Cheika: "Je supporterai le Leinster"

Il ne s’agit certainement pas là de provocation. Plutôt l’expression d’un attachement de l’entraîneur de Paris à son ancien club, le Leinster, qu’il a dirigé pendant cinq années (2005-2010) et avec lequel il a remporté la prestigieuse compétition européenne en 2009. Dans un entretien à l’Irish Times, Michael Cheika est longuement revenu sur la demi-finale de H Cup Clermont-Leinster, à laquelle il assistera dimanche à Bordeaux en compagnie de son adjoint et ancien talonneur clermontois, Mario Ledesma. Et pourrait se diviser le temps d’un match. Car l’Australien le concède: "Je serai du côté du Leinster". Une position compréhensible, que Michael Cheika veut on ne peut plus logique. "En fait, peut-il réellement en être autrement? Je pense qu’ils vont l’emporter. Leur expérience à ce stade de la compétition est primordiale. Mais cela sera très serré et pourrait se jouer sur le fil".

Différent de Toulouse

Les supporters de Clermont ne doivent certainement pas s’en sentir offusqués pour autant. Car avant d’en arriver à ce pronostic, Michael Cheika s’est longuement penché sur les forces clermontoises. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Australien est flatteur. Impressionné même, pour ce qui est de la dernière confrontation de son équipe face à l’ASMCA, le 14 avril dernier au Parc des sports Marcel-Michelin (victoire 25-9 des Auvergnats). "Imaginez, ce n’était que leur équipe 2 ! Le seul joueur qui restait par rapport à leur quart de finale de H Cup était Julien Malzieu!".

Passée l’anecdote, Michael Cheika dresse un portrait dithyrambique du club clermontois, auquel il ne trouve "pas vraiment de point faible. Ils sont attentifs aux moindre détails du jeu. Il est clair que c’est une équipe qui a entamé sa construction il y a cinq ou six ans. Ils ont traversé des épreuves et ont désormais une grande confiance en ce qu’ils font, peu importe qui est sur le terrain ou qui est en face. Ils disposent évidement de grosses individualités mais ce qui les différencie surtout, même de Toulouse, c’est qu’ils respectent à la lettre leur identité et leur plan de jeu. […] Ils savent à chaque instant s’il faut se consommer ou non dans les rucks, ce qui leur permet d’être décisifs dans ce secteur. Ils n’ont même pas besoin d’une seconde pour se décider et quel que soit le choix, tout le monde suit. Du coup, ils arrivent très vite dans les rucks. En fait, c’est une sorte d’assemblage du rugby anglo-saxon et du rugby français. Ils prennent le meilleur de chaque monde".

Pas avare en analyse, Michael Cheika donne aussi quelques pistes aux Leinstermen pour contrer le jeu clermontois. "C’est plus facile à dire qu’à faire mais contre eux, il ne faut pas hésiter à défendre très haut pour attaquer le porteur de balle. Dès les avants. Il faut les agresser car si vous ne le faites pas, leur paquet est lui capable de vous agresser. Si vous parvenez à les bloquer devant, ils se tournent plus vers un jeu d’occupation au pied. Mais ce n’est que de la théorie. Ils disposent de beaucoup d’options et sont aussi très forts au sol. Leur seul petit point faible est peut-être la touche, quoique ce ne soit pas tellement vrai quand Julien Bonnaire joue".

Le rôle de Nathan Hines

Parmi les joueurs clés du match à venir, le technicien australien cible le rôle primordial du deuxième ligne Nathan Hines, arrivé à l’inter-saison du Leinster et que Michael Cheika avait fait venir en Irlande pour sa dernière saison à la tête du club de Dublin. Expérimenté, précieux dans les zones de ruck et en touche, l’Ecossais se révèle être "une super recrue pour les Clermontois. Il est intelligent et connaît tellement bien le Leinster. Pour pas mal de raisons, j’ai le sentiment qu’il aura un rôle très important à jouer sur ce match. Je ne sais pas trop pourquoi. C’est assez rare pour un deuxième ligne, mais ce pourrait bien être son match". Toute une région prie pour qu’il soit entendu.