La défense des Wallabies: Le mur du Pacifique

Par Rugbyrama
  • Tevita Kuridrani et David Pocock (Australie) face à Gareth Davies (pays de Galles) - le 10 octobre 2015
    Tevita Kuridrani et David Pocock (Australie) face à Gareth Davies (pays de Galles) - le 10 octobre 2015
  • Scott Fardy (Australie) face à l'Argentine - le 25 octobre 2015
    Scott Fardy (Australie) face à l'Argentine - le 25 octobre 2015
  • Matt Giteau et Bernard Foley (Ausrtralie) face à l'Angleterre - le 3 octobre 2015
    Matt Giteau et Bernard Foley (Ausrtralie) face à l'Angleterre - le 3 octobre 2015
  • David Pocock (Australie) à l'entraînement - le 2 octobre 2015
    David Pocock (Australie) à l'entraînement - le 2 octobre 2015
  • Michael Hooper et David Pocock (Australie) après leur victoire face à l'Australie - le 3 octobre 2015
    Michael Hooper et David Pocock (Australie) après leur victoire face à l'Australie - le 3 octobre 2015
Publié le Mis à jour
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COUPE DU MONDE - Parfois brillante offensivement, l'Australie impressionne surtout défensivement depuis le début du Mondial. Avec un système qui a dégouté l'Angleterre, le Pays de Galles ou encore l'Argentine, les Australiens abordent la finale mondiale avec une certitude : le système est une merveille. Décryptage d'une méthode qui fait ses preuves.

Avec 42 ballons récupérés, 85% de plaquages réussis, et cinq petits essais concédés sur l'ensemble de la compétition, l'Australie étouffe presque tous ses adversaires. Des chiffres parlants, à l'évidence. Mais qui traduisent maladroitement le sentiment de domination absolue des défenseurs australiens. Une impression qui s'explique à travers un système pensé et parfaitement exécuté. Une méthode basée sur le contrôle et l'adaptation.

"Rush défense" et interdiction de se consommer

La mode actuelle est aux défenses agressives et l'Australie ne fait pas exception : elle organise sa montée sur les deux joueurs qui se trouvent en position de centre. C'est ce que l'on appelle une "rush-défense". Un méthode qui permet de limiter les solutions de l'adversaire sur les extérieurs et qui conduit le porteur de la balle à souvent repiquer à l'intérieur, là où la défense est la moins en pointe. Exactement là où, nous allons le voir, le piège australien se refermera...

Scott Fardy (Australie) face à l'Argentine - le 25 octobre 2015
Scott Fardy (Australie) face à l'Argentine - le 25 octobre 2015

Mais avant cela, il faut préciser que la défense australienne est unique. Elle repose sur un principe : les joueurs ne se consomment pas dans les rucks. Un moyen simple d'assurer la présence de 11 à 12 joueurs sur un premier rideau très dense. Une façon aussi de concerner les avants et des les impliquer autrement qu'en mettant la tête dans les regroupements de manière stérile.

Mais c'est en constituant une véritable muraille de part et d'autre du ruck, avec 3 à 4 avants couvrant près de 20m de largeur, que l'Australie devient si particulière. Une disposition rendue possible grâce à la mobilité des "gros" et à des joueurs comme Kepu (91% de plaquages réussis), Fardy (11 plaquages de moyenne) ou encore Douglas (9 plaquages de moyenne). De quoi laisser toute latitude à Cheika pour affiner et adapter le rôle des 3/4 australiens.

Préserver Giteau sur les touches, Foley dans le jeu

L'Australie dispose de deux maitres à jouer dans son XV de départ : Matt Giteau et Bernard Foley. Deux joueurs complémentaires, inspirés et naturellement portés vers l'attaque. Deux joyaux que Michael Cheika tente de préserver dans son système.

