Lakafia, sujet sensible

Quelle différence entre sensibilité et sensiblerie ? La question, digne des annales d'une mauvaise année de baccalauréat, se trouve pour le moins susceptible de faire couler de l'encre. Voire d'agacer certains joueurs de rugby... Le Wallisien Raphaël Lakafia l'a appris à ses dépens qui, confiant à un parterre de journalistes son émotion au vu des danseurs maoris à l'aéroport d'Auckland, dut illico biffer un confrère curieux d'aller plus loin dans le sujet. "J'aimerais ne pas trop parler de ça... Après ma première sélection, où j'avais confié que j'étais quelqu'un d'émotif (il avait dû essuyer quelques larmes après avoir chanté la Marseillaise à Bordeaux , NDLR), certains en ont déduit que je l'étais trop pour jouer au plus haut niveau."

Aligné contre le Japon ?

Argument fallacieux, évidemment. En dirait-on autant des Argentins, dont les larmes d'avant-match sont pourtant monnaie courante ? Certainement pas. Sauf que les faits et gestes d'un international français sont scrutés dans les moindres détails, pour être ensuite analysés, décortiqués. Drôle de règle d'un jeu dont Raphaël Lakafia fait sur le tas l'apprentissage. "C'est vrai, cela fait partie du jeu, je ne suis pas dupe. Mais cela m'a tout de même gêné. Ce n'est pas parce que j'ai vécu un moment d'émotion que cela a influé sur ma performance. Et pour tout dire, cela m'ennuie que l'on puisse se servir de cela pour interpréter mes prestations."

Le terrain, rien que le terrain. Raphaël Lakafia souhaite ne plus être jugé que par cela. Et cela tombe bien, car on devrait l'y retrouver assez vite... Promis à une place de titulaire pour la rencontre face au Japon, le Biarrot devrait face aux Nippons avoir l'occasion de faire l'étalage de toute sa puissance, à peine entrevue face aux Irlandais. Et pour cela, le trac de la grande première ne sera plus sujet à exégèse. A ce titre, Raphaël Lakafia apportera sa réponse définitive à notre interrogation initiale. Laquelle comptera forcément dans le mano à mano livré avec Louis Picamoles pour une place de titulaire au couloir, et donc quant à l'avenir personnel du Biarrot dans cette Coupe du monde...