"Ils ne sont pas descendus du bus"

Par Rugbyrama
  • World Cup 2011 France Lievremont
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Marc Lièvremont est déçu par ses joueurs. Et pas seulement par leur défaite contre les Tonga. Le sélectionneur tricolore regrette aussi leur comportement à l'issue de la rencontre et il l'a fait savoir ce dimanche en conférence de presse où il les a comparés aux Bleus de Raymond Domenech.

"Certains me comparent à Raymond Domenech. Sachez que j'ai le plus grand respect pour lui. Certains de mes joueurs se gaussaient des footballeurs l'an dernier, mais quelque part, hier soir, ils ne sont pas descendus du bus..." Wellington comme Knysna ? On n'en est pas encore là. Mais il est saisissant de noter que le parallèle est effectué par le sélectionneur lui-même.

Dimanche en conférence de presse, Marc Lièvremont n'avait plus les yeux rougis comme samedi soir. Cette fois, son regard était noir, comme il le devient quand la déception lui est insupportable. Le sélectionneur en avait gros sur le coeur. Car ses joueurs ne l'ont pas seulement déçu par leur piteuse prestation face aux Tonga : "Ce matin, ils n'étaient pas tous rentrés à l'hôtel, expliquait-il, dépité. J'aurais voulu qu'on se retrouve autour d'un verre, qu'on se parle, qu'on échange, qu'on boive, qu'on se dise que l'aventure est belle. Même là, j'ai été déçu. Le groupe s'est éparpillé. Force est de constater qu'on vous donne raison... Dès la fin de la conférence de presse, j'ai sorti trois packs de bière, dit qu'il fallait se lâcher parce qu'on était qualifié malgré tout. Et il y a eu une forme de déception de ne pas savoir se dire les choses. Moi aussi ma femme m'a fait la gueule parce que je n'ai pas dormi avec elle. Je lui ai dit qu'on aura toute la vie pour dormir ensemble mais que je ne vivrai qu'une seule Coupe du monde..."

Pour Marc Lièvremont, ses joueurs n'ont pas réagi en équipe samedi soir. Et bien qu'il s'en défende, il semblait découragé ce dimanche : "J'ai du respect et de l'estime pour eux. Et c'est réciproque. Mais je ne me fais pas trop d'illusions. Pour eux, leur image est très importante. Ils ont des agents pour ça et j'ai vu certains d'entre eux avec eux après le match. Ils ont une carrière à gérer, une image auprès de la presse à satisfaire... Malgré tout, si on les prend un par un par un, ce sont des bons mecs." Les mots – et il a rappelé samedi soir l'importance qu'il leur accorde – sont extrêmement sévères. A la hauteur du désenchantement.

"Qu'ils fassent sans moi"

Mais comment expliquer qu'un sélectionneur ne soit pas capable d'obtenir de ses troupes qu'elles se regroupent après une telle contre-performance ? "J'ai été pris de court, a-t-il justifié. J'avais des obligations médiatiques et quand j'ai appelé un joueur après avoir fini, certains étaient déjà partis." Cet épisode témoigne en tout cas de l'incompréhension profonde qui existe entre le staff et l'équipe. Marc Lièvremont a eu beau répéter qu'il n'y a "pas de fracture", les faits semblent montrer le contraire.

Le patron des Bleus, qui jure "vouloir continuer à se battre", a exhorté son groupe à se prendre sérieusement en main pour préparer le quart de finale contre l'Angleterre samedi : "Qu'ils fassent sans moi, je demande que ça d'une certaine manière. Je serai là pour les accompagner et les encourager mais c'est leur aventure." Et avant de conclure par la phrase sur la descente du bus - qui promet de rester fameuse -, Marc Lièvremont a cité un proverbe africain reçu par texto et qui lui a beaucoup plu : "Le chimpanzé, quelle que soit la laideur de son fils ou la lourdeur de sa faute, ne le laisse jamais tomber par terre." L'équipe de France y semble déjà, à terre...

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