Lièvremont, la colère froide

Marc Lièvremont n'a pas passé une soirée "très enthousiasmante" samedi. Le contraire aurait été étonnant... Si on était à mille lieux de l'emportement qui avait suivi la défaite en Italie en mars dernier, son courroux transpirait quand il lâchait cette lapalissade en salle de presse à l'issue de la rencontre. Une colère froide, sans déclaration fracassante mais avec des mots bien choisis, tranchants comme la lame du poignard avec lequel les Bleus ont bien failli se faire hara-kiri face aux Japonais.

Très rapidement, le sélectionneur des Bleus parlait de "suffisance". Et s'il revenait sur cette déclaration quelques minutes après, son jugement restait très sévère à l'encontre de ses joueurs : "Je me suis peut-être mal exprimé. Enfin, je ne sais pas... Mais on s'est certainement vus trop beaux, trop faciles. On n'a pas fait ce qu'il fallait." Ce n'était pas faute de les avoir prévenus... Stoïque à ses côtés, le capitaine Thierry Dusautoir ne pouvait qu'acquiescer.

"On a manqué d'ambition"

Bien sûr, la deuxième mi-temps a extrêmement déplu au technicien tricolore. Mais bien avant ça, il n'était pas satisfait de la copie rendue par son équipe : "On a manqué d'ambition dès le début du match. Sur nos quatre premières touches, on lance des mauls improductifs sur lesquels un seul joueur s'échappe avant d'être contré. Dès le départ, notre mêlée est extrêmement forte mais, en suivant, on vendange des situations de surnombre assez évidentes. Malgré tout cela, on a le mérite d'ouvrir le score et de mener deux essais à zéro. Et là on ne produit plus, on joue plus ensemble..."

Agacé par les "redites dans les questions" des journalistes, Marc Lièvremont lâchait, exaspéré, "on n'est pas content, évidemment." Et quand un confrère lui demandait où il se situait par rapport à sa volonté de marquer les esprits lors de ce premier match, il soufflait, balançant un "A ton avis ?" pour seule réponse... Et bien qu'il tenta un accès d'optimisme en parlant d'un "avertissement sans frais qui va permettre de remettre les choses dans l'ordre", le sélectionneur tricolore bouillait d'une colère glaciale samedi soir. Les mâchoires serrées et le regard noir.