White a choisi ses favoris pour le titre mondial: "Je parie sur les All Blacks"

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COUPE DU MONDE - Les matches de poules désormais terminés, place aux phases finales. Champion du monde en 2007, Jake White revient sur ces premières semaines et livre ses impressions sur les principaux prétendants au titre avant les quarts de finale ce week-end.

Quel fut le fait le plus marquant pour vous lors de cette première phase ?

Jake WHITE: L'élimination de l'Angleterre. Sans aucun doute la plus grosse déception. Je pense que quand les gens ont appelé ce groupe la poule de la mort, ils croyaient que l'Angleterre allaient finir première et que les deux ou trois autres équipes allaient se battre pour la qualification. Si vous regardez, l'Angleterre aurait pu jouer cinq rencontres à Twickenham, deux en poule, puis le quart, la demie et la finale. Et quand on sait à quel point il est difficile de vaincre le XV de la Rose dans ce stade...

Comment expliquez-vous cette déroute ?

J.W: Il est difficile de savoir exactement pourquoi les Anglais se sont effondrés. Pour ma part, je crois qu'ils ont essayé de jouer comme une autre équipe, c'est-à-dire un jeu qui n'était pas tout à fait le leur. On a évoqué les découvertes que furent Slade, Farrell repositionné au centre, Nowell ou Watson. Mais personne ne parle du fait que leur mêlée a été dominée dans chaque rencontre, ou que leur cinq de devant était aux abonnés absents. Alors que c'était la force de l'Angleterre pendant ces vingt dernières années.

Scott Sio et Sekope Kepu (Australie) après la victoire face au pays de Galles - le 10 octobre 2015
Scott Sio et Sekope Kepu (Australie) après la victoire face au pays de Galles - le 10 octobre 2015
Pour le moment, l'Australie ne triomphe pas grâce à un style de jeu extraordinaire

L'Afrique du Sud aurait-elle pu connaitre un destin similaire avec sa défaite face au Japon, ou était-ce finalement une défaite salutaire ?

J.W.: Ça a été un coup dur, car la poule de l'Afrique du Sud était à mon sens la plus faible. Contre les Springboks, les Etats-Unis ont mis des joueurs au repos afin de vaincre le Japon, l'Ecosse a mis des joueurs au repos car ils n'avaient que quatre jours avant de jouer les Samoa, et ces derniers étaient l'équipe samoane la plus faible de ces dernières Coupes du monde. Alors certes, l'Afrique du sud s'est ressaisie et a l'air convaincante depuis sa défaite en ouverture, mais c'est aussi dû au fait qu'elle était dans un groupe plutôt faible. Le défi qui s'offre à eux est maintenant de monter d'un cran, car ils vont devoir affronter le pays de Galles, le vainqueur du quart entre la Nouvelle-Zélande et la France, puis probablement celui d'Australie-Irlande. Seront-ils assez bons pour vaincre ces équipes ? Ils ont perdu contre les Gallois et l'Irlande l'année dernière, contre l'Australie et la Nouvelle-Zélande cette année. Ils ont certes eu une piqûre de rappel, mais sauront-ils faire face quand la pression sera la même que celle vécue contre le Japon ? A voir...

L'Australie a en revanche fait une grosse impression...

J.W: Je suis un peu surpris par les commentaires que j'entends sur l'Australie, notamment après les reproches qu'on fait au jeu sud-africain supposé conservateur. Pour le moment, l'Australie ne triomphe pas grâce à un style de jeu extraordinaire. Ils marquent des essais sur ballons portés avec Pocock, ils n'alignent pas Quade Cooper et privilégient un demi d'ouverture plus sobre. Ils l'ont emporté contre le pays de Galles grâce à une des plus grosses performances défensives vues en Coupe du monde... C'est donc assez ironique, car ce n'est pas du jeu tape-à-l'œil, mais juste ce dont ils ont besoin. Et cela résume parfaitement ce qu'est une campagne de Coupe du monde victorieuse. Au contraire de l'Afrique du Sud contre le Japon, l'Australie a passé le test de la pression en défendant à 13 contre 15 face aux Gallois, et ils ont survécu. C'est ce genre de choses qui vous font gagner un titre mondial.

Dan Carter, l'ouvreur des All Blacks
Dan Carter, l'ouvreur des All Blacks
On cherche toujours la petite bête aux All Blacks, une façon ou une autre de se trouver un avantage psychologique

Trouvez-vous, comme certains observateurs, la Nouvelle-Zélande en retrait sur ses premières performances ?

