...
Phil Mack sort un ballon du ruck - France-Canada - 1 octobre 2015
Phil Mack sort un ballon du ruck - France-Canada - 1 octobre 2015

3.A méditer…

Rencontré quelques minutes avant France-Canada, Éric Blanc, ancien centre du Racing a évoqué avec nous la formation dans le rugby français. Une vraie richesse , mais une richesse en péril.

La structure de notre rugby n’offre pas de débouchés pour nos jeunes ! Le fonctionnement actuel ne correspond pas à la réalité. Ça ressemble à ce que l’on trouve dans le système éducatif : le bac, la fac et pas grand-chose derrière. Il faudrait que la Fédération et le Ministère des Sports se mettent autour de la table pour tirer les enseignements des dérives actuelles. Je rencontre des parents de jeunes joueurs écœurés par un système qui les broie. On forme des quantités des gamins qui voient les portes se fermer après les Espoirs. La Pro D2 devrait être un laboratoire pour faire grandir nos jeunes. En limitant le nombre d’étrangers à 2 chez les avants et 2 chez les arrières on pourrait accélérer leur formation. Car soyons clairs en Pro D2 je ne suis pas certain que tous les étrangers présents apportent une réelle plus-value.

De la même façon, je milite pour un accès au XV de France aux joueurs ayant un passeport français. La règle des JIFF (Jeune issu de la formation française, NDLR) est dévoyée. En faisant venir des joueurs de plus en plus tôt, on en fait des joueurs sélectionnables. Et là encore, la valeur ajoutée n’est pas toujours évidente… On peut me reprocher d’être trop romantique et d’occulter certains aspects financiers mais l’avenir de notre rugby est en jeu.

Julien PUYUELO, envoyé spécial

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