Matt Giteau, déjà, se mue en ailier côté fermé sur les lancements de jeu adverses. Exemple sur les touches, où le centre toulonnais va venir prendre place dans le couloir des 5m. Pour compenser ce déplacement, Adam Ashley-Cooper (1m85, 100 kilos) va prendre sa place au centre. Un poste qu'il connait parfaitement, lui qui évolue régulièrement avec le numéro 13 dans le dos. En revanche, l'autre changement est bien plus étonnant. Sur les touches adverses, Bernard Foley se place en position d'arrière. Inutile d'exposer les 85 kilos de l'ouvreur face aux troisièmes lignes adverses. Mais plutôt que de voir Folau venir le suppléer pour un changement "poste pour poste", c'est Michael Hooper, le 3ème ligne, qui va venir combler le vide.

Matt Giteau et Bernard Foley (Ausrtralie) face à l'Angleterre - le 3 octobre 2015
Matt Giteau et Bernard Foley (Ausrtralie) face à l'Angleterre - le 3 octobre 2015

Si Bernard Foley affiche les plus faibles statistiques défensives de la ligne de 3/4 australienne (4,4 plaquages de moyenne, 88% de réussite), c'est avant tout parce que Cheika use d'un stratagème déjà utilisé par son prédécesseur, Ewan McKenzie chez les Reds ou les Wallabies. Exemple à Melbourne, où Quade Cooper était dispensé des usantes séquences défensives en se plaçant... à l'aile. Une formation et un positionnement qui s'applique aussi à Bernard Foley. Il n'est ainsi pas rare de voir l'ouvreur en position d'ailier, venir décrocher pour aider Israel Folau à couvrir une partie du terrain, ou offrir ses services au pied sur le 3eme rideau. Dans le même temps, Drew Mitchell ou Adam Ashley Cooper défendent en position de 10. Quand ça n'est pas directement David Pocock, la clef de voute de la défense australienne.

Pocock, l'arme fatale

Car si le système repose sur un joueur, il s'agit de David Pocock. Si Michael Hooper est primordial pour sa capacité à ralentir les sorties de balles, si Fardy s'impose dans l'ombre comme un redoutable sécateur, si Kuridrani est le seul arrière à réellement s'impliquer en défense, aucun ne peut se targuer d'avoir le rayonnement du numéro 8. La preuve ? Face à l'Ecosse, Pocock est absent. L'Australie encaisse alors 3 essais, soit plus en un match que face à l'Argentine (0), le Pays de Galles (0), l'Angleterre (1) et les Fidji (1).

David Pocock (Australie) à l'entraînement - le 2 octobre 2015
David Pocock (Australie) à l'entraînement - le 2 octobre 2015

Quand l'Australie cherche à couper les extérieurs et a concentrer les attaquants dans un périmètre restreint, c'est qu'elle cherche à faire attaquer le porteur de la balle dans la zone de confort de Pocock : à une dizaine de mètres du ruck précédent. Le joueurs des Brumbies est plus rapide que les soutiens, souvent plus fort que le premier attaquant et plus opportuniste que n'importe quel autre joueur. Comme un prédateur, il rôde dans une zone en attendant le moment idéal pour frapper. Une politique qui paye, avec 14 ballons grattés depuis le début du mondial. Soit autant que Kieran Read et Richie McCaw réunis !

Notre avis

Le génie de Michael Cheika est d'avoir su, en quelques mois, trouver un système qui préserve ses leaders offensifs (Matt Giteau, Bernard Foley) et qui implique au mieux ses meilleurs défenseurs. Un équilibre improbable mais parfait entre un 8 improvisé (Pocock), un 2eme ligne reconverti en flanker (Scott Fardy) et d'un joueur jugé trop petit au début de sa carrière (Michael Hooper). Un modèle réfléchi, pensé, et qui a pu permettre à l'Australie de remporter il y a quelque semaines son premier trophée majeur (le Rugby Championship) depuis 2011.

Ce système et cette défense vont maintenant passer le plus grand test de sa jeune existence, ce samedi, face à la terrible équipe de Nouvelle-Zélande.

Michael Hooper et David Pocock (Australie) après leur victoire face à l'Australie - le 3 octobre 2015
Michael Hooper et David Pocock (Australie) après leur victoire face à l'Australie - le 3 octobre 2015
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