Vahaamahina, la force tranquille en 4 déclas

Il trimballe ses deux mètres de manière très tranquille, comme il en a l’habitude. Pourtant, Sébastien Vahaamahina découvre ce qu’est une préparation de Coupe du monde mais le Clermontois ne change en rien sa façon d’être. C’est avec beaucoup d’humilité et un brin de timidité que le deuxième ligne laisse transparaitre de véritables ambitions.

Je ne me pose pas la question de savoir si je dois me faire une place. Je suis là et j’essaye de donner le maximum. On laisse faire et on arrive à comprendre comment certains fonctionnent ou réagissent et on s’adapte à leur façon de faire

Une préparation de Coupe du monde n’a rien à voir avec un rassemblement pour un Tournoi des Six Nations ou une Tournée. Les joueurs vont devoir vivre trois à quatre mois ensemble et Sébastien Vahaamahina fait office de personnage discret mais travailleur. Il en faut dans une équipe. Il n’est pas celui dont on entend le plus parler, sourit peu en public mais est pourtant l’un de ceux que l’on remarque le plus. Peu bavard mais parfois taquin, il n’est pas du genre à s’imposer dans un groupe, mais est respecté de tous.

On aime se tirer la bourre. La concurrence fait partie de l’état d’esprit du sportif, vouloir être compétiteur et plus fort que tout le monde. Je sens que, petit à petit, je progresse

Il restait une place à prendre en deuxième ligne derrière Pascal Papé, Yoann Maestri et Alexandre Flanquart et Sébastien Vahaamahina avait pour lui le fait d’être devenu un titulaire à Clermont. Cependant, il sera dur de faire bouger la hiérarchie mais pourquoi ne pas surfer sur sa fraicheur et son envie? Malgré ses 23 ans, il compte déjà une petite expérience avec ses 15 sélections depuis 2013, et outre cette timidité - un trait majeur de sa personnalité - il peut apporter des solutions différentes dans le jeu des Bleus.

Il faut surtout montrer que l’on est concentré et que l’on s’applique. Les entraineurs ne vont pas nous juger que sur les entrainements. On travaille les gammes, on répète

Tout le monde est unanime sur son potentiel, et il semble enfin en avoir pris conscience. Sébastien Vahaamahina est devenu bien plus exigeant avec lui même et c’est aussi cela que l’on recherche, de la fiabilité et de la régularité. Cette rigueur est devenue une (nouvelle) habitude pour le natif de Nouméa qui avait parfois tendance à se laisser aller. Il s’est imposé une discipline mais celle-ci s’explique en grande partie par le fait qu’il a gagné en maturité. Quitte à tenter un pari, autant miser sur sa marge de progression.

Quand on fera plus de rugby, on se sentira mieux et on pourra peut-être se dire d’envoyer du jeu comme dans l’hémisphère sud. On travaille sur de longues séquences pour que l’on tienne plus longtemps le ballon et qu’on défende plus intensément

On l’a compris, si les Bleus travaillent autant leur physique, c’est pour compenser ce qui est la principale cause des mauvais résultats de ces quatre dernières années, l’incapacité à bien gérer les fins de périodes. Philippe Saint-André veut donc de la puissance et de l’endurance et c’est exactement ce qu’il peut trouver avec Sébastien Vahaamahina. En plus de qualités physiques naturelles qui lui donnent une vraie dimension athlétique, on rajoute toute une palette mêlant à la fois puissance, explosivité et justesse technique.