Comme on se retrouve !

Flashback le 1er avril 2006. Ce jour-là, le Stade toulousain, triple vainqueur de la Coupe d’Europe et surtout tenant du titre, reçoit le Leinster au Stadium en quart de finale de la compétition. Favoris, les Haut-Garonnais sont battus à domicile et encaissent la bagatelle de 41 points (35-41). Plus qu’une simple déception… "On s'était fait humilier dans tous les secteurs. En plus, il nous avaient privé d'une demi-finale à la maison", confirme l’ailier Vincent Clerc quatre ans après. Du coup, si les Toulousains se refusent à donner davantage d’importance à ce lourd revers qu’il n’en a, ils en gardent un souvenir amer qui rejaillira dans un coin de leur esprit au moment de fouler la pelouse du Stadium samedi. Une source de motivation supplémentaire : "Par rapport au quart de finale de 2006, c'est clair qu'il y aura un petit goût de revanche. Mais pas plus que ça", indique ainsi le centre Florian Fritz.

Alors depuis 2006, le temps a passé. Les deux équipes se sont même retrouvées en phases de poule lors de la saison 2007-2008 et le Stade toulousain s’est vengé à domicile (33-6) avant de s’incliner en Irlande (13-20). Depuis, les Haut-Garonnais n’ont toujours pas ajouté de quatrième trophée européen à leur palmarès alors que le Leinster a décroché son premier l’année passée. Mais des deux côtés, de nombreux joueurs présents il y a quatre ans sont toujours là. Pour les Toulousains concernés, leur expérience va forcément compter, comme le souligne Louis Picamoles, arrivé au club en début de saison : "On sent qu'il y a des joueurs qui ont de la bouteille à Toulouse. C'est rassurant de pouvoir compter sur l'expérience des autres à ce stade de la compétition.J'ai rejoint le Stade toulousain pour vivre des moments comme ça".

"Les Irlandais privilégient cette compétition"

De même, les deux formations regorgent d’internationaux qui ont l’habitude de s’affronter lors des Tournois des 6 Nations et autres Coupes du monde. De là à dire qu’à force de fouler les mêmes planches, les différents acteurs de la scène proposée samedi se connaissent déjà par cœur, il n’y a qu’un pas… Tous les Toulousains sont donc conscients de la qualité des Irlandais dans chaque compartiment du jeu. Ils ont donc décidé de ne pas s’attarder sur un secteur en particulier, comme l’explique Florian Fritz qui, certainement associé à Yannick Jauzion, affrontera la redoutable paire de centres D'Arcy-O'Driscoll (peut-être la meilleure au monde) : "Il ne faut pas faire une fixation sur eux, il n'y a pas de préparation particulière par rapport à ça. Il est inutile de se focaliser sur des joueurs plus que sur d'autres. Les autres à côté ne sont pas manchots non plus. La réponse sera collective".

Il n’y a donc aucune surprise à retrouver le Leinster et Toulouse en demies. Parce que ce sont des abonnés de ce genre de rendez-vous et parce que Français et Irlandais dominent l’Europe ces derniers temps. L’autre affiche, Biarritz-Munster, en est la preuve. "Pour les clubs français, cela montre que le Top 14 a gagné en qualité. Les Irlandais, pour leur part, privilégient cette compétition, poursuit Vincent Clerc. C'est donc logique". Effectivement, la province irlandaise, bien qu’en tête de la Ligue celte, a clairement fait de cette H Cup sa priorité. Lors des deux dernières sorties en Magners League, le staff du Leinster a choisi de se passer de ses meilleurs éléments pour les ménager en vue de la rencontre à Toulouse. Résultat : deux défaites mais l’essentiel était ailleurs ! "On ne se préoccupe pas trop de leur préparation. On se concentre sur la nôtre", prévient Yoann Maestri, même s’il reconnaît ressentir "un peu d'appréhension par rapport au contexte et à l'équipe du Leinster. Les favoris, ce sont eux." C’est peut-être le principal changement depuis 2006 !