Bagarre, insulte, coup de poing, yoga: voici Richard Cockerill

  • Richard Cockerill - Leicester - 20 décembre 2013
    Richard Cockerill - Leicester - 20 décembre 2013
  • Richard Cockerill, Norm Hewitt, 1997, England New Zealand
    Richard Cockerill, Norm Hewitt, 1997, England New Zealand
Publié le Mis à jour
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L'entraîneur de Leicester Richard Cockerill, ancien talonneur au sang chaud, peine à s'assagir malgré ses 43 ans et une expérience étoffée par un passage marquant à Clermont, qu'il retrouve samedi en quarts de finale de Coupe d'Europe.

Richard Cockerill, c'est d'abord une réputation forgée grâce aux coups d'éclat d'un caractère bien trempé. Et un petit côté sentimental qu'il dévoile à l'heure de revenir dans la capitale auvergnate, où il a joué entre 2002 et 2004. "J'ai eu des années fantastiques à Clermont. Mon fils y est né. Clermont est un club merveilleux, répète-t-il à l'envi. J'ai vraiment hâte de revenir là-bas. C'est vraiment un endroit que j'aime, où j'ai des souvenirs heureux", ajoute-t-il avant de mener ses "Tigers" à Marcel-Michelin, où l'ASMCA reste sur une série de 74 victoires. "De l'extérieur, les gens nous donnent sûrement très peu de chances de gagner. Mais nous venons en confiance. Ce sera un grand match, prédit-il. Il faut le voir comme une opportunité d'écrire l'histoire".

Écrire l'histoire, Cockerill estime l'avoir déjà fait en apportant sa pierre à la première défaite européenne du Munster à Thomond Park, en 2007 (13-6), après douze ans d'invincibilité. Il était alors en charge des avants de Leicester et avait vu son pack mettre au supplice son homologue irlandais. Une étape fondatrice dans le parcours d'entraîneur du natif de Rugby (centre de l'Angleterre), figure emblématique de Leicester dans les années 1990, cinq fois champion d'Angleterre et deux fois d'Europe (2001, 2002). Surtout, il se fit connaître par une agressivité parfois mal canalisée. Pour sa première titularisation avec le XV de la Rose en 1997, il défia front contre front son vis-à-vis All Blacks Norm Hewitt durant le haka. Les deux joueurs réglèrent l'affaire définitivement à coups de poing un an plus tard lors d'une troisième mi-temps dans un pub de Dunedin (Nouvelle-Zélande).

Richard Cockerill, Norm Hewitt, 1997, England New Zealand
Richard Cockerill, Norm Hewitt, 1997, England New Zealand

Après 27 sélections et une Coupe du monde en 1999, il ne fut plus rappelé par le sélectionneur Clive Woodward, qu'il avait critiqué dans un livre. "J'ai toujours été honnête et très direct mais cela s'est souvent fait à mes dépens", admettait-il déjà il y a cinq ans. Barré aussi à Leicester en raison de performances en baisse, Cockerill choisit alors en 2002 un exil assez rare à l'époque. Pour deux années sans grand relief sur le plan sportif mais riche en découvertes.

'Pas un homme instruit'

"Quand j'ai quitté l'Angleterre pour la France, je partais de chez moi. Mais quand je suis reparti de France, c'était comme si je m'exilais à nouveau", dit-il. Revenu à Leicester, Cockerill s'est hissé ensuite dans l'encadrement pour prendre les rênes de l'équipe en tant que directeur du rugby en février 2009. Sans jamais se renier. "Je ne suis pas un homme instruit. Je viens d'une famille d'ouvriers, je suis allé au lycée public et j'ai arrêté à 16 ans en pensant que je n'arriverais jamais à rien, confiait-il y a quelques années. J'ai exploité mon talent limité jusqu'à la dernière goutte. Je suis le produit de mon milieu, mais ça veut dire que je me battrai bec et ongles pour mes joueurs".

Assez ironiquement, Cockerill a conquis depuis trois titres de champion d'Angleterre (2009, 2010, 2013) grâce une formation ultra-disciplinée quand lui-même peine à dompter son insoumission chronique. Ses cours de yoga ne portent guère leurs fruits: il a regardé depuis son canapé les neuf premiers matches de la saison après avoir été encore sanctionné pour insultes à l'arbitre lors de la dernière finale du Championnat. Mais ce caractère entier est aussi une garantie pour Leicester, où l'on sait que l'on pourra toujours compter sur lui, comme quand des rumeurs l'envoyaient prendre la succession de Vern Cotter en Auvergne. "Je suis quelqu'un de loyal, souligne-t-il en admettant y avoir réfléchi. Je suis engagé avec Leicester, donc le moment n'était pas le bon. Mais peut-être plus tard dans ma carrière"...

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