Au stade du paradis

Par Rugbyrama
  • France Dusautoir
    France Dusautoir
Publié le Mis à jour
Partager :

Comme en 1987 à l'Eden Park, la Nouvelle-Zélande affronte la France en finale de la Coupe du monde dimanche (10h). Les All Blacks sont logiquement donnés archi-favoris à domicile. Mais les Bleus, piqués au vif par les critiques, n'ont pas encore dit leur dernier mot. Ils visent un premier sacre.

C'est vrai, le XV de France n'aura pas été la meilleure équipe de la Coupe du monde 2011. Mais il lui reste quatre-vingt minutes pour prouver qu'il peut être la meilleure équipe de la finale. Et c'est bien là l'essentiel, puisque l'histoire ne retiendra que le nom du vainqueur de cette septième édition. Plus que jamais, les Bleus se trouvent dos au mur. Ils savent mieux que quiconque qu'ils se sont hissés là par la petite porte, avec la seule force des tripes et beaucoup de réussite. Ils reconnaissent qu'ils n'ont jamais affiché la maîtrise et le talent supposés les conduire au titre de champions du monde, depuis leur premier match contre le Japon, le 10 septembre.Ils entendent les critiques venues du monde entier et subissent malgré eux la pression colossale de la presse néo-zélandaise qui en fait des tonnes sur les "chickens": elle a encore ressorti cette semaine le vieux dossier de la défaite musclée concédée par les All Blacks à Nantes en 1986 et est allée jusqu'à voler l'image de Marc Lièvremont, fumant seul une cigarette à la fenêtre de sa chambre d'hôtel...

Tout est contre les Tricolores, qui se remontent en outre le bourrichon, en se persuadant que la presse française a ourdi un complot contre eux. Ce climat lourd, pesant, tendu, est probablement le plus fort des ressorts que les joueurs français actionneront dimanche. En une heure et demie, ils peuvent basculer du rang des anonymes à celui de héros de la nation. Ils tiennent leur destin en main et, à en croire l'humilité de leurs propos cette semaine, sont parfaitement conscients de l'enjeu historique de cette finale en Nouvelle-Zélande. Pour ce match du siècle, Marc Lièvremont a reconduit sans surprise le même quinze de départ que celui aligné en quarts et en demi-finale contre l'Angleterre et le pays de Galles. Une équipe très expérimentée, forte d'un pack solide dont la moyenne d'âge flirte avec les 32 ans. Beaucoup de joueurs, aussi, qui ont l'habitude de disputer des finales (championnat et Coupe d'Europe) dans leurs clubs respectifs. Ce sont eux qui devront venir à bout de All Blacks impressionnants depuis le début du Mondial.

Invaincus à l'Eden Park depuis 1994

Car si la France a atteint la dernière marche de la compétition en concédant deux défaites, du jamais-vu, la Nouvelle-Zélande, elle, a balayé tous les adversaires sur son passage. Dont les Tricolores, le 24 septembre dernier, dans ce même stade de l'Eden Park (37-17). Un match de poule dont les Bleus disent avoir tiré les enseignements : l'on se souvient qu'il leur avait échappé, surtout, par la faute de coupables erreurs individuelles en défense, entre la dixième et la vingtième minute, qui leur avaient coûté trois essais. Mais dimanche, Dan Carter, qui leur avait fait tant de mal, ne sera plus là. Au contraire d'Harinordoquy, Mas, Palisson et Servat, qui n'avaient pas débuté cette rencontre. Et les Bleus, au plan du jeu, ont vite changé leur fusil d'épaule : ils combattent désormais avec leurs forces.

Le temple des All Blacks, néanmoins, sera bien sûr tout acquis à la cause des hommes de Graham Henry. Une marée noire est attendue sur l'Eden Park, où les Néo-Zélandais sont invaincus depuis le 3 juillet 1994 ! Un essai de Jean-Luc Sadourny, entré dans la légende, avait en effet permis aux Bleus de l'emporter ici (23-20). Tout sauf un hasard : de toutes les nations au monde, la France est celle qui est capable des plus grands exploits face aux All Blacks. C'est bien ce qui incite les coéquipiers de Richie Mc Caw à la prudence, en dépit de l'excitation de tout un pays qui a tendance à considérer un peu trop promptement la victoire déjà en poche.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?