1999, le retour sur terre

LE CONTEXTE

Malgré un tournoi et une tournée d'été catastrophiques, une cascade de blessés (Carboneau, Mignoni, Castaignède) et des suspensions (Califano, Pelous), la France parvient à se hisser en finale grâce au retournement de situation le plus improbable de l'histoire en demi-finale face aux All Blacks (43-31). Les Bleus nagent en plein rêve. De son côté, l'Australie est en confiance avec sa charnière Gregan-Larkham et ses hommes d'expérience titrés huit ans plus tôt (Eales, Horan, Little,...). Elle pilonne tous ses adversaires, présente une défense de fer (un essai encaissé en cinq matchs) et vient de sortir le tenant du titre sud-africain en prolongation (27-21). Seul l'incroyable succès des Français peut la faire douter. Pas ses capacités.

LE MATCH

Est-ce l'euphorie de la demi-finale? Toujours est-il que les Bleus rentrent bien dans cette rencontre. Christophe Lamaison donne par deux fois l'avantage à la France sur pénalité (3-0 puis 6-3) après moins d'un quart d'heure. Mieux, les Bleus vont à l'essai mais Monsieur Watson le refuse pour un en-avant. Les Wallabies ne paniquent pas et marquent à chaque incursion dans le camp français. A la pause, l'Australie mène 12-6. En seconde période, il n'y a plus match. Les Bleus sont déjà exténués et Burke enfile les pénalités plus régulièrement que Lamaison. Après une première alerte de Roff (essai refusé), la défense du XV de France craque devant Tune (66e) puis Finegan (76e). L'Australie devient la première nation à remporter une deuxième Coupe du monde (35-12).

POURQUOI LES BLEUS ONT PERDU ?

Comme en 1987, les Bleus ont joué leur finale avant l'heure. La victoire inespérée face aux All Blacks, considérée comme le match du siècle, a eu des répercussions toute la semaine avant l'Australie. Entre sollicitations (médiatiques et familiales) et festivités, les joueurs n'ont pas préparé correctement ce rendez-vous. Quand ils se sont présentés face aux Wallabies au Millennium de Cardiff, ils étaient cuits physiquement et vidés mentalement. "On avait trop longtemps gardé la tête à la demi-finale et on n'avait jamais basculé sur la finale", dira Marc Lièvremont à l'époque. Enfin, l'Australie n'était pas non plus la première venue...

L’ANECDOTE

Ce match était le dernier en équipe de France de Marc Lièvremont qui deviendra dimanche, le premier à disputer une finale comme joueur et entraîneur. A l'époque, le troisième ligne aile est incertain en raison d'une déchirure aux adducteurs. Il est finalement titulaire mais joue sous infiltrations. A la fin de la rencontre, il a cette phrase, qui pourrait aussi bien être prononcée lundi prochain. "J'ai vécu une aventure formidable mais il faut maintenant tourner la page. Il faut désormais que je pense à ma reconversion professionnelle". Marc Lièvremont avait alors 31 ans, comptait 23 sélections (4 essais) et un Grand Chelem avec le XV de France.

LE SOUVENIR

"Il est clair que c'était très difficile de revenir dans la compétition après l'exploit face aux Blacks. On a eu beau se dire qu'il y avait la finale contre l'Australie, je pense qu'il y a eu inconsciemment un relâchement. Si c'était à refaire, la préparation de la finale aurait été différente. Il y aurait eu moins d'euphorie, plus de sérieux. On s'est peut-être pris pour d'autres mais nous n'avons pas non plus été aidés par tout le tapage autour de nous. Maintenant, il faut bien avouer que l'Australie était bien meilleure."(Philippe Bernat-Salles, trois quarts aile)