J.W: La Nouvelle-Zélande reste favorite à mes yeux, et voilà pourquoi. Il y a quatre ans, tout le monde les voyait craquer face à la pression, et ils ont gagné. Cette année, les gens disent qu'ils ne sont pas à 100%. On cherche toujours la petite bête aux All Blacks, une façon ou une autre de se trouver un avantage psychologique. Désormais, ce serait leur complexe face à la France en quart de finale. Tout ça, c'est terminé, les All Blacks ont appris de leurs erreurs, ils ont gagné la Coupe du monde, les deux seuls joueurs restant du groupe de 2007 sont Carter et McCaw. Je pense même qu'à part eux, aucun joueur n'a déjà perdu contre la France. Et le fait que tout le monde dise qu'ils ne sont pas à 100% peut même les aider. Car quand ils y seront, qui sera assez bon pour les battre ?

Ils sont donc selon vous dans une catégorie à part ?

J.W: J'écoutais Josh Kronfeld récemment dire que les All Blacks voulaient améliorer leur bilan. Imaginez, ils ont remporté plus de quarante tests ces dernières années, en ne perdant que trois fois, et ils visent encore mieux. Voilà à quel point ils sont forts. Ils possèdent probablement les meilleures statistiques tous sports confondus. Ils pensent différemment des autres équipes. Quand les autres équipes ressassent leurs exploits passés, les All Blacks ne se concentrent que sur leurs défaites.

Dans un groupe plutôt faible, que faut-il penser de l'Irlande notamment après sa rencontre face aux Bleus ?

J.W: L'Irlande a été impressionnante, dans la mesure où les hommes de Joe Schmidt ont changé leur demi d'ouverture en plein match sans en souffrir. Ça peut leur donner un énorme élan psychologique. Habituellement, les matches entre la France et l'Irlande sont serrés, alors avoir à changer de meneur de jeu en plus... Je les ai vraiment trouvés bons.

Philippe Saint-André, le sélectionneur du XV de France - 9 septembre 2015
Philippe Saint-André, le sélectionneur du XV de France - 9 septembre 2015
Au moins, on ne pourra pas retirer à Saint-André ses convictions, il va au bout de ses idées

Etait-ce dû au niveau de l'Irlande, ou à la faiblesse de l'équipe de France ?

J.W: Un peu des deux. Je crois qu'il y a beaucoup de choses qui ne vont pas avec l'équipe de France. Quelque part, c'est une équipe typiquement française, qui fait par moments des choses très bien, et par moment très mal. Sur une mêlée, ils marchent sur tout le monde avec Slimani qui tord son vis-à-vis ; sur la suivante, ils peinent à conserver le ballon. Leur touche est bonne mais le maul suivant se fait bouger... Par ailleurs, et c'est la même critique qui a été faite à l'Angleterre quand jouaient Burgess et Barritt, si vous alignez Bastareaud, Fofana, Dumoulin, vous êtes réduits à jouer un certain style de jeu, car vous n'avez pas de centre distributeur. Au moins, on ne pourra pas retirer à Saint-André ses convictions, il va au bout de ses idées. Il va probablement garder le même cap contre la Nouvelle-Zélande, et de toute façon je pense que contourner cette équipe est impossible.

Le revers subi contre l'Irlande peut-il servir d'électrochoc aux Bleus ?

J.W: Cette question traduit parfaitement mon ressenti du rugby français depuis que je suis arrivé. Les Français sont blessés, il faut attendre une réaction... Qu'est-il advenu de l'aspect technique ? Tout est focalisé sur le côté émotionnel. Les équipes de Top 14 préfèrent prendre un point de bonus défensif plutôt que de jouer la victoire jusqu'au bout, voilà l'état d'esprit dont sont imprégnés les joueurs présents à la Coupe du monde. Et ils doivent maintenant jouer la Nouvelle-Zélande qui, elle, s'est volontairement mise sous pression en poules en limitant son jeu au pied. C'est le genre de différences qui va rendre les choses très difficiles pour le XV de France.

Si vous étiez parieur, vous mettriez donc une pièce sur la Nouvelle-Zélande dans la quête du titre...

J.W: Évidemment. N'importe quelle personne connaissant un peu le rugby ferait de même et parierait sur une équipe qui n'a perdu que trois fois sur ces cinquante derniers matchs. Quelle que ce soit l'équipe qu'ils affrontent, je parie sur les All Blacks.

La joie de Waisake Naholo après son essai - Nouvelle-Zélande - Géorgie - 2 octobre 2015
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