Le réveil des géants

Après avoir touché le fond contre les Tonga, les Bleus ont atteint des sommets face à l'Angleterre. Il fallait au moins ça pour dominer XV de la Rose et remporter une victoire qui fera date dans l'histoire du rugby français. Les Tricolores, qui avaient annoncé partout cette semaine qu'ils seraient au rendez-vous, ont tenu parole. Que s'est-il passé pour que cette équipe, indigente à Wellington le week-end dernier, soit ainsi transfigurée ?

En premier lieu, des mots ont été prononcés. Qui ont fait mal, qui ont touché, mais qui étaient indispensables pour avancer. "Il est certain qu'on a beaucoup cogité après les Tonga et ça a sûrement été le coup de pied au cul qu'il nous fallait pour réagir, explique le troisième ligne Julien Bonnaire, excellent sur la pelouse de l'Eden Park samedi soir. Tout était question de timing et là ça y est, ça semble s'être décanté. On a eu de longues discussions mais les paroles c'est bien beau, il fallait traduire ça sur le terrain." Voilà qui est fait.

Ces derniers jours, les joueurs se sont pris en main, resserrés, reconcentrés. Bref, il se sont mis en configuration Coupe du monde. Enfin. Et ça a payé. "Il y a eu une prise de conscience, explique le deuxième ligne Julien Pierre. On s'est rendu compte de la chance qu'on avait d'être ici. Peut-être qu'on n'avait pas pris la mesure de l'événement jusque-là."

Parra : "Le vrai visage de l'équipe de France"

Pour Thierry Dusautoir, qui avait publiquement exigé une réaction de ses coéquipiers vendredi, "les victoires mitigées et la défaite face aux Tonga ont permis d'ouvrir les yeux". "Je ne sais pas si nous avons joué un très grand rugby ou fait des choses extraordinaires, mais sur le terrain, il y avait 22 Français qui avaient envie d'exister dans cette compétition", a ajouté le capitaine.

La fierté, moteur à énergie inépuisable pour l'équipe de France. "C'est une belle histoire d'hommes, affirme le demi de mêlée Morgan Parra. Nous avons mis des actes après nos paroles et montré le vrai visage de l'équipe de France. Après le match contre les Tonga, les sifflets du public nous ont fait mal, les critiques nous ont fait mal. C'était mérité, on le sait, alors toute cette semaine, on s'est dit qu'on voulait sortir la tête haute de ce match." Après un mois de léthargie, les Bleus se sont réveillés. Fini le cauchemar, ils peuvent se prendre à rêver.