Burden, ce joker devenu incontournable au RCT

Arrivé sur la pointe des pieds sur la rade en octobre, Craig Burden, 28 ans, a pris en onze matches de Top 14 et quatre de Coupe d'Europe la place de N.1 dans la hiérarchie des talonneurs varois, devant Jean-Charles Orioli et Benjamin Noirot. Une référence de taille dans un club où l'affrontement en mêlée est une religion. Le staff a donc logiquement choisi de le protéger ces deux dernières semaines en vue de la demi-finale de Coupe d'Europe, dimanche, après une blessure à un coude lors du quart contre le Leinster. "Après ces quinze jours de repos, je me sens mieux et je suis prêt à jouer, assurait le joueur en début de semaine. Je suis venu à Toulon pour jouer ce genre de rencontre. Le Munster est une équipe très physique devant, ça va être un gros combat".

Et le natif de Durban de poursuivre: "J'ai disputé des matches importants dans ma carrière, notamment en Super 15, mais la Coupe d'Europe, c'est encore différent. C'est une grande expérience pour l'équipe et pour moi". Burden a quitté sa terre natale sans l'avoir vraiment prémédité, sollicité pour remplacer le talonneur maison Sébastien Bruno, blessé aux cervicales. Le Sud-Africain découvre alors le rugby européen et surtout l'antre bouillonnante de Mayol, où l'on juge d'abord les joueurs par leur sens du combat, avec la pression supplémentaire de la défense du titre européen conquis l'an passé.

De l'aile au talonnage

"Dès que je suis arrivé, j'ai senti une ferveur particulière autour de ce club. C'était très facile de s'adapter", explique l'ancien des Sharks. Manifestement, la séduction est réciproque. Très vite, le public toulonnais a succombé à ce joueur atypique. Car le gaillard à la barbe rousse détonne par ses qualités naturelles. Il est joueur, vif, adroit et affiche des statistiques hors normes. Entre 2006 et 2013, il a inscrit la bagatelle de 28 essais dans l'hémisphère sud (24 en Currie Cup et 4 en Super 15). Surprenant pour un talonneur, moins lorsque l'on se penche sur son parcours. Avant d'évoluer sur les terrains avec un maillot frappé du N.2, Burden terrorisait les ailes. Son changement de poste n'est intervenu que lorsqu'il avait 21 ans. De quoi justifier sa pointe de vitesse à faire pâlir certains trois-quarts et ses qualités de finisseur.

Dimanche, il lui sera pourtant demandé de répondre d'abord au défi physique des Irlandais du Munster, une équipe qui compte parmi les meilleures d'Europe -sinon la meilleure- dans l'exercice des ballons portés. L'ailier devra oublier ses amours passées pour les grands espaces et tenter de ralentir les mauls adverses. Il sera aussi certainement largement consumé dans des rucks où se jouera une partie de la demi-finale. "C'est une équipe redoutable en touche et sur les mauls pénétrants", résume ainsi le manageur Bernard Laporte. Mais c'est bien son jeu complet qu'il présentera aux dirigeants du RCT au moment de décider de prolonger ou non son aventure sur la rade. Le président Mourad Boudjellal a déjà annoncé il y a quelques temps son envie de conserver le Sud-Africain. La balle est, donc, dans le camp du très polyvalent Craig Burden.