Rugueux, prolifique ou esthétique... nos 5 Crunch les plus marquants

• Le plus collectif : Angleterre - France : 3 - 4 (19 février 1977)

Les Bleus de Rives, Fouroux et Cholley sont maudits par les Celtes et les Britanniques : ils sont "violents", sans peur, ce sont des barbares… Sous les sifflets de Twickenham, cette bande de mauvais garçons est en route vers le deuxième Grand Chelem de l’histoire du XV de France. Le match en lui-même n’a pas fait lever les foules mais nous en dit un peu plus sur la nation de solidarité, maître mot du Tournoi 1977. Au cours de cette édition, les XV mêmes Bleus seront alignés sur les quatre matchs et ils n’encaisseront pas d’essai…     

• Le plus "esthétique" : Angleterre - France : 21 - 19 (16 mars 1991)

Peu avant le quart d’heure de jeu l’ouvreur anglais Hodgkinson rate une pénalité et le ballon finit sa course dans l’en-but. Berbizier s’en saisit et transmet à Blanco. L’arrière voit du soleil dans la grisaille et relance. Tout le reste n’est qu’une succession de gestes justes et exécutés dans le bon tempo : Laffont fixe et sert Sella qui déboule sur l’aile : le centre rentre sa course et sert en croisée Cambérabero. L’ouvreur tape un petit coup de pied par-dessus, éliminant au passage quatre défenseurs, et récupère le ballon d’une main avant d’ajuster un coup de pied de recentrage. Philippe Saint-André venu de l’aile opposée récupère le ballon à 22 mètres des barres et finit le travail. Un chef d’œuvre ! Le match fut perdu mais cet essai est resté comme étant le parfait symbole de la force créatrice des Bleus. 

• Le plus rugueux : France 13 - Angleterre : 13 - 31 (15 février 1992)

Le contexte est éminemment tendu : quelques mois plus tôt, en quart de finale de la Coupe du monde 1991, les Anglais réservent un traitement de faveur à Serge Blanco, alors icône du rugby français et les Bleus quittent la compétition après une défaite 19 - 10. Le 15 février 1992, "à la piaule", les Coqs sortent les ergots et quelques marrons… Mais ils sont dépassés par une équipe aussi brillante et dure dans laquelle se côtoient Carling, Guscott, Leornard et Moore. Les Anglais mènent assez confortablement quant à la 70e minute, le pilier Grégoire Lascubé est exclu pour "brutalité". Pour rappel, en 1992, "brutalité" c’était au minimum sauter à pieds joints pendant plus de 45 secondes sur le dos d’un adversaire... La frustration monte et une poignée de minutes plus tard, Vincent Moscato est accusé d’une entrée en bélier en mêlée. M. Hildich, l’arbitre irlandais de la rencontre, sort un deuxième carton rouge. Et pour quelques années les Français seront considérés comme des bêtes sanguinaires auxquelles il faudra passer l’envie de se révolter…  

• Le plus probant : Angleterre - France : 20 - 23 (1er mars 1997)

Le XV de France court après le Grand Chelem depuis 10 ans. Mais en cette année impaire, le Bleus d’ Abdelatif Benazzi doivent se déplacer en Irlande et en Angleterre. L’Irlande est écartée 32 - 15, idem pour le pays de Galles 27 - 22 puis se dessine "la finale" à Twickenham. Les Français sont chahutés jusqu’à être menés 14 - 6 à la pause. Les hommes de Dallaglio semblent tenir le match et le tableau de marque affiche 20 - 6 à la cinquantième minute. Mais "la Flamme" rallume… la flamme. A l’heure de jeu, Laurent Leflamand inscrit l’essai qui permet aux siens de revenir dans le match avant d’être imité dix minutes plus tard par "Titou" Lamaison. L’ouvreur, en feu ce jour-là, inscrit 18 des 23 points des Coqs. Les Bleus s’imposent dans un Twickenham hagard et médusé et enlèvent le Grand Chelem quinze jours plus tard grâce à un nouveau succès face à l’Ecosse.

• Le plus prolifique : Angleterre - France : 55 - 35 (21 mars 2015)

Si assez peu de lecteurs de Rugbyrama ont des souvenirs très précis du premier Angleterre - France disputé le 22 mars 1906, en revanche, personne n’a pu oublier le dernier. C’est l’ultime rencontre d’un Tournoi une nouvelle fois décevant pour des Bleus battus en Irlande et à Paris par les Gallois. C’est donc sans grandes certitudes que les Coqs retrouvent Twickenham. Le premier essai encaissé après une minute trente dans un stade surchauffé n’a rien n’engageant. Puis la folie s’empare de la rencontre : 2 essais français puis 2 anglais. Les Bleus s’accrochent au bastingage, serrent les dents mais voient les Anglais se détacher au score et l’emporter avec 20 points d’écart. Pourtant, on conservera à l’esprit l’idée d’un match réjouissant, rafraichissant et plein d’espoir. Les Bleus ont fait exploser le carcan dans lequel ils semblaient étouffer depuis de longs mois et signent leur plus "belle" défaite face aux Anglais.