L'économie galloise en péril en cas d'une nouvelle Coupe d'Europe ?

Par Rugbyrama
  • North - Galles - Mars 2013
    North - Galles - Mars 2013
Publié le Mis à jour
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La création de la Rugby Champions Cup menacerait dangereusement l'économie précaire du rugby gallois. Ce qui divise les dirigeants quant à l'avenir.

La création d'une nouvelle compétition européenne par les clubs français et anglais menacerait dangereusement l'économie précaire du rugby gallois, grand bénéficiaire de la Coupe d'Europe sous sa forme actuelle et qui se divise sur l'orientation à donner à son avenir. Les rencontres franco-galloises de samedi, Cardiff-Toulon (poule 2) et Llanelli-Racing-Métro (poule 4), marquent le fossé économique entre deux franchises de la Principauté qui peinent à exister et deux des plus riches clubs français, voire du continent.

Les Gallois connaissent une situation paradoxale entre une équipe nationale qui brille grâce à une génération dorée alors que ses franchises ont de plus en plus de mal à résoudre l'équation à deux inconnues, sportive et financière. Avec seize ressortissants parmi les quarante-cinq Lions britanniques et irlandais cet été, les "Diables rouges" continuent d'avoir la cote au niveau international après avoir terminé quatrièmes de la dernière Coupe du monde et remporté leur onzième Grand Chelem dans le Tournoi en 2012. Le retour à l'ordinaire n'en a été que plus glacial. La reprise de la Coupe d'Europe le week-end dernier a ainsi vu les seuls Scarlets s'imposer à la surprise générale (33-26) chez les Harlequins, pendant que Cardiff (29-44 contre Exeter) et Ospreys (9-19 contre Leinster) s'inclinaient.

Sous perfusion économique

Année après année, aucune équipe ne semble en mesure d'imiter les Blues de Cardiff, seule équipe à s'être hissée en finale, lors de la première édition en 1996. Depuis 2010, une seule formation galloise, Cardiff toujours, a passé la phase de poules (en 2011-12). Les franchises galloises vivent sous perfusion économique de leur fédération (la WRU) notamment via l'ERC, l'organisateur de la Coupe d'Europe qui leur assure des retombées avantageuses déconnectées de leur maigre influence sportive.

Certaines franchises pourraient être tentées de rejoindre la Rugby Champions Cup de l'axe franco-anglais, qui pourrait s'avérer plus lucrative que l'actuelle compétition continentale. Mais ils ne peuvent s'affranchir de leur fédération qui conditionne notamment le déblocage d'une enveloppe de 1,2 million d'euros pour permettre aux clubs de conserver leurs joueurs à la signature d'un accord qui les maintiendrait dans le giron fédéral. "Si ce n'est pas signé, il n'y a plus de franchise. Personne ne souhaite en arriver là, mais si cela se produit, il faudra réfléchir à l'avenir du rugby professionnel au pays de Galles", a menacé récemment Roger Lewis, le président de la WRU.

Trop de zones grises

En soit, l'enlisement du conflit nuit aux clubs qui n'ont plus les clés pour débloquer la situation. "Cela dure depuis trop longtemps et on voudrait discuter rugby avec les joueurs plutôt que de leur départ ou non", expliquait ainsi dernièrement Simon Easterby, le président de Llanelli. "Ce qui se passe affecte le marché. En ce moment, il y a trop de zones grises. Les joueurs veulent simplement disputer la meilleure compétition, quelle qu'elle soit. Sinon, cela affecte d'abord leur choix de club mais ensuite leur capacité à être présent au niveau international", reconnaît pour sa part l'influent agent Tim Lopez, qui prépare ainsi le terrain à une nouvelle vague de départs.

L'exode amorcé ces dernières années par les Jamie Roberts, Dan Lydiate (parti au Racing-Métro), Mike Philips (Bayonne), James Hook et Luke Charteris (Perpignan) ou encore George North (Northampton), partis se frotter à une concurrence plus relevée dans les plus riches championnats français et anglais, a en effet profité jusqu'ici à l'équipe nationale. Mais s'il s'accélère, le niveau des franchises va s'effondrer et le système, aussi imparfait soit-il, va disparaître. Les choix de Sam Warburton et Leigh Halfpenny de rester aux Blues, de Jonathan Davies avec les Scarlets, tous trois Lions en fin de contrat cet été, révèleront si leurs clubs ont été convaincants alors qu'ils ne savent pas comment les augmenter ni même comment ficeler leurs budgets. "Le pays de Galles n'a pas une économie assez forte pour se diviser. La vraie question c'est: a-t-on plus intérêt à se situer dans un marché de 10 ou 50 millions d'habitants ?", résumait même Mark Evans, l'ancien directeur général des Harlequins né à Cardiff, en redoutant même "un retour de 15 ans en arrière".

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