Habana: "Donner du bonheur"

Ce match face à l'Argentine a-t-il été plus simple que prévu?

BRYAN HABANA: Pas du tout. L'Argentine ne nous a pas facilité la tâche. Elle nous a bien mis la pression pendant les vingt premières minutes. Mais heureusement que nous avons des leaders comme Victor Matfield ou Os du Randt devant, capables de nous remettre dans le bon chemin. Et derrière, un joueur comme Percy Montgomery nous donne de l'air avec ses coups de pied. C'est une grande victoire car on travaille depuis quatre ans pour être champions du monde.

Vous avez encore marqué deux essais...

B.H: Oui, j'ai eu des opportunités et ça m'a sourit. Tant mieux pour l'équipe. Je n'ai aucun objectif individuel dans ce Tournoi. L'important, c'est que chaque joueur apporte sa contribution à l'équipe. Je vais essayer d'en amener une ou deux de plus samedi prochain contre l'Angleterre (rires).

Il y a cinq semaines, vous avez écrasé les Anglais en poule (36-0). En quoi cela sera-t-il différent?

B.H: Tout simplement parce que Jonny Wilkinson ne jouait pas! Il n'est pas champion du monde pour rien et n'a pas marqué le drop de la victoire en 2003 pour rien. C'est une équipe d'Angleterre complètement différente que l'on va jouer. Elle a prouvé lors des deux derniers matchs qu'elle était capable de tout et qu'elle était très forte lors des matchs couperets. Et il reste encore 12 champions du monde de 2003 dans cette formation, ne l'oublions pas. Notre victoire au premier tour ne compte plus. Ça va être très dur.

Pour vous, c'est donc le retour de Wilkinson qui a changé cette équipe...

B.H: Complètement, hormis Jason Robinson, il y avait un manque d'expérience dans les lignes arrière. Le retour de Jonny Wilkinson a tout réglé. Il a l'expérience des matchs cruciaux, des Coupes du monde et c'est ce qui a fait la différence depuis deux semaines dans cette équipe d'Angleterre.

Quand Jason Robinson s'est blessé lors de votre affrontement en poule, vous attendiez-vous à le retrouver?

B.H: Non pas du tout même si j'espérais le revoir. C'est un joueur fantastique qui a beaucoup apporté au rugby anglais ces cinq dernières années. J'ai énormément de respect pour lui et sa présence change complètement l'équipe.

A titre personnel, vous êtes à huit essais dans cette Coupe du monde. Que pouvez-vous apporter de plus?

B.H: Il y a toujours des progrès à faire, des secteurs où je peux être encore meilleur. Au niveau international, il faut sans cesse se remettre en question pour être au top. Je vais essayer d'apporter ma contribution en finale, comme j'ai pu le faire jusqu'à maintenant. Mais les Springboks passent avant ma performance personnelle. C'est en privilégiant l'équipe que nous pourrons être champions du monde.

Avez-vous des souvenirs de la Coupe du monde 1995, en Afrique du Sud?

B.H: Il y avait une ambiance, un esprit formidable. J'avais 12 ans et c'était la première fois que j'assistais à un match de rugby. Ça m'a donné envie de jouer. Je ne connaissais même pas les règles mais j'étais à fond derrière les Springboks. J'étais à la finale, c'est un souvenir merveilleux. Les gens se parlaient alors qu'ils ne se connaissaient pas. Blancs, noirs, tout le monde était simplement fier d'être Sud-Africain. Ce que ces 30 joueurs ont fait ce jour-là pour le pays, c'est grandiose.

La finale face à l'Angleterre sera donc un moment spécial pour vous...

B.H: C'est clair! Je veux apporter ce trophée à mon pays, lui donner ce bonheur que j'ai eu moi-même en 1995. Je ne sais pas si Nelson Mandela sera présent. Il est déjà venu nous voir avant le premier match contre les Samoa. On a plus ou moins entendu dire qu'il ne pourrait pas être là mais on fera tout pour le rendre fier de nous à nouveau.