Michalak: "On s’est fait taper sur les doigts"

Frédéric, aujourd’hui vous diriez que le jeu du XV de France est dans les clous, en bonne voie ?

Frédéric MICHALAK: Ça se met en place. C’est délicat d’analyser les matches amicaux. On essaye beaucoup de choses et il y forcément du déchet. J’entends beaucoup de gens dire que le jeu n’est pas à la hauteur. Tout le monde essaye d’expliquer ce qu’est le jeu alors que moi-même, j’en ai peut-être pas encore conscience. On sait bien qu’il faut surtout avoir une bonne défense, être agressif et essayer d’avoir des turnovers. Si vous regardez les All Blacks, ils ne jouent pas dans leurs 40 mètres. Il ne faut pas se tromper sur nos objectifs. Aujourd’hui, notre objectif premier doit être de bien défendre et d’avoir une super conquête. Il faut continuer à travailler là dedans parce qu’après on ne va pas réinventer le rugby. Pour les trois-quarts, c’est toujours agréable de voir les avants dominer.

On parle systématiquement du jeu en première main mais est-ce vraiment la clé au niveau international ?

F.M: Ça peut nous permettre d’avancer sur le terrain mais près des lignes, c’est très difficile d’envoyer le ballon loin. Aujourd’hui, les défenses ont pris le pas. La décision se fera sur plusieurs temps de jeu. Elle ne viendra pas sur le premier temps. Samedi, on prend un essai en première main alors on donne l’envie de le voir chez nous. Tant pis pour nous. Mais on leur donne cet essai. On s’est fait taper sur les doigts.

Aujourd’hui, notre objectif premier doit être de bien défendre et d’avoir une super conquête

En terme de jeu, après six semaines où le physique a été le cœur de votre préparation, vous avez l’impression de tout reprendre à zéro ?

F.M: Oui, c’est un peu ça. A titre personnel, ça va me faire bizarre de rejouer un match. On essaye de vite piger aux entrainements ce que l’on veut faire. Mais samedi, si la tête est présente, le reste suivra sans problème.

Est-ce que Patrice Lagisquet vous laisse vous approprier le jeu ?

F.M: Il a ses idées. On a travaillé beaucoup de choses depuis un mois et demi. On domine assez bien les premières phases. Après, il y a eu de petits oublis derrière nos touches. On va peut-être rétrécir la liste samedi au Stade de France et jouer le coup à fond.

Philippe Saint-André regrette souvent cette passe inutile à cinq mètres de l’en-but. C’est un péché d’orgueil ?

F.M: Il y a eu une très belle phase des avants qui patientent quand Uini (Atonio) doit marquer. Il faut rester sur ça. Après, sur les zones de marque, ce sera très dur d’envoyer le ballon très loin. Il faut se servir de notre puissance en milieu de terrain. Mais on a encore ce geste hasardeux quand on franchit la ligne d’avantage. On essaye des passes un peu impossibles. On bosse pas mal sur des ateliers pour arriver à gommer ça. Mais ce sont des matches amicaux, il faut se dire que les joueurs essayent des choses. Regardez les Anglais. Ils ont tapé leur pénalité en touche pour tenter de mettre des choses en place. Nous, on est un peu plus pragmatiques sur ces matches là. S’il y a des points à prendre, on les prendra.

On essaye des passes un peu impossibles

Mais le staff vous a tellement dit de vous lâcher… On peut difficilement vous reprocher aujourd’hui de tenter ces gestes, non ?

F.M. Bien sûr. Philippe nous a juste indiqué de faire une passe très simple quand le décalage est fait ou quand tu franchis la ligne et qu’il n’y a personne à droit ou à gauche, tu essayes de passer pas l’axe pour créer un ruck. C’est vraiment un petit détail. Les joueurs en ont pris conscience. Mais il faut le mettre en place parce que ça va être épais ce week-end.