"Des moments terribles"

Par Rugbyrama
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Très ému, Sylvain Marconnet est revenu jeudi sur son forfait pour la Coupe du monde. Une énorme désillusion pour le pilier parisien, surtout après le combat qu'il a mené ces six derniers mois. Il avoue avoir songé à arrêter sa carrière, avant de se ravise

Comment avez-vous vécu ces derniers mois?

Sylvain Marconnet.- Depuis le 4 mars, j'avais entamé une course contre-la-montre. Tout se passait bien jusqu'au 27 juillet, date à laquelle j'ai commencé à ressentir une douleur à la malléole. Depuis, je savais que ce serait très difficile d'être présent au rendez-vous, même si je gardais espoir. Je suis sûr que les gars vont réaliser quelque chose d'énorme et j'espère que leur joie le 20 octobre sera aussi grande que ma peine aujourd'hui. Je voulais remercier mon club, le staff médical de l'équipe de France. J'ai aussi une pensée pour Bernard Laporte. Il m'a accordé beaucoup de confiance en me prenant dans son groupe alors que j'étais en convalescence. C'est lui qui m'a découvert il y a dix ans. J'ai gagné beaucoup de titres avec lui, je rêvais de finir en gagnant le plus beau, ce ne sera pas le cas.

Comment la douleur est-elle apparue au mois de juillet, à l'issue d'un exercice précis?

S.M.- Non. Elle est intervenue comme ça, un matin, alors que je regagnais ma chambre. Il n'y a pas eu un exercice particulier qui a déclenché cette douleur.

Quel est votre programme maintenant?

S.M.- Depuis plusieurs mois je mène un combat pour être prêt sur le plan musculaire. Je ne vais pas tout laisser tomber maintenant. J'ai une saison avec le Stade français qui m'attend et je veux retrouver mon niveau rapidement pour revenir en équipe de France. C'est pour cela que dimanche, je partirai à Tignes avec mon club pour le stage de début de saison. Après, avec le staff médical, nous avons décidé de ne plus donner de date de retour. Mon prochain check-up a lieu le 10 septembre mais après on avancera en fonction de mes sensations.

Sans cette fissure, auriez-vous été prêt pour le Mondial ?

S.M.- Oui, début août, je courais normalement mais cette fissure devait arriver. C'était écrit, comme mon accident de ski. Pour une fracture comme celle-ci, les délais sont de huit à neuf mois, nous les avions réduit avec cette dead line du 7 septembre mais sans cette fissure, j'aurais été prêt. Bien sûr cela ne veut pas dire que je n'aurais pas eu d'autres pépins pendant la compétition... Je ne sais pas.

Allez-vous suivre les Bleus pendant la compétition ?

S.M.-(Silence) Je ne sais pas. Je ne me suis pas encore posé la question. A la télé ou en tribune, ce sera sûrement quelque chose de terrible pour moi. Mais je serai de toute façon leur plus grand supporter, où que je sois. Pour le match contre l'Argentine, vu que j'aurai encore les béquilles, j'ai déjà renoncé à me rendre au Stade de France. Pour les autres rencontres, on verra.

Avez-vous songé à arrêter votre carrière?

S.M.- C'est vrai que quand on souffre comme j'ai souffert ces derniers mois, on se demande si ça vaut vraiment le coup de continuer. Mais quand on est dans un groupe comme l'équipe de France, on n'a pas le droit d'abandonner. On vit de notre passion, tout le monde n'a pas cette chance. Je m'étais fixé cet objectif de la Coupe du monde 2007 il y a quatre ans, au soir de notre défaite contre l'Angleterre en demi-finale. Voilà, je tombe à 15 jours du but. Je sais qu'il y aura des moments terribles, mais je veux repartir sur une nouvelle aventure avec mon club.

Gardez-vous 2011 dans un coin de votre tête?

S.M.- Je ne sais pas si mon organisme suivra. Quand je vois Pieter De Villiers ou Christophe Dominici, qui ont aujourd'hui l'âge que j'aurai dans quatre ans, je me dis pourquoi pas. Mais on verra. C'est loin tout ça. Je vais y aller pas à pas.

Pieter De Villiers avait vécu la même mésaventure que vous en 2003. Vous en avez parlé avec lui?

S.M.- Non, pas forcément. J'étais sélectionné sans être sûr à 100% de pouvoir disputer ce Mondial. Pieter, c'était un accident de vélo, c'était plus soudain. On n'en parle pas trop. On essaie plutôt de déconner, de se vider la tête, plutôt que de parler de ces mauvais moments.

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