Kayser: "Clermont et Leicester se ressemblent"

  • Benjamin Kayser - Brive-Clermont - 28 mars 2014
    Benjamin Kayser - Brive-Clermont - 28 mars 2014
  • Julien Dupuy et Benjamin Kayser - leicester - 2009
    Julien Dupuy et Benjamin Kayser - leicester - 2009
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Le talonneur de l'ASM Clermont Auvergne, Benjamin Kayser, est l'un des rares joueurs français passés par Leicester. Il y a vécu deux saisons "merveilleuses", et a conservé un peu de l'ADN local. A Clermont, il a retrouvé une identité et des valeurs qui rapprochent les deux clubs.

Ils ne sont pas nombreux à avoir suivi les traces de Franck Tournaire, devenu en 2002 le premier Français à porter le maillot rayé blanc, vert et rouge de Leicester. En 2007, avec Christophe Laussucq, Benjamin Kayser fait partie de la deuxième vague d'émigration de l'Hexagone vers les Midlands anglais. Avant Julien Dupuy, et les derniers exilés David Mêlé et Jérôme Schuster. A 22 ans, tout frais champion de France avec le Stade français, le talonneur pose ses bagages dans la cité industrielle du centre de l'Angleterre. Attiré par une autre culture et poussé par l'envie de se mettre en difficulté. "C'était le moment pour moi d'aller dans le dur, et de mettre l'accent sur les choses que je n'aimais pas trop faire sur un terrain de rugby, confie Kayser. Quand je suis parti du Stade français, c'était ma plus belle année de rugby. Mais sans lui faire injure, en termes de structures, quand je suis arrivé là-bas c'était la NBA du rugby pour moi. C'étaient deux années magnifiques, à titre personnel et rugbystique, et je pense un moment très important dans ma carrière. J'ai franchi un cap dans le professionnalisme".

Des supporters qui sont "très connaisseurs"

Au fil de deux saisons et 53 matches pour cette institution bâtie il y a 130 ans, double vainqueur de la Coupe d'Europe en 2001 et 2002, il découvre un club fier de ses racines, et des valeurs qu'il a retrouvé à Clermont. "S'il y a bien un club qui ressemble à l'ASM en Angleterre, c'est Leicester. Avec Welford Road, un véritable temple du rugby en plein cœur de la ville, une ville travailleuse, humble, et archi fière de son rugby". Qui se pare des couleurs de ses Tigres les jours de match, et qui supporte ses félins avec passion. Un millier de fans de Leicester sont attendus samedi à Marcel-Michelin. "Leurs supporters les suivent partout, mettent une belle ambiance, mais sont surtout très connaisseurs de rugby, comme au Michelin. Ils vont autant applaudir une belle mêlée ou un beau placage qu'un essai de 80 mètres".

Ce palmarès, l'un des plus riches d'Europe, qui compte aujourd'hui 10 trophées de champion d'Angleterre alignés dans les vitrines du club, Leicester l'a acquis dans le labeur. En s'appuyant, encore à l'image de Clermont, sur un centre de formation alimenté par des jeunes joueurs locaux, et sur l'apprentissage du rugby à l'anglaise, dont Benjamin Kayser observe les différences avec la culture française. "Ils commencent par la technique individuelle. A 15 ans, un ouvreur va faire des heures et des heures de passes et de coups de pied. Un talonneur sera peut-être un peu moins bon dans le jeu, mais la technique du lancer, la conquête pure et le travail de dur labeur, il connaîtra. C'est leur façon d'approcher le rugby et de construire leurs joueurs".

Cockerill, l'ADN de Leicester

A Leicester, on construit des guerriers. Des avants qui ont longtemps constitué l'ossature du pack de l'équipe d'Angleterre, quand les Wasps alimentaient la sélection en trois-quarts. "Ce n'est peut-être pas un club très flashy, mais qui travaille dur et qui est très fier de son ADN. La solidarité et l'humilité de ses joueurs. Ils ont un goût très prononcé pour le combat, et la férocité du combat d'avants. C'est leur marque de fabrique, à nous de répondre présents". L'ADN est aujourd'hui symbolisé par le "directeur du rugby" du club, Richard Cockerill. Tiger depuis deux décennies, joueur aux 262 capes, passé deux ans par Montferrand avant de retrouver les Midlands et de prendre les rênes de l'équipe première en 2007. Alors entraîneur par intérim, c'est lui qui avait contacté Benjamin Kayser. "Comme je parlais déjà anglais, il m'a appelé directement, et dans sa façon de me parler, un peu de la même manière que Vern Cotter lorsqu'il m'a contacté, j'ai senti qu'il me connaissait personnellement et qu'il connaissait bien le joueur de rugby que j'étais".

Malgré le retour de Kayser en France en 2009, alors que Leicester souhaitait le conserver, un profond respect demeure entre les deux hommes, qui se recroiseront samedi pour de nouvelles retrouvailles en H Cup après les matches de poule de l'édition 2011-2012. Battus 30 à 12 lors de leur dernière visite au stade Marcel-Michelin, les Tigers reviennent pour écrire l'histoire. Habités par la volonté de mettre un terme à l'invincibilité clermontoise à domicile. En se souvenant qu'en janvier 2006, ils s'étaient imposés 40 à 27 en Auvergne. "De la même manière que nous, on serait allés là-bas pour les taper, ils vont venir faire un exploit, prévient Kayser. Richard Cockerill, a beaucoup d'affection pour Clermont, mais il aime les défis. Pour en avoir discuté avec quelques mecs après le match contre l'Angleterre, c'était à la fois le pire des tirages pour eux, mais aussi le meilleur parce qu'ils aiment ces gros matches. C'est une grosse bête Leicester. Ils sont comme nous, ils ont envie de gagner, et pour ça il faut battre les meilleurs".

Kayser retrouvera face à lui le talonneur international Tom Youngs, sélectionné chez les Lions Britanniques, qu'il a vu passer de trois-quarts centre à talonneur en 2008. Et s'attend à un quart de finale de très haut niveau, face à une équipe forte de douze joueurs du XV de la Rose. "C'est un quart de finale comme on les aime, se délecte Kayser. Un gros match, un France-Angleterre des clubs, et il ne pourra pas y avoir de surprise ou de manque d'anticipation de notre part. Quand Leicester se déplace en quart de finale de Coupe d'Europe, on sait qu'ils ne viennent pas faire le voyage à vide. Ça va être le grand moment de notre saison jusqu'à maintenant".

Julien Dupuy et Benjamin Kayser - leicester - 2009
Julien Dupuy et Benjamin Kayser - leicester - 2009
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