Chabal: "On les a concassés"

Par Rugbyrama
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Pour Sébastien Chabal, c'est en harcelant les Blacks dans le combat que le XV de France a puisé la source de sa formidable victoire. Comme tous ses coéquipiers, le deuxième ligne de Sale savoure, et attend avec impatience de retrouver le public français e

Sébastien, pouvez-vous d'abord revenir sur ce haka qui restera dans l'histoire? Comment avez-vous vécu ce moment?

Sébastien CHABAL : Le haka, c'est le haka. C'est le moment où, pour eux, le match commence vraiment. Il fallait donc faire front tout de suite et ne pas attendre le coup d'envoi pour leur montrer qu'on était là. C'est pour cette raison que nous nous sommes placés devant eux, sur la ligne médiane. Il n'était pas question de baisser les yeux ni de reculer. Ca a sans doute contribué à nous galvaniser, même si c'est un ensemble de choses qui font la détermination d'un groupe. Ce haka, c'était déjà un combat. Le moment était particulièrement intense, c'est vrai.

Est-ce difficile d'aller s'asseoir sur le banc après un tel moment?

S.C. : C'est sûr que j'avais envie de rester sur le terrain pour jouer. C'est comme ça. Mais cet influx ne nous a jamais quittés même nous, les remplaçants.

Vu de l'extérieur, qu'avez-vous ressenti durant la première période, quand vos coéquipiers étaient menés de 13 points?

S.C. : C'est facile à dire après coup, mais franchement, je n'étais pas spécialement inquiet. Les Blacks marquent leur essai sur une faute de notre part, quand nous leur avons rendu un ballon. Finalement, même à 13-0, ils n'avaient pas fait grand-chose. Ils comptaient sur nos erreurs, une fois de plus. Heureusement, on a su corriger ça après la pause, en limitant au maximum les fautes. Nous étions très bien organisés.

Quand vous rentrez en seconde période, vous sentez que le coup est jouable?

S.C. : Bien sûr. Mais ce n'est pas spécialement quand je suis rentré. J'ai eu ce sentiment tout au long de la semaine. On le sentait bien cet événement. En ce qui me concerne, ce n'est jamais simple d'entrer dans un match aussi serré. Quand je suis rentré, j'étais tout de suite dans le feu de l'action, en essayant de me mettre dans le rythme du match. Je devais me mettre au diapason, j'ai tout donné et ça a payé.

A quel moment avez-vous senti que le rapport de forces s'inversait, que les Blacks commençaient à perdre le fil?

S.C. : Je ne sais pas s'il y a eu un moment charnière. Je crois surtout que, physiquement, on les a bien pris devant. Je crois qu'ils ne s'attendaient pas à ça. Petit à petit, on a vu qu'ils commençaient à souffrir. Ils ont eu des blessés, et ils ont été obligés de procéder à un turnover plus rapide que prévu à mon avis. On les a bien cabossés...

Ils ont semblé à court d'idées...

S.C. : Ils sont comme tout le monde. Quand tu les concasses devant, les solutions, elles sont tout de suite plus difficiles à trouver. Et là, on les a concassés. C'est sûr, depuis le début de la Coupe du monde, ils jouaient toujours en avançant, tout était simple pour eux. Là, ils se sont trouvés face à un problème complètement différent.

"Il n'était pas question qu'ils passent"

Le final a été terrible sur le plan défensif, avec notamment cette séquence de quatre minutes dans vos 22m. Racontez-nous ça...

S.C. : Ce final, c'est le symbole de notre détermination, de notre faculté à répondre présent dans la difficulté. C'est là que le formidable esprit qui règne dans ce groupe paie sur le terrain. Sincèrement, on aurait pu jouer toute la nuit, il n'était pas question qu'ils passent. C'était hors de question. Il y a un an, nous aurions peut-être commis une faute bête, concédé une pénalité. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.

Qu'est-ce qui prime à cet instant? Le physique? Le mental?

S.C. : Je ne sais pas, un peu de tout ça sans doute. A partir du moment où vous mettez ces Blacks sur le reculoir, ce n'est plus la même histoire.

Vous avez étonné beaucoup de monde samedi. Mais vous êtes-vous surpris vous-mêmes?

S.C. : On y a cru très fort toute la semaine. On savait au fond de nous qu'on pouvait accrocher cette victoire, alors on a mis tout ce qu'il fallait pour l'obtenir. Il a fallu de l'agressivité, de la passion et surtout beaucoup de courage pour venir à bout de ces Néo-Zélandais. On peut être fiers de nous, d'autant que, comme vous le dites, pas grand monde croyait en nous.

Maintenant, cette Coupe du monde est loin d'être finie. Comment voyez-vous la suite?

S.C. : Il n'y a bien que vous qui pensiez que cette Coupe du monde était finie pour nous. Vous pensiez qu'on allait prendre une branlée, voilà le résultat. De notre côté, nous nous sommes fixé un objectif le 20 octobre et rien n'a changé à ce niveau-là. Maintenant, il est important de bien se reposer, de récupérer avant de se lancer dans la préparation de la demi-finale contre l'Angleterre, que je suis très heureux de retrouver. Tout le monde voyait l'hémisphère Sud, mais les Européens ont prouvé qu'ils étaient bien là. C'est une bonne chose.

N'est-il pas délicat de se remobiliser après une telle performance?

S.C. : Si je comprends bien, vous nous voyiez perdre contre la Nouvelle-Zélande, et maintenant vous pensez qu'on va perdre le prochain match contre les Anglais. Bien, on verra la semaine prochaine. Il y a eu un faux-pas contre l'Argentine au premier match, qui nous a mis dans la difficulté, mais depuis je pense que nous avons été réguliers dans la performance.

Vous vous sentez capables d'enchaîner?

S.C. : Mais bien sûr que nous sommes capables d'enchaîner les matchs! Nous nous sommes préparés des semaines pour ça. L'Angleterre, ce sera très, très difficile, mais on sera là.

Revenir au Stade de France après un tel exploit, ça va être quelque chose, non?

S.C. : Et oui, on rentre à la maison. On a juste fait une petite escale à l'extérieur, et maintenant on revient. C'est bien pour nous et encore plus pour le public français. D'après ce que j'ai entendu après le match, c'est la fête un peu partout en France. On attend ça avec une grande impatience.

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