Laporte: "Pas con au point de mourir"

Par Rugbyrama
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Publié le Mis à jour
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La victoire n'a pas atténué le franc-parler de Bernard Laporte. A sa manière, l'ancien sélectionneur rend hommage à ses joueurs mais aussi aux Clermontois.

Comment avez-vous vécu les derniers instants de cette rencontre?

Bernard LAPORTE: C’est pour cela que je ne voulais plus entraîner. Ce n’est plus de mon âge! J’ai le cœur qui va péter! Je veux bien être passionné, mais pas con au point de mourir. Je suis donc allé m’isoler, mais j’avais l’impression d’être dans une prison. Avec le juge qui allait arriver pour me dire 'vous avez gagné'. Ou l’inverse... 'Vous restez en prison' ou 'vous êtes libéré'. Finalement, j’ai vu Tom (Whitford, manager de l’équipe, NDLR) arriver en larmes. J’ai compris qu’on avait gagné. Alors bravo à toute l’équipe. Ils le méritent. Toutes les critiques de mercenaires qui sont tombées sur eux... Je les entraîne depuis vingt mois et je peux vous garantir que je n’ai jamais vu un mercenaire dans cette équipe. Simplement des gens passionnés, avec beaucoup d’humilité, qui donnent beaucoup aux jeunes. En vingt mois, on a fait trois finales, on est champions d’Europe et on va jouer une autre demi-finale de Top 14. Qui, dans le monde, a fait ça? Personne. Je leur disais avant le match: quoiqu’il arrive, personne n’a fait ce qu’ils ont fait. Quand certains martèlent qu’il faut trois ans, quatre ans ou cinq ans pour bâtir une équipe, je me dis que ce sont de très bons commerciaux.

Sur quoi ce match bascule-t-il?

B.L: Comme toutes les finales: sur rien! Si Clermont gagne ce match, on dit bravo! Restons les pieds sur terre. Ce qui me plaît c’est la solidarité des mecs. Mais dire qu’on est meilleurs que Clermont, ce serait prétentieux de notre part. Ce serait même stupide et faux. Mais c’est ainsi. Une finale se joue à rien. A 15-6, Clermont a peut-être cru qu’il avait gagné. Inconsciemment. Nous, à la mi-temps, il y avait de la confiance. Mais un match ne se déroule jamais comme on le prévoie. Cette fois-ci cela nous a souri alors bravo aux joueurs. Bravo aussi à ceux qui n’y étaient pas. On avait pris le pari de venir à 35 joueurs. Du 24e au 35e, ils ont fait comme s’ils y étaient en poussant leurs coéquipiers. En les encourageant.

Le doublé est-il possible?

B.L: On va d’abord savourer celui-là. Ensuite, on se préparera pour jouer un très gros match contre Toulouse.

Ce titre de champion d’Europe a-t-il une saveur particulière dans votre carrière?

B.L: J’ai gagné quatre Tournois, fait deux Grands chelems avec l’équipe de France. Mais ce n’est jamais pareil. La c’est une ville, un club. Une passion. Tous les supporters jouent par procuration et il faut leur donner du bonheur. La mission du sportif de haut niveau, c’est cela. Moi, je n’ai jamais gardé un trophée que j’ai gagné. J’en ai rien à foutre! Autrement je fais quoi? Je m’arrête et je les regarde? Je ne vis plus? Les trophées je les donne à qui les veut. Moi, je veux en gagner d’autres. Mais surtout avec des bons mecs. L’intérêt, il est là. L’intérêt, c’est de se retrouver une fois tous les dix ans avec tous ces mecs pour se rappeler notre titre de champion d’Europe. Une fois chez Bakkies (Botha, NDLR), en Afrique du Sud. Une fois chez Carl (Hayman, NDLR), en Nouvelle-Zélande. Une fois chez Juan (Fernandez Lobbe, NDLR) en Argentine. Une fois chez Davit (Kubriashvili, NDLR) en Géorgie. C’est la plus belle des choses. Même s’il va falloir que je monte une agence de voyage! (rires)

Il y a une forme de revanche aujourd’hui?

B.L: Quand votre équipe ne joue pas bien, personne ne souhaite qu’on dise le contraire. Je m’en fous et ce n’est pas le problème. Mais on n’attaque pas les hommes. On ne dit pas: 'Bastareaud est comme-ci', 'Botha est un mercenaire'... On n’attaque pas les hommes. Surtout quand on ne les connaît pas. C’est pour cela que je m’étais énervé en début de saison, à Mont-de-Marsan.

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