"Game over" ou nouveau départ pour le rugby sur jeu vidéo ?

Par Rugbyrama
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Vous êtes fan de ballon ovale, de jeux vidéo et voulez gagner la prochaine Coupe du monde dans votre salon? Pas évident: le rugby attend toujours son jeu référence, la faute à un marché limité et à la difficulté de retranscrire les phases de jeu de façon convaincante.

A quelques jours du coup d'envoi de la Coupe du monde en Angleterre, il faut avoir de la chance pour tomber sur la trace d'un jeu vidéo de rugby sur les étals. A tel point que des fans ont lancé une pétition sur Twitter pour supplier EA Sports, numéro un mondial des jeux vidéo sportifs, de relancer sa série dédiée à cette discipline, laissée à l'abandon depuis... 2008!

Mais le géant américain n'a pas répondu, préférant se concentrer sur les très populaires football, basket NBA ou encore MMA (arts martiaux mixtes) plutôt que d'investir à perte sur un sport jugé plus confidentiel.

C'est une question de taille de marché, explique Laurent Michaud, chef de projet loisir numérique à l'Idate (think-tank spécialisée dans l'économie numérique). Si le rugby est un sport très populaire en France, il n'est pas pratiqué dans le monde entier mais seulement dans une vingtaine de pays.

Un Français sur le coup

La France compte 440 000 licenciés seulement, et est plus peuplée que les autres pays du Tournoi des Six Nations et que les quatre de l'hémisphère sud qui composent le Rugby Championship. Le marché est donc restreint comparé aux deux millions de licenciés du football dans l'Hexagone ou aux centaines de millions de Nord-Américains qui suivent le hockey sur glace, juge un autre analyste du secteur des jeux vidéo.

A l'affût de l'espace laissé par Electronic Arts, des éditeurs comme le Français BigBen Interactives ou l'Australien Tru Blu Entertainement (avec le lancement prochain de Rugby Challenge 3) veulent investir le créneau.

Illustration terrain
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Après le jeu Rugby 15 l'an dernier, BigBen Interactive récidive cette saison avec la sortie du jeu vidéo officiel de la Coupe du monde 2015, prévue vendredi.

On ne peut pas rentrer en compétition directe avec des majors comme Ubisoft, EA ou Activision, explique Benoît Clerc, responsable éditorial chez BigBen Interactive. Nous devons donc trouver des niches à la fois trop petites pour ces gros acteurs mais exploitables pour un éditeur de notre taille. Le rugby en fait partie, poursuit-il, alors que son entreprise espère écouler entre 200 000 et 700 000 exemplaires de Rugby World Cup 2015.

Sans la force de frappe des géants du jeu vidéo capables d'investir entre 15 et 20 millions d'euros pour un titre, difficile pour ces éditeurs de produire des jeux de qualité AAA (équivalent du "blockbuster" dans le cinéma). D'autant que le rugby présente une expérience de jeu complexe à retranscrire avec ses règles et phases de jeu typiques.

FIFA, le modèle

Malgré l'acquisition des licences officielles du Top14 et de la Champions Cup, le jeu Rugby 15 a reçu un accueil très mitigé en raison de la qualité moyenne des sensations de jeu ou de l'absence de mode en ligne. Des standards de qualité en-deçà des attentes des consommateurs, habitués à la fluidité et au graphisme d'un FIFA 15 pour le football ou NBA 2K15 pour le basket.

Illustration drapeau
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Avec les hors-jeu, les pénalités et beaucoup de faits de jeu très différents les uns des autres, le rugby est un sport plus difficile à mettre en musique que les autres, remarque M. Michaud.

Convaincu de pouvoir s'améliorer avec le temps, BigBen Interactive parie toutefois sur une spirale vertueuse, avec un jeu de plus en plus rentable générant davantage d'investissement qui permettront donc d'attirer plus de clients. A l'image du modèle FIFA, qui a mis de longues années avant de se hisser au niveau de son concurrent japonais PES.

Les fans nous sont reconnaissants de prendre le risque de nous positionner sur des niches difficiles. Ils se disent: 'Au moins, ils ont eu le mérite de s'y coller et l'année prochaine, ce sera mieux', espère Benoît Clerc.

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