Blin : "Inadapté et disproportionné"

Par Rugbyrama
  • Mathieu BLIN - 04.08.2011 -Conference de presse
    Mathieu BLIN - 04.08.2011 -Conference de presse
Publié le Mis à jour
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Jeudi, lors de la conférence de presse annonçant l'exclusion de Yoann Huget du groupe France pour manquements au suivi longitudinal anti-dopage, Mathieu Blin était présent auprès de Pierre Camou et du joueur. Pour le président de Provale, il faut revoir le protocole dans son intégralité.

Quelle est votre réaction, en tant que président de Provale, à l'affaire Huget ?

Mathieu BLIN : Certains diront qu'il n'y a pas mort d'homme. C'est sûr... Mais même s'il n'y a qu'un seul cas, c'est déjà un cas de trop. Yoann est un jeune joueur qui allait participer au plus grand événement qui soit dans le rugby. Les conséquences sont terribles pour lui alors qu'il ne s'agit, finalement, que d'un problème administratif. J'ajoute qu'il a été contrôlé à de nombreuses reprises. Nous cherchons à vérifier le chiffre exact mais il a été contrôlé entre cinq et huit fois cette saison.

Le protocole auquel doivent se plier les joueurs est-il adapté aux sports collectifs ?

M.B. : Il est beaucoup trop lourd. Les joueurs qui sont tirés au sort doivent, 365 jours par an et 7 jours sur 7, donner une heure par jour durant laquelle ils pourront être contrôlés. Ils doivent fournir cette information tous les trois mois et peuvent la changer du jour au lendemain, jusqu'à 17 heures. Mais ne vous est-il jamais arrivé de décider, à 19 heures, d'aller dîner chez des amis ? Si le joueur n'est pas là lors du contrôle, il n'a pas la capacité d'expliquer pourquoi il n'a pu être présent. Ce processus n'est pas du tout adapté. Il est trop strict, sans aucune personnalisation et les sanctions sont disproportionnées.

Que préconisez-vous alors ?

M.B. : Avec la Fédération Nationale des Associations et Syndicats de Sportifs, à laquelle Provale appartient, nous proposons que les joueurs ne soient pas géolocalisables pendant leurs vacances, qu'il y ait une extension des contrôles et des groupes de personnes contrôlées. Au départ, seuls les capitaines l'étaient et nous nous étions battus contre ça car il s'agissait d'une stigmatisation inacceptable. Enfin, nous souhaitons que le sportif ne soit pas le seul responsable mais que son entourage le soit aussi. Imaginons que son équipe subisse une grosse défaite et que son manager décide au dernier moment de rajouter une séance d'entraînement. Si les contrôleurs passent et que le joueur n'est pas là, il sera considéré responsable alors qu'il n'y est pour rien... Nous avons déposé un recours auprès du Conseil d'Etat mais nous avons été déboutés en février dernier.

Cette affaire entraîne forcément une suspicion de dopage...

M.B : C'est pourquoi Pierre Camou a immédiatement parlé de commission juridique et non de commission médicale, ce qui aurait sous-entendu qu'il y aurait pu avoir dopage. Le fait qu'une commission juridique soit saisie signifie qu'il s'agit uniquement d'un souci administratif. C'est fondamental de préciser cela. Et je menace quiconque ferait l'amalgame de poursuites en diffamations. Nous ne sommes pas en présence d'un contrôle positif ou d'un éventuel cas de dopage. Après, cela n'enlève rien à l'engagement de Provale dans la lutte contre le dopage. Nous demandons simplement un protocole plus adapté. L'incidence sur le joueur est énorme. Ne participant pas à la Coupe du monde, Yoann est déjà sanctionné alors même qu'il n'est pas passé devant la commission de la FFR. Il risque deux ans de suspension, non pas pour dopage mais pour un problème administratif. C'est totalement disproportionné.

Si le protocole est si lourd, comment expliquez-vous qu'aucun autre cas n'ait eu lieu dans tous les autres sports jusque-là ?

M.B. : Parce que dans les autres sports, on connaît les noms des joueurs suivis, ce qui n'est pas le cas dans le rugby. Et quand un joueur atteint deux avertissements, un système d'alerte est mis en place avec la Ligue et la Fédération pour qu'il n'y en ait pas un troisième. L'entourage du joueur est prévenu etc. Au rugby, nous ne sommes pas associés aux tirages, ce qui rend notre travail beaucoup plus difficile. Nous recoupons les informations auprès des joueurs eux-mêmes mais ce n'est pas simple.

Retrouvez lundi dans Midi Olympique un dossier sur les prolongements de l'affaire Yoann Huget...

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