Lomu: "La plus relevée de l'histoire"

Par Rugbyrama
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Loin du tumulte de la conférence de presse à l’ambassade de Nouvelle-Zélande pour la présentation du nouveau maillot des All Blacks cette semaine, Jonah Lomu a évoqué en exclusivité pour nous la future Coupe du monde, la poule de la mort des Français, les

Jonah Lomu, dans moins de six mois, le coup d"envoi de la 6ème Coupe du monde de l'histoire sera donné. La Nouvelle-Zélande fait figure de grande favorite. Qu'en pensez-vous ?

J.L: J'ai une grande confiance dans ce groupe. Nous disposons réellement de joueurs talentueux, qui peuvent faire la différence à n'importe quel moment. Richie McCaw est un vrai leader, un joueur qui peut faire basculer un match. Daniel Carter anime la ligne de trois quart avec brio. Si vous ajoutez Jerry Collins, qui en défense ne laisse rien passer - c'est un vrai mur - Carl Hayman, peut-être le meilleur pilier du monde, Mils (Muliaina), Joe (Rokocoko), cela fait du beau monde.

C'est donc une équipe imbattable...

J.L: Je ne veux pas mettre de pression sur les joueurs d'autant qu'une Coupe du monde ne se joue que sur des détails. Un drop, un essai dans les arrêts de jeu, des blessures... Vous savez, une rencontre comme celle de 1999 où nous avions perdu contre la France, cela peut toujours arriver. Mais je pense que cette année, les joueurs seront mieux préparés pour faire face.

Il semble également que Graham Henry et la fédération néo-zélandaise se donnent réellement les moyens d'être champions du monde. La quasi-totalité des All Blacks n'a pas participé aux premiers matches du Super 14...

J.L: Avec Graham Henry, Wayne Smith et Steve Hansen, les All Blacks possèdent ce qui se fait de mieux en "coaching staff". Des entraîneurs qui, tout en redonnant une priorité sur les phases de conquête, laissent les joueurs libres. Ils ont également la chance de pouvoir compter sur 40 joueurs de valeur internationale. Après, effectivement, ils doivent faire des choix, mais quel bonheur pour un entraîneur de savoir que les remplaçants sont aussi bons que les joueurs sur le terrain.

Une finale France-Nouvelle-Zélande, c'est envisageable ?

J.L: Avec le même résultat qu'il y a vingt ans ? (rires) (La Nouvelle-Zélande avait battu la France 29-9 lors de la finale de la première Coupe du monde en 1987, ndlr). Plus sérieusement, je crois que cette Coupe du monde sera la plus relevée de l'histoire. Les prétendants au titre sont nombreux. Et sur un match, l'exploit est à la portée de l'Argentine par exemple qui possède 90% de son effectif dans des grands clubs européens. Mais l'Irlande sera également un adversaire redoutable. Les Anglais sont tout de même tenants du titre, vous pouvez être sûrs qu'ils ne rendront pas les armes. Et les "Usual Suspects", Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud et Australie.

La France n'aura pas la partie facile avec dans sa poule l'Irlande et l'Argentine, qu'en pensez-vous ?

J.L: C'est la poule de la mort. Trois nations qui peuvent raisonnablement envisager le dernier carré, c'est énorme. L'équipe qui sortira première de cette poule sera sur une pente ascendante. Lorsque dès les matches de poules, vous jouez des matches de très haut niveau, cela ne laisse plus de place au relâchement.

Après cette Coupe du monde, de nombreux All Blacks vont arriver en Europe. Que pensez-vous de cet exode ?

J.L: Ils ont tout simplement envie de voir autre chose. Pour mieux revenir certainement. La plupart d'entre eux aura encore l'âge de jouer la Coupe du monde 2011 en Nouvelle-Zélande. Cette expérience européenne ne leur en sera que plus bénéfique. Cette arrivée de joueurs devrait également bénéficier aux Français, aux Anglais... Le passage de Tana Umaga à Toulon l'a bien montré. Il a réussi à faire passer son expérience, son envie... Je suis persuadé que les joueurs qui l'ont côtoyé ont beaucoup appris, tout comme Tana a appris à leur côté. Le rugby est et restera un lieu d'échange de culture, d'expérience.

D'un point de vue plus personnel, qu'en est-il de votre futur ?

J.L: Mon futur immédiat ? Ce sont deux rencontres face à l'équipe du Japon*. Je vais pour l'occasion retrouver Carlos Spencer, Jeff Wilson, Carl Hoeft, Ron Cribb, Justin Marshall, Andrew Merthens et bien d'autres. En ce qui concerne mon futur à plus long terme, je n'ai pas encore pris de décision mais je ne veux pas aller trop vite. Je ne veux pas avoir de regrets par la suite. Je suis vraiment très ouvert sur le lieu de mon futur club, la France, l'Angleterre. Je prendrais ma décision dans les mois qui viennent.

Vous avez maintenant 32 ans, jusqu'où comptez-vous aller ?

J.L: Quand je me réveille le matin, j'ai toujours cette envie de me retrouver sur les terrains, de m'entraîner. Le jour où, en me réveillant, je n'aurais plus cette envie, je prendrai ma décision. Je dirais stop.

Vous avez été transplanté il y a maintenant presque trois ans, quel regard portez-vous sur tout ce qui vous est arrivé, sur tout ce chemin parcouru ?

J.L: J'ai eu de la chance et aujourd'hui je savoure. J'apprécie tous les moments de la vie, du réveil à la moindre promenade jusqu'au fait de pouvoir désormais monter les marches sans l'aide de ma femme. Mentalement, ces épreuves m'ont rendu plus fort. Cela ne m'a pas empêché d'être au bord des larmes lorsque Grant (Grant Kereama, journaliste de radio qui a donné son rein à Jonah Lomu, ndlr ) a participé à sa première émission de télé en public il y a une quinzaine de jours. Il m'a donné l'opportunité de revivre, jamais je ne pourrais lui rendre la pareille.

* L'équipe du Japon, entraînée par John Kirwan, qualifiée pour la Coupe du monde affrontera à deux reprises, les 9 et 12 mai prochain, une sélection néo-zélandaise, les Classic All Blacks.

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