White: "Une chance incroyable"

Par Rugbyrama
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Pour Jake White, un deuxième titre mondial constituerait "une incroyable 2e chance" pour l'Afrique du Sud, encore nostalgique de l'impact du sacre en 1995.

Votre parcours, votre dernière confrontation contre l'Angleterre (36-0), le potentiel, tout semble pointer vers une victoire des Springboks...

JAKE WHITE: A cette Coupe du monde, les choses n'ont suivi ni logique ni réputation. Et le match de poule n'a plus aucune importance: là, c'est une finale de Mondial. L'Angleterre a récupéré Wilkinson et, sans avoir vraiment changé, ils peuvent élaborer avec lui le jeu qui est vraiment le leur. Et ils ont des joueurs qui savent ce qu'est une finale, qui étaient là en 2003, les Robinson, Catt, Vickery, Corry, Dallaglio, Worsley. C'est un immense avantage.

Dans une finale, justement, nerfs et capacité de maîtrise de l'événement sont capitaux. Avez-vous un doute concernant certains de vos jeunes ?

J.W: Il y a toujours un point d'interrogation, car on ne peut pas "entraîner" un jeune à une telle expérience, il faut qu'il la vive. On ne peut s'asseoir avec tous et passer en revue tous les scénarios qui peuvent se produire en 80 minutes. Y aura-t-il des décisions lourdes à prendre, des erreurs, comment y réagira-t-on ? Cela sera crucial. Mais j'ai confiance: en Smit, Matfield, Botha, Smith, qui sont des joueurs d'expérience, qui ont tous été des capitaines dans leur vie, ils déteignent sur les jeunes.

La mêlée, un secteur dans lequel l'Angleterre vous a bougés il y a un mois, sera une des clefs samedi. Qui vous inquiète ?

J.W: Les Anglais sont très forts en mêlée. Surtout, ils en tirent une grande confiance en match. Soyons clair: si l'Angleterre est là, c'est grâce à sa mêlée. Ils ont dominé l'Australie en mêlée en quarts, ils ont gagné. Ils ont mis la pression sur la mêlée française en demie, ils ont gagné. Mais on n'a pas vraiment été mis en défaut contre eux et on avait une 1re ligne différente (sans Van der Linde). C'est un défi, mais on a de quoi les bloquer. Et un match n'est pas que mêlées: il y a les touches, la capacité de contre, la vitesse...

Quelle sera, alors, la clef ?

J.W: Si on regarde le quart et la demi-finale de l'Angleterre, dans les deux cas, Australie et France ont joué presque comme pour ne pas perdre. Cela aide les Anglais: si on joue pour ne pas perdre, c'est ce qu'ils attendent, cela leur donne de la confiance à mesure du match. Or quand l'Australie et la France se lâchèrent brièvement, les Anglais partaient dans tous les sens. Le secret, c'est d'aller en finale avec l'état d'esprit de vouloir gagner, non pas éviter de perdre.

Le titre 1995 reste associé à, et acteur de, l'euphorie de l'Afrique du Sud démocratique naissante. Que représenterait un deuxième ?

J.W: Ce serait comme la naissance d'un deuxième enfant. Et on l'aime autant qu'on aime le premier, vous savez... Pour nous Sud-Africains, il y a beaucoup plus en jeu que gagner la Coupe Webb-Ellis. On joue pour des millions de gens dans notre pays, on joue pour les 4, 6, 10 prochaines années peut-être. Et ce groupe, qui était jeune à l'époque mais se rappelle de l'impact de 1995, sait à quel point il est important de gagner ce tournoi.

Concrètement cela changerait quoi ? L'ouverture réelle du rugby à toute la population ? La relance du sport comme rassembleur ?

J.W: L'autre jour je regardais sur CNN un reportage sur des enfants de Soweto, qui disaient combien ils adorent leur rugby. Des jeunes, des joueurs noirs étaient interviewés, et l'impact de notre équipe, de sa présence en finale, semblait incroyable sur eux. Cela renforce ce que 1995 avait fait. C'était magique, vous savez, comme un film, où tout semble marcher d'un seul coup. Mais en tant que société, on n'a pas su pousser cet avantage, on l'a un peu laissé filer, y compris à notre niveau d'entraîneurs de rugby. Aussi, c'est comme une incroyable deuxième chance.

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